Après plusieurs jours de rassemblement pour manifester leur colère et exiger la démission de Tony Meistermann, proviseur du groupe scolaire Claude Monet, affilié à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), et son équipe administrative, les représentants des associations de parents d’élèves ont finalement été reçus, à la demande de Christophe Lecourtier, ambassadeur de France, au sein de l’ambassade de France de Rabat.
Très attendue, cette rencontre, qui faisait suite aux nombreux courriers de plainte adressés par les parents d’élèves, notamment à l’ambassade de France, l’AEFE et au Service de coopération et d’action culturelle (SCAC), a réuni autour d’une même table de discussion les présidents des trois associations de parents d’élèves, des représentants des services centraux de l’AEFE, présents quant à eux par visioconférence, des représentants du SCAC, ainsi que Bruno Eldin, inspecteur d’Académie, conseiller adjoint de coopération et d’action culturelle en charge de l’enseignement français au Maroc.
Un premier pas et beaucoup d’attentes
À en croire le courrier destiné à la «communauté du Groupe scolaire Claude Monet de Mohammedia», envoyé par Bruno Elfin au lendemain de cette rencontre, et dont Le360 détient une copie, la réunion se serait «déroulée dans un climat serein et respectueux de la parole de chacun».
Il aurait ainsi été acté, suite à cette rencontre décidée en urgence le matin même, «l’organisation d’une mission d’analyse conduite par l’AEFE au sein de l’établissement, le vendredi 6 octobre prochain».
Entre-temps, quelques parents signataires de lettres envoyées en leur nom personnel ont été contactés personnellement par l’AEFE, afin de leur donner rendez-vous, vendredi 6 octobre, dans les locaux du collège Claude Monet pour une entrevue de quinze minutes chacun.
Pour rappel, le 22 septembre au matin, l’ensemble des élèves du collège a été humilié et maltraité, en étant obligés à s’asseoir à même le sol dans la cour, sous la pluie et pendant une heure, en réaction au «manque de respect» dont auraient fait preuve certains parents lors d’une réunion parents-professeurs tenue la veille, et dont Le360 se faisait l’écho dans un précédent article.
Des directives qui ne passent pas
Cette rencontre serait en soi une bonne nouvelle pour les parents qui, à la lecture des premières lignes de ce compte-rendu sommaire, osaient espérer un heureux dénouement. Mais le dernier paragraphe du message qui leur est destiné a provoqué l’effet inverse, selon les témoignages de parents récoltés par Le360. En effet, précise Bruno Eldin dans son courrier, «cette mission doit se tenir dans un climat qui sera redevenu serein le lundi 2 octobre au matin, au sein de l’établissement et dans ses abords, dans l’intérêt de tous les membres de la communauté scolaire».
Autrement dit, le collectif des parents, qui avait bien l’intention, comme l’annonçait Le360 la semaine dernière, de poursuivre sa mobilisation aux portes du collège chaque matin et chaque fin d’après-midi, s’est vu contraint à un choix: poursuivre la mobilisation et risquer que la mission annoncée n’ait pas lieu, ou suivre la directive de l’ambassade de France et faire profil bas jusqu’à la tenue de la réunion du 6 octobre.
«Ne plus communiquer auprès de la presse»
C’est ainsi que ce dernier paragraphe a été interprété, selon les témoignes récoltés auprès de parents qui ne décolèrent pas. «Cette phrase est une menace destinée aux parents et aux élèves, afin que les autres membres de la communauté scolaire, à savoir la direction et l’équipe, soient tranquilles», analyse un parent d’élève.
La phrase en question est jugée «insultante et inadmissible», car poursuit-on, «pour avoir un climat serein, le minimum aurait été la suspension de la personne impliquée, à savoir le proviseur et la CPE, dans l’attente de la commission et du déroulement de l’enquête». En effet, «c’est la procédure standard dans ce type de situation», argue ce parent d’élève qui considère le maintien de l’équipe en place, même provisoire, «comme un cautionnement tacite des actes commis».
Autre directive qui ne passe pas, et que l’ambassade de France s’est bien gardée d’écrire noir sur blanc, mais qui a été clairement formulée lors de l’entrevue de mercredi dernier, apprend Le360 de source informée: ne plus communiquer auprès de la presse.
Pour cette maman, le fait qu’il soit demandé aux parents de ne plus diffuser d’informations à la presse sur cette affaire est «inadmissible» car, estime-t-elle, «il s’agit d’une atteinte à nos droits les plus élémentaires, en l’occurrence notre liberté d’expression». L’ambassade de France chercherait-elle à étouffer ce scandale? C’est la question qui se pose.
Une seule demande: que justice soit faite!
La réunion du 6 octobre se déroulera-t-elle dans un climat apaisé? Les parents d’élèves le souhaitent vivement, mais ce qu’ils espèrent surtout, c’est que ladite rencontre aboutisse au renvoi de l’équipe de direction de l’établissement. Une exigence des parents d’élèves qui n’a toujours pas changé et qui ne changera pas à les en croire, bien déterminés qu’ils sont à reprendre la mobilisation si leur demande n’aboutit pas.
En attendant, une décision de l’ambassade de France et de l’AEFE quant au maintien des équipes incriminées au collège Claude Monet, la justice marocaine s’est saisie de l’affaire. Comme l’annonçait Le360 la semaine dernière, des parents d’élèves ayant porté plainte auprès des autorités marocaines pour maltraitance, mais aussi pour harcèlement de leurs enfants par la direction et l’équipe administrative du groupe scolaire, ont été reçus mercredi dernier par le procureur du roi de Mohammedia. Ils ont été auditionnés hier mardi 3 octobre, apprend-on de source informée, par la police judiciaire dans le cadre d’une enquête.
Affaire à suivre…