A l’université Ibn Tofail de Kenitra, la devise «rejet zéro de l’eau» est d’ores et déjà adoptée. Animée par la volonté de participer aux efforts nationaux de préservation des ressources hydriques, l’équipe administrative de cette université a décidé de construire une station de traitement des eaux usées, afin de les réutiliser dans l’arrosage des espaces verts du campus universitaire. «Ce projet entre dans le cadre de la responsabilité sociale et écologique de l’université et de son engagement pour le développement durable», explique Azzeddine El Midaoui, le président de l’Université Ibn Tofail de Kenitra.
Cette station d’épuration permettra de garantir le recyclage de 100% des eaux utilisées, et de donner à cet établissement universitaire, ainsi qu'aux localités avoisinantes une autonomie totale dans la gestion des eaux usées et leur réutilisation dans l’irrigation d'espaces verts.
Avec une capacité de recyclage d’environ 200 m3 par jour, cette installation permettra d'importantes économies d'eau et s’inscrit dans la droite lignée de la stratégie nationale de l’eau.
«C’est une station qui peut prendre en charge la consommation de quelques 30.000 à 40.000 étudiants par jour, ce qui équivaut à peu près une petite ville de 2000 à 3000 habitants. Ce n’est pas une station expérimentale, mais une station industrielle de traitement des eaux usées», explique Azzeddine El Midaoui.
Avant de débuter la construction de cette station, l'équipe en charge de ce projet dans cette université a commencé par revoir l'ensemble du système d’assainissement de l'établissement, qui a été reconfiguré de façon à permettre de collecter l’ensemble des eaux rejetées dans un réservoir final, pour les rediriger vers la station d’épuration.
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La filière de traitement des effluents comporte une station de relevage, une étape de pré-traitements, un bassin tampon, ainsi qu'un traitement biologique et membranaire. Pour le traitement, le procédé d’épuration retenu est un procédé biologique aérobie, couplé avec un procédé membranaire.
«Une fois arrivée à la station, l’eau usée passe par trois étapes de traitement. La première étape est une étape de prétraitement qui permet d’éliminer les graisses et les gros déchets. La deuxième étape consiste en un traitement biologique couplé avec des membranes. Dans cette étape, on assure l’élimination de la matière organique, c’est à dire la charge polluante de l’eau usée. La dernière étape est celle de stockage de l’eau traitée et de désinfection», explique Sakina Belhamidi, responsable du projet de la station de traitement des eaux usées de l’université Ibn Tofail.
Les techniques et les procédés utilisés pour le traitement de l’eau sont, quant à elles, étudiées et analysées dans un laboratoire de matériaux avancés et de génie des procédés, relevant de la faculté des sciences.
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«Dans ce laboratoire, nous travaillons sur le traitement de l’eau et sur différentes qualités d’eau. Nous travaillons sur les eaux saumâtres, l’eau de mer, ainsi que les eaux usées aussi bien domestiques qu’industrielles. La spécificité de notre laboratoire c’est qu’il est dédié aux procédés de séparation membranaires», indique Mohamed Taky, professeur de chimie de la faculté des sciences de l’université Ibn Tofail, et directeur du laboratoire des Matériaux Avancés et de Génie des Procédés.
L’équipe des chercheurs et des étudiants de ce laboratoire se déploie pour développer et affiner différentes techniques utilisées pour le traitement des eaux usées, afin de garantir de meilleurs résultats de ce traitement, et faire avancer la recherche scientifique dans leurs spécialités respectives, de façon à permettre de généraliser les procédés développés pour les dupliquer ensuite à d’autres structures industrielles.
Par ailleurs, la boue qui résulte du traitement des eaux est aussi réutilisée, cette fois-ci à des fins agricoles: elle devient un fertilisant naturel. En 2021, la station d’épuration des eaux usées de l’université Ibn Tofail a enregistré un taux de siccité -soit le pourcentage de matières sèches- élevé, de l’ordre de 98%.