L’aventure d’un conseiller communal de la région de Casablanca-Settat s’est terminée à l’aéroport de Tunis où il a été arrêté par les services sécuritaires tunisiens sur la base d’un mandat d'arrêt international lancé par la police marocaine, en coordination avec les services de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol). «Le mis en cause, ayant acquis la nationalité américaine, a été élu, lors des dernières élections, sous les couleurs d’un parti politique de l’actuelle majorité gouvernementale». En plus de son statut d’élu, «il était réputé pour ses actions associatives dans la région, mais aussi par son implication dans de nombreuses affaires liées à des fausses promesses d'emploi dans des administrations publiques, notamment l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et l’Office National des Aéroports (ONDA), et des contrats de travail pour s'expatrier aux Emirats Arabes Unis». Et ce n’est que la face visible de l'iceberg, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 1er septembre. Après son arrestation à Tunis, les services sécuritaires marocains ont ouvert une enquête avec des membres de sa famille sur la nature de ses activités au Maroc. En effet, il faisait partie des Marocains du monde, mais était toujours installé dans le pays. Cette enquête, menée au profit d'Interpol, a porté également sur ses fréquents voyages en Espagne avec son passeport américain et ses liens avec les MRE dans le Sud de la péninsule ibérique. Ces investigations, poursuit le quotidien, ont conduit les enquêteurs à découvrir que le mis en cause se déplaçait fréquemment dans la péninsule ibérique pour des affaires de trafic illicite de biens culturels et d'œuvres d'art et du blanchiment d’argent. «D’importantes opérations auraient été conclues par le mis en cause qui possède des biens immobiliers et de nombreux comptes bancaires ouverts avec son identité marocaine et son passeport américain. Ce qui a compliqué le suivi de ses transactions entre le Maroc et l’Espagne», font savoir les sources du quotidien. Et de préciser que le mis en cause recourait également à des MRE pour effectuer des transferts d’argent. Les mêmes sources ajoutent que «le pot aux roses de son modus operandi a été dévoilé quand il a effectué deux transferts d’argent de plus de 10.000 dirhams au profit d’un ressortissant tunisien qui se rendait régulièrement au Maroc». Mais, au moment de cette opération, le deuxième suspect et ses comptes bancaires en Tunisie et en Espagne étaient sous surveillance judiciaire. C’est ainsi que sa trace a été retrouvée. De lourds chefs d’accusation pèsent sur le mis en cause. Il s’agit de «trafic illicite de biens culturels, blanchiment d’argent, constitution d’une bande criminelle impliquée dans le trafic d’œuvres d’art et de biens culturels datant des époques romaine, phénicienne et du site de Carthage, et cédés à des maisons de vente aux enchères en Europe de l’Est ou à des collectionneurs».
Par Mohamed Younsi
Le 01/09/2022 à 00h03