En 1986, le Maroc inscrivait son nom sur la liste des pays ayant la capacité de réaliser des transplantations rénales. Aujourd’hui, 37 ans plus tard, les chiffres révèlent une réalité alarmante: seulement 620 transplantations ont été réalisées, dont 60 à partir de sujets en état de mort encéphalique. C’est ce qui ressort des chiffres communiqués par l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales et la promotion du don et de la greffe d’organes (Association Reins) à l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, célébrée chaque 17 octobre.
Un taux de 17 greffes par million d’habitants contraste fortement avec les besoins réels du pays. Et lorsque l’on élargit le spectre à la transplantation d’autres organes vitaux, le tableau est tout aussi sombre: aucune greffe rapportée, fait savoir l’Association Reins.
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Si l’on s’en tient strictement aux chiffres, la transplantation rénale au Maroc accuse un retard conséquent. Mais derrière ces chiffres, une autre réalité s’esquisse: celle des craintes, des réticences et des besoins de sensibilisation, comme l’avait précédemment précisé Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l’Association Reins, dans une interview avec Le360.
La situation est sérieuse à plus d’un titre et interpelle tout un chacun. Les candidats éventuels au don d’organes après la mort sont rares au Maroc, malgré les dispositions légales, avait déploré la praticienne, engagée depuis de nombreuses années dans le combat contre les maladies rénales. «Nous plaidons pour le changement de la loi pour que les Marocains deviennent tous donneurs potentiels en dehors de ceux qui expriment leur refus. Cela pourrait aider à sauver les personnes en attente de greffe», avait-elle signalé.
Place à la sensibilisation
Il est néanmoins crucial de ne pas négliger les efforts déployés pour encadrer ces interventions. En effet, la loi n°16-98 vient clarifier et protéger à la fois le donneur et le receveur, assurant une transplantation éthique et sécurisée. Mais au-delà de la législation, c’est la sensibilisation qui doit jouer un rôle prédominant. Car si les mécanismes légaux sont en place, il appartient désormais à la société marocaine, en collaboration étroite avec les professionnels de la santé, de briser les tabous et de dissiper les craintes.
À ce titre, le nouveau sondage de l’Association Reins apporte une lueur d’espoir. Il y a une volonté manifeste, notamment parmi les médecins, de s’engager davantage en contribuant à ancrer cette culture du don au sein de la société.