RÉTRO 2017. Ces affaires de viol qui ont secoué le Maroc

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L’année 2017 a été marquée par de nombreuses affaires de viol au Maroc. Rétrospective.

Le 29/12/2017 à 12h22

Les affaires de viols se multiplient et se succèdent au Maroc. En 2017, plusieurs faits divers sordides ont secoué le pays et défrayé la chronique.

L’affaire de viol la plus marquante de cette année est certainement celle du viol collectif dans un bus à Casablanca. C’était au mois d’août dernier, suite à la diffusion sur internet, d'une vidéo rapidement devenue virale montrant des images d’une violence inouïe. 

On y voit une jeune femme se faire agresser sexuellement par une bande de jeunes, dans un bus à Casablanca, dans l'indifférence générale. La victime, à moitié dénudée, crie et supplie ses agresseurs de la laisser tranquille. Ces derniers la déshabillent et la touchent contre son gré sur ses parties intimes tout en l'insultant, et ce, sans que les passagers et le chauffeur de bus fassent mine d'intervenir. 

L’affaire a fait la Une des journaux du monde entier. Des manifestations ont eu lieu un peu partout dans le pays et les défenseurs de la cause féminine sont montés au créneau pour dénoncer ce énième cas d’agression sexuelle.

Si les agresseurs ont été arrêtés, le projet de loi sur la lutte contre les violences faites au femmes, lui, est toujours à la traîne… En tout cas, ce drame n'était pas le premier du genre en 2017.

Casablanca: Nouhaila, 19 ans, séquestrée, violée et torturée

Rappelons d’abord d’affaire de Nouhaila, 19 ans, originaire de la ville de Sidi Kacem, séquestrée, violée et torturée pendant tout le mois de ramadan par son ami dans un appartement du quartier Yasmine à Casablanca.

Allongée sur un brancard, en larmes et respirant à peine, Nouhaila raconte les détails de son terrible drame au micro de nos confrères arabophones du site d'information Hespress dans une vidéo devenue virale.

"Il m'a enlevée de force avant le début du ramadan et n'a cessé de me donner des coups, tellement que je n'arrive plus à bouger ma main", raconte-t-elle au site arabophone. "Un mois entier de torture. Il m’a rasé les cheveux et éteignait ses cigarettes sur mon crâne".

Dans ce témoignage, la victime confie également que son agresseur aurait demandé une rançon à ses parents, menaçant d’enlever leur deuxième fille s'ils déposaient plainte.

Secourue par les voisins, Nouhaila parvient à échapper à son ravisseur. De ce terrible drame, la jeune femme ressort avec des brûlures à la tête, un bras fracturé et des traces de tortures sur le corps. Sans parler des séquelles psychologiques profondes dont la jeune femme doit souffrir.

Marrakech: une jeune femme se suicide après la libération de ses bourreaux

Rappelons également le cas de Nassima, une affaire qui a éclaté en 2017 mais dont les faits remontent au mois de janvier 2016. Victime d’un viol collectif, une jeune fille s’est donnée la mort dans la région de Marrakech après que la décision a été prise d'innocenter ses bourreaux.

Nassima, alors étudiante, est kidnappée sur la place Arssat Al Maache à Marrakech par un groupe de quatre jeunes âgés de 20 à 23 ans puis séquestrée à Sidi Moussa, à 15 km de la ville ocre. Elle est sauvagement violée et torturée avant d’être relâchée.

La mère de Nassima porte plainte en présentant un certificat médical témoignant des sévices subis par sa fille. Contrairement à toute attente, le 21 mars 2016 précisément, la Cour d’appel de la ville décide d'innocenter les quatre individus mis en cause.

Cette décision aggrave l’état de santé de la victime et la plonge dans une dépression encore plus profonde. Nassima tentera de mettre fin à ses jours à trois reprises. La première en tentant de se jeter d’un toit, la deuxième en avalant de l’eau de javel, et la troisième, qui lui fut fatale, par pendaison.

