Le principal facteur de risque est la surcharge pondérale (surpoids ou obésité). Les traitements médicamenteux sont nombreux et efficaces mais non dénués d’effets secondaires. Quelle est alors la place des traitements non pharmacologiques, dont l’activité physique, les aides matérielles, les cures thermales et l’ergonomie?
Les nouvelles recommandations relatives aux traitements non pharmacologiques de là gonarthrose ont été présentées lors du congrès de la société Française de Rhumatologie / SFR, Paris, 12-14 décembre 2021.
Il est important d’agir sur l’appréhension de certains médecins et patients qui ne donnent pas sa vraie valeur à la place thérapeutique des interventions non médicamenteuses dans la gonarthrose.
Il faut lutter contre cette vision fataliste de la maladie, la peur de la douleur qui va être aggravée par l’activité physique et la crainte de perte de chance en cas de retard de recours à la chirurgie.
Selon les études menées par la SFR, les patients évoquent souvent une banalisation de la prise en charge de l’arthrose, tandis que les médecins évoquent un manque de légitimité face à certaines des interventions proposées au patient, comme la perte de poids.
La principale recommandation est la nécessité d’associer des mesures pharmacologiques et non pharmacologiques dans la prise en charge de la gonarthrose, en faisant intervenir les professionnels de santé et l’activité physique.
Les approches non médicamenteuses doivent être personnalisées et fondées sur une décision partagée, en tenant compte des besoins et des préférences du patient, afin de rechercher son adhésion à long terme, dans la prise en charge de cette maladie chronique.
Dans tous les cas, l’activité physique adaptée doit toujours être proposée ainsi que l’éducation du patient sur sa maladie, afin qu’il puisse acquérir et se faire sienne des techniques d'autogestion de sa maladie.
L’activité physique, à sec ou dans un milieu aquatique ciblant les membres inférieurs, à un bénéfice sur la douleur et la fonction. Il est recommandé qu’elle soit initialement supervisée par un kinésithérapeute, pour être ensuite pratiquée en autonomie.
Les mobilisations articulaires doivent être intégrées au programme d’activité physique, notamment pour lutter contre le raidissement.
En cas de surpoids ou d’obésité, une perte de poids corporel de 5% du poids initial est un objectif à atteindre. Car chaque pourcentage perdu permet d’améliorer de 2% le score WOMAC.
Ce dernier évalue le retentissement fonctionnel de l’arthrose, par exemple celle de la hanche, sur la qualité de vie. Il regroupe 24 questions, chacune valant de 0 à 4 points. Le score va donc de 0 (hanche normale) à 96 points (handicap majeur dans la vie quotidienne).
Autres moyens non pharmacologiques dans la prise en charge de la gonarthrose: les aides matérielles. Ainsi, si la douleur est principalement située entre le fémur et le tibia, une orthèse ou appareil orthopédique de décharge est proposée, notamment en cas d’arthrose post-traumatique (non liée à l’usure du temps), pouvant ainsi favoriser la mise en activité physique.
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Les bandes adhésives de contention souple et la genouillères n’ont pas de réel bénéfice. Le port de chaussures souples avec des semelles amortissantes neutres peuvent aider tout en évitant celles avec des talons.
Les semelles orthopédiques ne sont pas indiquées, sauf s’il existe des troubles statiques associés.
Parallèlement, l’utilisation d’une canne du côté controlatéral du genou malade, peut permettre de soulager les douleurs et améliorer la marche. Elle permet aussi d’améliorer l’autonomie et la mobilité, notamment chez les plus âgés.
Les spécialistes insistent sur le fait que la physiothérapie antalgique, l’électrothérapie, la thermothérapie, les ondes de choc, le laser et les thérapies électromagnétiques ne sont absolument d’aucune utilité.
L’acupuncture, elle, peut avoir un intérêt non spécifique sur la douleur, mais pourrait avoir une petite place en cas d’échec des sutures thérapeutiques.
Les cures thermales intégrant une éducation du patient à sa maladie associées à l’activité physique peuvent trouver leur place dans un schéma thérapeutique, supervisé par le médecin traitant.
Enfin, les patients susceptibles de présenter des difficultés à leur poste de travail doivent être orientés vers leur médecin de travail, afin d’envisager soit le maintien dans leur poste actuel, soit une réorientation professionnelle voire même un départ précoce à la retraite.
Enfin et pour mieux comprendre la maladie articulaire du genou, il faut rappeler que généralement elle est due à l’accumulation de nombreux facteurs de risque.
On parle souvent de cause multifactorielle: l’âge. L’arthrose est une pathologie plus fréquente avec l’âge. Les experts estiment qu’elle concerne 3% de la population avant 45 ans, 65% après 65 ans et 80% après 80 ans. L’arthrose peut sévir à différents niveaux de l’organisme. L’arthrose du genou, la gonarthrose, représenterait 30% des cas.
Elle est plus souvent l’apanage du sexe féminin, la gonarthrose se manifestant plus souvent chez les femmes, en particulier après de la ménopause.
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Par ailleurs, la pratique répétitive et/ou intensive de certaines activités provoque des microtraumatismes et entraîne un surmenage des articulations et des ligaments.
Certaines maladies métaboliques, inflammatoires ou infectieuses comme la goutte, la polyarthrite rhumatoïde ou l’arthrite infectieuse peuvent conduire à la destruction des articulations.
Enfin, la prévention de la gonarthrose consiste à limiter au maximum les facteurs de risque, en maintenant une alimentation saine et équilibrée, par la pratique d’une activité physique régulière, celle-ci incluant aussi bien les activités sportives que la marche à pied et surtout limiter la pression exercée sur les articulations en améliorant l’ergonomie de son poste de travail.
*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.