Variole du singe au Maroc: tout savoir sur le plan national de veille et de riposte actualisé

Le plan national de veille et de riposte contre la variole du singe (Monkeypox) vient d'être renforcé. (Photo d'illustration). DR

Face à la recrudescence des cas de variole du singe en Afrique et dans le monde, le Maroc vient de renforcer son plan national de veille et de riposte mis en place en 2022. Le manuel des procédures a été mis à jour. En voici les détails.

Le 18/08/2024 à 10h01

Le virus de la variole du singe connaît actuellement une flambée mondiale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme et déclare que la recrudescence de cette maladie appelée aussi MPOX ou variole simienne constitue une urgence de santé publique de portée internationale. Face à cet état de fait, le Maroc a donc renforcé son plan national de veille et de riposte et vient de mettre à jour son manuel des procédures qui avait déjà été activé en août 2022. Il s’agit principalement, via ce plan, de détecter précocement tout cas importé, de limiter la propagation de cette maladie sur le territoire national et d’assurer une prise en charge adéquate des cas et des contacts.

Transmission

Le virus se transmet à l’être humain par un contact étroit avec une personne ou un animal infecté, ou par des produits contaminés. La transmission interhumaine peut se produire par un contact direct avec des lésions infectieuses cutanées ou autres, par exemple des lésions de la bouche ou des organes génitaux.

Cela inclut un contact en face-à-face, en parlant et en respirant, peau à peau lors de touchers ou de rapports sexuels vaginaux et anaux, bouche-à-bouche en embrassant, bouche à peau lors de rapports sexuels bucco-génitaux ou en embrassant la peau, par gouttelettes respiratoires ou aérosols à faible portée nécessitant un contact proche prolongé.

Le virus peut être transmis à une personne par le biais d’objets contaminés, comme des vêtements ou des draps, par des blessures par objets tranchants dans le cadre de soins de santé ou dans des établissements communautaires, comme des salons de tatouage. Une étude de modélisation avait estimé la médiane précoce du R0 groupé à 2,44, avec une forte variabilité entre les pays.

Symptômes et Contagiosité

Les personnes atteintes de la variole simienne sont contagieuses et peuvent transmettre le virus tant que leurs lésions ne sont pas guéries et qu’une nouvelle couche de peau ne s’est pas formée. De nouvelles données indiquent que les personnes infectées peuvent transmettre le virus jusqu’à quatre jours avant l’apparition des symptômes. Les manifestations cliniques sont les nausées, vomissements, lymphadénopathie cervicale douloureuse entraînant une dysphagie, douleurs oculaires, troubles de la vision, hépatomégalie, sepsis, déshydratation, détresse respiratoire/pneumonie et/ou troubles de conscience.

La période d’incubation est généralement de 6 à 13 jours, mais peut varier de 5 à 21 jours. La variole simienne humaine commence souvent par une combinaison des symptômes suivants: fièvre, maux de tête, frissons, épuisement, asthénie, lymphadénopathie, maux de dos et douleurs musculaires. Mais chez certaines personnes, l’éruption cutanée est la première manifestation de la maladie; l’éruption cutanée commence par une lésion plate qui se transforme ensuite en vésicule pleine de liquide et qui peut être source de démangeaisons ou de douleurs. En guérissant, la lésion forme une croûte qui se dessèche et finit par tomber; le nombre de lésions peut varier de quelques-unes à des milliers et un nombre croissant de lésions est corrélé à une gravité accrue de la maladie.

Les lésions peuvent apparaître n’importe où sur le corps, y compris la paume des mains et la plante des pieds, le visage, la bouche ou la gorge, sur les organes génitaux, sur l’anus. Certaines personnes peuvent être infectées, mais ne présenter aucun symptôme: 1,3% - 6,5%. La majorité des cas humains présente des symptômes légers à modérés qui durent généralement de deux à quatre semaines, suivis d’un rétablissement complet.

