L’École nationale des sciences appliquées (ENSA) d’Oujda, l’une des établissements publics de formation des ingénieurs, est secouée par un scandale pédagogique.
Des soupçons d’une possible falsification des procès-verbaux de réussite pèsent sur l’établissement, rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison de ce jeudi 22 mai.
Des informations recueillies par le quotidien révèlent que «des étudiants ayant poursuivi leurs études à l’étranger ont obtenu des documents attestant de leur réussite auprès de l’établissement, bien qu’ils n’aient pas suivi l’année académique concernée ni passé les examens».
Selon des sources informées, citées par Al Akhbar, «plus d’une vingtaine d’étudiants ont quitté l’ENSA pour poursuivre leurs études en France, à l’université Paris 13 Nord plus précisément, entre les années universitaires 2019 et 2024, avant de revenir à l’ENSA d’Oujda pour se faire délivrer leurs diplômes».
Mais, poursuit le quotidien, «ils se sont heurtés au refus de certains professeurs de valider leur réussite, arguant de leur absence totale des cours, de leur non-participation aux examens et de la non-présentation de projets de fin d’études, ce qui les classait parmi les étudiants ayant échoué».
Plus encore, selon les mêmes sources, «la véritable surprise c’est que des procès-verbaux de réussite attestant de la réussite de certains de ces étudiants ont été signés par le directeur de l’établissement, sans respecter les procédures d’usage».
Ces développements, note le quotidien, ont déclenché une série de réactions au sein de l’établissement.
Ainsi, des professeurs ont adressé des courriers au ministère de l’Enseignement supérieur et à la présidence de l’université Mohammed Premier, ce qui a conduit l’ancien ministre à dépêcher l’inspecteur général du ministère pour ouvrir une enquête interne sur «de possibles irrégularités».
Selon des sources reprises par Al Akhbar, la commission d’inspection a tenu des réunions avec le directeur de l’établissement et plusieurs professeurs, comme elle a entendu les représentants des enseignants qui ont dénoncé ce qu’ils qualifient de «dérives pédagogiques menaçant le bon déroulement de la formation en ingénierie à l’ENSA».
L’enquête ministérielle s’est concentrée sur plusieurs dysfonctionnements, indique Al Akhbar, «notamment l’absence de cadre légal pour ce que l’on appelle la «mobilité des étudiants», imposée par le directeur, ce qui a engendré une opacité dans les parcours académiques de certains étudiants».
Le rapport de l’inspection générale du ministère a également relevé «l’exclusion de certaines spécialités et la transformation de l’identité académique de l’établissement en une sorte de faculté spécialisée en informatique, ainsi que des irrégularités dans le concours d’accès au cycle d’ingénieur pour l’année universitaire 2019-2020».
Le rapport a également pointé du doigt des «décisions unilatérales de fermeture et d’ouverture de certaines filières sans passer par les conseils compétents ou la commission pédagogique, ainsi qu’une gestion pédagogique qualifiée de chaotique, marquée par un retard dans l’élaboration des emplois du temps jusqu’en décembre 2020, l’absence de certaines matières jamais enseignées, et une opacité dans le système d’enseignement, qu’il soit en présentiel ou à distance».
Le rapport a, en outre, révélé «l’absence de plusieurs professeurs de l’établissement, certains se trouvant à l’étranger sans justification légale, ce qui soulève des interrogations sur l’engagement du corps enseignant dans ses missions et sur les répercussions de ces absences sur la qualité de la formation dispensée».
Par ailleurs, conclut le quotidien, «les étudiants concernés par les diplômes incriminés ont quitté l’ENSA lors de la dernière session, mais ont obtenu, à leur retour, des attestations de réussite, sans que leurs professeurs n’aient signé les procès-verbaux de délibération».