Quand les chiffonniers fournissent des usines clandestines de sacs en plastique

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Revue de presseKiosque360. Les objets en plastique ramassés par les chiffonniers sont revendus aux intermédiaires, qui les revendent à leur tour aux fabricants clandestins. Ces derniers les recyclent en sacs et sachets de mauvaise qualité et dangereux pour la santé.

Le 19/06/2019 à 20h42

Des objets en plastique utilisés, bouteilles et autres emballages jetés à la poubelle finissent le plus souvent en… sacs en plastique. C’est ce que viennent de constater les autorités publiques après plusieurs opérations de contrôle et des descentes, dans les environs de plusieurs villes, de la Gendarmerie dans les ateliers clandestins de fabrication de ces sacs en plastique prohibés. Ces déchets sont, en effet, récupérés directement dans les poubelles ou à la décharge publique par des chiffonniers (bouara) et revendus à des intermédiaires qui fournissent ces usines clandestines, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 20 juin.

Ainsi, après le durcissement des mesures mises en place suite à l’interdiction, il y a près de trois ans, de la production et l’utilisation des sacs en plastique et, notamment, la règlementation de l’importation des matières premières, les autorités ont été surprises de constater que ces sacs continuaient d’inonder le marché, notamment dans le monde rural. Le pire est qu’ils sont de mauvaise qualité et constituent donc un danger réel aussi bien pour la santé des consommateurs que pour l’environnement.

Des campagnes de contrôle ont donc été lancées, avec l’appui des moqaddams, pour traquer ces producteurs clandestins. En remontant la filière, après plusieurs descentes dans des ateliers clandestins notamment aux environs des villes de Casablanca, Marrakech et Agadir, les autorités ont pu mettre à nu tout le système. Ainsi, le plastique récupéré par les chiffonniers dans les poubelles finit chez des intermédiaires dont le nombre ne cesse de croître. Étant très demandé, le prix de la matière a augmenté et le business attire de plus en plus de monde. Ces intermédiaires fournissent donc les producteurs qui recyclent du plastique en le transformant en sacs et sachets de mauvaise qualité, mais demandés sur le marché. Ces produits sont écoulés un peu partout, chez les vendeurs ambulants dans les villes, ainsi que dans les souks hebdomadaires.

En réaction, le ministère du Commerce et de l’industrie a déjà démantelé, avec le concours de la Gendarmerie et des autorités locales, de nombreuses unités clandestines de fabrication de sacs en plastique. Mais, d’après le journal, plusieurs dizaines seraient toujours en activité. Depuis l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2016, de la loi 77-15 interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation de sacs en matières plastiques, les autorités publiques multiplient les coups de force, rappelle Assabah. En parallèle, des mesures de prévention drastiques ont été mises en place en amont.

C’est ainsi, rappelle le quotidien, que le polyéthylène, matière principale qui rentre dans la fabrication de ces sacs, a été soumis dernièrement au régime des licences d’importation, afin d’assurer sa traçabilité et éviter son utilisation dans la fabrication des sacs plastiques interdits. Le système de traçabilité mis en place par le ministère permet d'identifier avec précision la provenance de ces matières premières. En même temps, des mesures de contrôle très strictes ont été mises en place pour empêcher l’entrée du polyéthylène de contrebande à travers les présides de Sebta et Melilla.

Par Amyne Asmlal
Le 19/06/2019 à 20h42