Les personnes à risque

Les personnes à risque sont les enfants, les sujets âgés, les personnes immunodéprimées telles que les personnes vivant avec le VIH ayant une maladie chronique non ou mal contrôlée; patients atteints d’affections cutanées chroniques ou d’affections cutanées aiguës peuvent également être plus à risque de complications, notamment la surinfection bactérienne.

Le diagnostic

Pour être sûr qu’il s’agit bien d’une infection à la variole du singe, un test PCR est réalisé sur les lésions cutanées. Et en l’absence de lésions, une analyse peut être effectuée sur un échantillon oropharyngé, anal ou rectal prélevé par écouvillonnage.

Les prélèvements sont envoyés dans les 24 heures suivantes à l’Institut national d’hygiène qui n’est autre que le laboratoire national de référence pour la Rougeole-Rubéole. Les échantillons prélevés doivent être réfrigérés (2 à 8°C) ou congelés (-20°C ou moins) dans l’heure suivant le prélèvement. Si le transport dépasse 7 jours pour l’échantillon à tester, ce dernier doit être conservé à -20°C ou moins.

La prise en charge

Les personnes présentant un risque accru de maladie grave peuvent nécessiter une hospitalisation en isolement et/ou un traitement antiviral, un isolement à domicile jusqu’à ce que l’éruption cutanée guérisse complètement avec un suivi par le professionnel de santé.

Le traitement est principalement symptomatique et de soutien visant à soulager la fièvre, le prurit et la douleur. Le Tecovirimat est le seul médicament antiviral indiqué pour le traitement des infections à orthopoxvirus, y compris la variole simienne; le Brincidofovir et le Cidofovir sont d’autres options de médicaments antiviraux pour les cas graves, mais ils auraient des effets secondaires importants.

Si la prise en charge se fait en dehors du milieu hospitalier, les cas positifs doivent observer une série de précautions pour minimiser le risque de contamination de leur entourage, à savoir s’auto-isoler, dans une chambre dédiée, pendant 21 jours à compter de la date d’apparition des symptômes; adopter une hygiène régulière des mains et hygiène corporelle; éviter le contact avec toute personne, notamment, les enfants, les femmes enceintes, les immunodéprimés et les personnes âgées; éviter le contact avec les animaux domestiques; s’abstenir de toute activité sexuelle durant la maladie, et tant que des lésions sont présentes, utiliser des préservatifs pendant 8 semaines après la guérison; éviter de partager des objets personnels avec les autres.

Aussi, les personnes qui assurent la manipulation des objets personnels du cas, doivent prendre les précautions nécessaires. Les croûtes sont tout aussi contagieuses, il faut donc veiller à leur élimination en toute sécurité. La guérison ne peut être déclarée qu’après la chute des croûtes.

Le vaccin

Le vaccin contre la variole simienne peut contribuer à prévenir l’infection. Le vaccin doit être administré dans les quatre jours qui suivent un contact avec une personne ayant contracté la maladie, ou jusqu’à 14 jours en cas d’absence de symptôme.

Ce vaccin est recommandé aux personnes à risque, notamment lors d’une flambée; il s’agit en l’occurrence des agents de santé exposés, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des personnes ayant des partenaires sexuels multiples et des travailleurs du sexe.

L’OMS recommande que les enfants exposés à l’orthopoxvirose simienne bénéficient du schéma vaccinal complet correspondant à leur âge, conformément au calendrier de vaccination systématique national, avec des vaccinations à jour, dans la mesure du possible

Pour rappel, dans un communiqué diffusé hier samedi 17 août, le ministère de la Santé signale qu’aucun cas de contamination à la variole du singe n’a été détecté sur le territoire marocain depuis plusieurs mois. Le plan national de veille avait permis de suivre cinq cas qui avaient été notifiés depuis le début de l’épidémie en 2020 et jusqu’en mars 2024. La majorité de ces cas, selon le ministère de la Santé, s’est avérée médicalement mineure.

Par Qods Chabâa
Le 18/08/2024 à 10h01