Affaire Hasnae: suicide après un viol collectif

En mars, le verdict de la Cour d’appel de Hay Riad à Rabat a été rendu dans l'affaire Hasnae. Les agresseurs de la jeune femme, morte le 6 novembre dernier après avoir été violée et torturée, écopent chacun de dix ans de prison ferme.

Pour rappel, l’affaire a éclaté fin 2016 dernier à Rabat, lorsque l'Union féministe libre (UFL) a dénoncé le viol collectif ainsi que le décès d'une jeune fille de 18 ans, "Al Hasnae", retrouvée morte au fond d'un puits, après avoir été violée, au même titre que quinze autres filles, par un groupe de jeunes.

Fuyant le harcèlement de son tuteur légal, "Al Hasnae" avait été sauvée de la rue par des militantes de l’Union féministe libre (UFL) et momentanément prise en charge par les responsables d'un centre spécialisé qui lui offraient les conditions adéquates pour poursuivre ses études, jusqu'à sa fugue, un mois plus tard.

L’UFL avait été informée peu de temps après que "Al Hasnae" et quatorze autres filles venaient d’être victimes d’un viol collectif. L'association ainsi que les familles de quatre autres victimes avaient alors recouru à la justice.

Quelques jours plus tard, on retrouvait le corps de la jeune femme dans un puits près du domicile de sa famille biologique.

Si ces affaires de viol ont défrayé la chronique au Maroc, d’autres scandales sexuels survenus dans tout le royaume ont été beaucoup moins médiatisés.

En janvier, la Cour d'appel de Khénifra a récemment condamné un individu à cinq ans de prison ferme pour le viol de sa fille, tombée enceinte suite à cette agression sexuelle. Une sentence bien trop légère pour un crime aussi odieux.

A Rabat, un médecin opérant à l’hôpital Moulay Youssef de Rabat a été appréhendé après avoir abusé de ses patientes. Plusieurs victimes ont décidé de porter plainte pour dénoncer ses actes, épaulées par l’Association nationale pour la sensibilisation et la lutte contre la tuberculose.

A Tanger, le juge d'instruction de la Cour d'appel de Tanger a ordonné, dimanche 24 septembre, l'incarcération à la prison civile d'un septuagénaire arrêté la veille pour viol sur un enfant âgé de neuf ans. Le mis en cause, un marchand des Puces âgé de 74 ans, avait été arrêté suite à une plainte déposée auprès de la police d'Assilah par le père d'un enfant de neuf ans. Le plaignant accuse le septuagénaire d'avoir abusé de son enfant dans sa boutique au marché Bab Al Homer à Assilah.

A Salé, le coordonnateur de défense des détenus salafistes, Abdellah El Hamzaoui, qui est au cœur de cette affaire a été condamné, le jeudi 5 octobre, à cinq ans de réclusion criminelle pour adultère, détournement de mineure et viol, sur la base d’une plainte déposée contre lui par son épouse.

En juin, une affaire de viols en série dont ont été victimes des fillettes âgées de 6 à 7 ans, dans leur école a secoué la ville de Fès. Leur instituteur a commis ses crimes pendant le mois de ramadan. Les parents des victimes se sont rendu compte des viols après que l’une d’elles a été soumise à un examen médical dans une clinique de la ville suite à une infection au niveau de ses parties intimes. L’examen a révélé que la fillette a été victime d’un viol, ce qui a alerté les parents des autres élèves, les amenant à découvrir que d’autres fillettes avaient subi le même sort.

En octobre, les éléments de la brigade des motards, relevant du district de police de Hay Hassani à Casablanca, ont arrêté deux individus qui, à l'aide d'un troisième complice, ont forcé, une jeune fille à les accompagner pour lui dérober son sac à main. Deux des prévenus ont agressé sexuellement la victime avant qu’une patrouille des motards ne parvienne à la libérer et à interpeller les agresseurs en flagrant délit.

En janvier, un veilleur de nuit d'Ain Sebaa à Casablanca a été arrêté pour avoir violé huit jeunes femmes.

Malheureusement, la liste est loin d’être exhaustive…

Par Rania Laabid
Le 29/12/2017 à 12h22