Le délégué général à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), Mohamed Salah Tamek, a émis des doutes concernant l’impact de la loi relative aux peines alternatives sur la surpopulation carcérale. Il considère que cette incidence demeure relative, d’autres pays ayant pris cette initiative sans pour autant parvenir à freiner la courbe ascendante de la population carcérale, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du mercredi 8 novembre.
Le patron de la DGAPR considère que la réduction du nombre de prisonniers doit passer par «le traitement du phénomène de la criminalité et la mise en œuvre de mécanismes pour renforcer la prise en charge des détenus libérés, afin d’éviter la récidive. Pour ce faire, il faut que les départements ministériels concernés assument leurs rôles aux niveaux de l’éducation, la formation, la réinsertion professionnelle, la prise en charge des toxicomanes et l’encouragement des initiatives des associations de la société civile dans le domaine de la réinsertion». Lors de la présentation du budget de la DGARP devant la Commission de la justice, ce mardi 7 novembre, Mohamed Tamek a souligné que la réalité carcérale est devenue critique à cause du surpeuplement des prisons face à l’augmentation record du nombre des détenus.
Il a ainsi, rapporte Al Ahdath Al Maghribia, indiqué que le nombre des prisonniers avait augmenté de 6%, passant de 97.204 à 103.302 détenus durant la période allant de la fin de l’année dernière à fin octobre 2023. Et Tamek d’affirmer que ceci «signifie que la moyenne de détention dans notre pays connaît une croissance exponentielle, frisant les 272 détenus pour 100.000 habitants contre 265 l’année dernière. Aussi, le Maroc occupe-t-il une triste première place aux niveaux arabe et régional devant l’Algérie ( 217), la Tunisie (196), l’Espagne (113), la France (109), l’Italie ( 99) et la Mauritanie ( 57)».
Le patron de l’Administration pénitentiaire souligne que le projet de loi n°10-23 relatif à la gestion des prisons renforcera les dispositions visant à protéger les droits des prisonniers et à préserver leur dignité. Sauf, poursuit-il, que ce projet relèvera la barre des défis de la DGARP au niveau de l’humanisation des conditions de détention. Chose, précise Tamek, qui augmentera les difficultés sans toutefois offrir des solutions efficaces au phénomène de l’encombrement des prisons.