On a souvent constaté combien la manière dont les Anglais se comportent à l’égard de leur population immigrée est différente par rapport à celle des Français.
On voit dans les rues de Londres des agents de police sikhs avec leur turban, des femmes voilées, d’autres avec leurs habits traditionnels. Cela ne choque personne et surtout ne mobilise pas le parlement pour voter des lois interdisant le port du voile ou autre signe extérieur de la religion.
Est-ce à dire que les Anglais sont moins racistes que les Français? Le racisme est partout, sauf qu’il se manifeste de diverses manières. Ce qu’on constate c’est que les Anglais ne mettent pas les bâtons dans les roues des enfants d’immigrés qui ont de l’ambition.
Pour la première fois de son histoire la Grande-Bretagne choisit un non-blanc, un petit fils d’immigrés indiens comme premier ministre. Rishi Sunak est britannique. Ses origines se voient sur son visage. Il est totalement intégré dans ce pays, fait partie du parti conservateur et expose ses idées sans honte ni prudence. Exemple: il disait qu’il faudrait renvoyer les migrants entrés en Grande-Bretagne illégalement vers le Rwanda. Mais la justice de son pays a bloqué ce projet.
L’important dans cet évènement, c’est le fait qu’en Grande-Bretagne, un homme d’origine étrangère est capable d’arriver au sommet de la politique et diriger le pays. Chose impensable en France ou en Espagne.
Déjà, quand Londres avait choisi comme maire en 2016 un fils d’immigrés, Sadiq Khan, d’origine pakistanaise, la surprise a été totale et a fait réfléchir les populations d’origine étrangère dans un pays comme la France.
Dans les deux cas, ce sont des hommes compétents, talentueux et qui se sont imposés sur la scène politique britannique par leur travail et leur profil d’homme sérieux.
La différence avec les autres pays d’Europe, c’est que ces fils et petits-fils d’immigrés ont pu atteindre des postes importants dans le pays. Ils sont arrivés au pouvoir presque naturellement. Ce qui est la force de ce pays qui permet aux enfants d’immigrés d’avancer au point de se faire élire ou désigner par le peuple anglais.
En France, Michel Houellebecq avait imaginé dans son roman «Soumission» une France dirigée par un président musulman d’origine arabe. Il ne le souhaitait pas, au contraire, il a écrit ce livre pour faire peur aux Français, pour les prévenir que cela pourrait arriver si la politique du gouvernement continue d’être laxiste et bienveillante avec la population immigrée. Ce livre anti-islam a eu un grand succès de librairie. L’auteur avait été invité par les télévisions à un moment de grande écoute. Ses idées se sont popularisées, rejoignant en cela l’idéologie raciste du parti Rassemblement National de Marine Le Pen et plus tard les idées nauséabondes de Zemmour.
Quand on observe la classe politique française, combien d’hommes et de femmes politiques, issus de l’immigration, occupent des postes importants? Il y a certes une petite dizaine de députés et beaucoup d’hommes à la peau noire engagés pour assurer la sécurité à l’entrée des supermarchés, des ministères ou aux aéroports.
La promotion sociale est bloquée pour ces enfants français, mais de parents immigrés. D’où le racisme, l’exclusion, le rejet et une violence inévitable aussi bien dans les banlieues que dans les grandes villes comme Marseille où l’échec scolaire des enfants les jette dans la rue et où ils sont vite récupérés par des mafias locales qui en font des dealers ou des voleurs.
Ce n’est pas un hasard si 75% de la population carcérale de la région du sud de la France est composés de délinquants français d’origine immigrée.
Ainsi l’exemple britannique reste marginal.
Les pays européens qui ne favorisent pas ces enfants d’immigrés, qui ne leur donnent pas leur chance, font une erreur. Mais tant que la population immigrée est rejetée dans des banlieues malsaines, où l’habitat est dégradé, où la délinquance ne cesse d’augmenter, ces enfants n’arriveront jamais à Matignon (lieu du Premier ministre) encore moins à l’Elysée (lieu du Président).
Il y a de temps en temps des exceptions qui émergent, pas en politique, mais dans le domaine artistique, en musique par exemple ou dans le cinéma. Des humoristes se moquent de leur situation. Une autodérision qui en dit long sur l’impossible ascenseur social.
Rishi Sunak a un programme sévère. Il a été un fanatique partisan du Brexit. Or aujourd’hui, ce dont souffre le plus la Grande-Bretagne, ce sont les effets dramatiques de la sortie de l’Europe. Inflation à plus de 10%; pouvoir d’achat très limité; risque de récession; instabilité, etc.
Il est attendu au tournant, justement parce que ses origines semblent déplaire à une partie des britanniques. Seuls 38% lui sont favorables.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas demain qu’on verra l’Italie, la France ou l’Espagne dirigée par un homme ou une femme dont les grands-parents sont des immigrés.
Pour le moment ce sont des gens de l’extrême-droite qui réussissent à atteindre le pouvoir. Un vent mauvais souffle sur cette Europe que nous aimons tant.