Résolution vient du latin resolvere: défaire les nœuds, donc éliminer les problèmes. Une nouvelle année tant attendue. L’occasion de faire le bilan de l’année écoulée et de prendre de nouvelles résolutions, des engagements vis-à-vis de soi. Certains passent d’une année à l’autre sans interruption, dans la continuité. Pour d’autres, ce passage marque la fin d’une période et le début d’une autre. Ils se projettent dans l’avenir avec de nouveaux départs pour envisager le futur positivement.
Ces résolutions, émanant d’une forte détermination, ne sont pas toujours respectées. Elles s’estompent avec le temps. Les habitudes reprennent le dessus.
Or 2020 a été particulière, éprouvante, dramatique pour certains, fatale pour d’autres. Difficile de prendre de nouvelles résolutions dans un contexte d’incertitude.
Donc les nouvelles résolutions ne sont pas liées à une année nouvelle, mais aux leçons tirées des perturbations de notre mode de vie. Lors du confinement, nous avons pris du recul pour repenser notre vie et pris conscience de la fragilité de notre stabilité et de nos acquis. Mais ce qui est positif c’est que nous avons fait une découverte: le bonheur est composé d’éléments simples, banals.
Donc une des résolutions les plus importantes, c’est de revoir notre perception du bonheur.
De ma bonne santé je serai heureuse: menacés par la maladie, contaminés ou non, ayant perdu des proches, nous avons compris que le bonheur c’est d’abord une bonne santé.
Mon bonheur, c’est maintenant: victime du consumérisme, nous avions hypothéqué notre bonheur. Nisrine: «je liais mon bonheur à des objectifs matériels: je serai heureuse quand je changerai de voiture, quand… J’ai passé ma vie à attendre le bonheur. Sans la pandémie, je serais encore en train d’attendre». Le bonheur est la trajectoire qui mène à l’objectif et non l’atteinte de l’objectif: jouir de l’instant présent, ne pas sacrifier le présent pour le futur.
Ma liberté je savourerai: la pire des privations a été la perte de notre liberté. Notre espace s’est restreint, jusqu’à nous emprisonner entre les murs de nos maisons. Les plus précaires ont subi une promiscuité dramatique. Qui aurait pensé que sortir de chez soi c’est du bonheur?
De mes proches je profiterai: nous n’estimions pas le lien social à sa juste valeur, avant d’en être privés. Nous avons compris combien les autres sont indispensables à notre bonheur: se libérer plus pour les êtres chers.
Le contact physique j’apprécierai: nous, Marocains, sommes si tactiles dans nos relations. La pandémie nous a appris combien le contact physique est généreux chez nous et indispensable à notre équilibre psycho-affectif.
De la bienveillance je ferai un principe: qui n’a pas été touché par l’indigence autour de soi, de son entourage, de ses concitoyens? Une forte solidarité s’est développée et nous a poussés à la générosité, selon nos moyens, et à comprendre que notre bonheur dépend de celui des autres.
Mon bien-être je protégerai: se concentrer sur l’essentiel, zapper les faux problèmes, les futilités et les intoxications, être dans le pardon, prendre soin de soi, de sa santé physique et mentale. S’offrir tous les jours un plaisir simple pour exister pour soi-même et pas seulement pour les autres. Equilibrer contraintes et plaisirs pour conserver sa joie de vivre.
Perfectionniste, je ne le serai plus: Khadija, contaminée: «en salle de réanimation, j’ai frôlé la mort. J’ai compris que la vie était courte et pouvait vite basculer. Je jure de profiter de ma vie au lieu de passer mon temps à traquer la poussière avec un torchon et à réprimander enfants et mari».
Zen je resterai: lâcher prise, relativiser, gérer sa susceptibilité. Rien ne sert de se lamenter, de se torturer, de se victimiser. Il y a toujours pire. Maîtriser son égo et faire parfois une oreille a entendu et pas l’autre, un œil a vu et pas l’autre.
La consommation abusive je contrôlerai: l’addiction à la mode, aux gadgets d’une technologie en perpétuelle innovation entraîne pression, éclatement des budgets et surendettement. Lors du confinement, les plus ou moins nantis ont fait le nettoyage des placards par le vide (surtout les femmes!) et décidé de limiter le superflu pour se concentrer sur l’utile.
De "douaère azmane" (les "aléas de la vie") je me protégerai: la pandémie a révélé la fragilité financière des ménages. D’où la résolution d’épargner. Si tous les Marocains ne peuvent s’offrir ce luxe, nombreux ont décidé de se serrer la ceinture au maximum pour éviter de rechuter dans la précarité.
Du stress je me débarrasserai: prioriser ses objectifs. Différencier ce qui est important et urgent, important mais non urgent, urgent mais non important, ni important ni urgent. Sinon, les contraintes s’accumulent et deviennent angoisse et culpabilité.
Du sport je ferai un allié: la sédentarisation forcée, lors du confinement et par le télétravail, a parfois poussé à apprécier le sport et à décider d’en faire une activité régulière.
Du rire j’userai et j’abuserai: le rire libère des substances biochimiques dans le corps qui renforcent le système immunitaire, font baisser la tension artérielle et stimulent les fonctions du cerveau. Les enfants de moins de 3 ans rient 300 fois par jour, l’adulte 17 fois! Les fous rires sont une excellente thérapie.
Enfin, je prends un engagement ferme: ne manquer aucune occasion de vivre des moments agréables avec les êtres chers, zapper les parasites qui menacent mon bien-être et m’accrocher à l’espoir d’un lendemain meilleur. Courage, encore un peu de patience. Le plus dur est derrière nous. La lumière du bout du tunnel commence à apparaître.