Sans prétendre parler au nom des autres participants, nominés, membres du jury et invités à la soirée, je crois que les trois motifs de réjouissance dont il sera question ici sont partagés. Le regret, que j’exprimerai avec la clarté et la réserve qui conviennent, est personnel, ce qui n’exclut pas non plus une possibilité de partage.
Les TMM sont marqués par la grande qualité des nominés, dans les six catégories. La Fondation a mis en place un dispositif d’identification de personnalités d’origine marocaine qui ont, chacune et chacun dans son domaine, escaladé des montagnes pointues à la force du poignet. Dans un pays où il est courant de penser que le mérite serait peu lié à l’ascension sociale et professionnelle, il est bon qu’une organisation de la société civile mette en place un dispositif méritocratique. Accessoirement, la qualité des nominés, trois par catégorie, a quelque peu compliqué la tâche du jury, mais c’est ainsi qu’il doit en être.
Le deuxième motif de réjouissance réside dans l’organisation de l’évènement. La présence effective, à Marrakech, est une règle intangible des TMM. Elle suppose, pour la Fondation, des moyens financiers pour faire venir au Maroc, héberger et transporter les nominés et les membres du jury. Il faut, aussi, que ces personnes soient disponibles et puissent faire le déplacement depuis l’Europe et les USA, voire de plus loin. On devine aussi que la soirée de remise des trophées, festive et conviviale, a un coût. Pour que tout se passe bien le jour J, il faut des talents d’organisation et une grande ténacité dans la recherche de fonds et de sponsors. Le résultat en vaut vraiment la peine. Mon expérience, loin d’être unique, a été celle d’un processus bien maîtrisé de bout en bout.
J’ai gardé le meilleur pour la fin. Les TMM ont déplacé des personnalités politiques et économiques de premier plan. On y a vu une ministre fédérale belge, la PDG d’un grand groupe industriel, le vice-président d’une région française, une députée belge, la maire d’une ville française et j’en passe. Le 13 mai, un autre Maroc s’est réuni à Marrakech, un Maroc qu’on ne rencontre pas dans les milieux qui gravitent habituellement autour des consulats. Ayant contribué au travail de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) sur les Marocains du Monde, vus dans le Nouveau modèle de développement comme un des cinq leviers de transformation, j’ai pu voir à Marrakech un échantillon de ces Marocains qui réussissent sous d’autres cieux et ne demandent qu’à pouvoir contribuer au développement de leur pays d’origine ou du pays d’origine de leurs parents.
Venons-en maintenant au regret, et il est de taille. Il fallait être aveugle pour ne pas remarquer l’absence de membres du gouvernement et de représentants des autorités administratives et politiques régionales. Les bonnes manières marocaines auraient incité les responsables nationaux et/ou régionaux à accueillir un aréopage de personnalités qui font honneur au Maroc et y viennent sans rien attendre ni demander. Certains ont même payé leurs frais de voyage. Si les bonnes manières ne suffisent pas, l’intérêt bien compris aurait constitué un motif supplémentaire. Au moment où nous sommes confrontés à des défis diplomatiques et économiques, surtout en Europe, il est dommage de manquer une opportunité d’échanges informels avec des dirigeants politiques et économiques et des leaders d’opinion. Le Soft Power est un métier.
La remarquable absence du gouvernement et des responsables régionaux aux TMM repose, peut-être, la question plus générale sur la volonté de mettre en œuvre les orientations royales concernant les Marocains du Monde, exprimées dans le discours du 20 août 2022. J’y reviendrai.