Maltraitance des élèves au collège Claude Monet de Mohammedia: revenir au calme, ne pas parler à la presse… les directives de l’ambassade de France aux parents

Le groupe scolaire Claude Monet à Mohammedia.

Le groupe scolaire Claude Monet, à Mohammedia, affilié à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE).. Treal Cecile / Ruiz Jean-Michel

Le mercredi 27 septembre signait l’acte II de l’affaire de maltraitance de collégiens qui s’est déroulée au sein du Groupe scolaire Claude Monet, à Mohammedia. Mais sous le calme apparent qui règne depuis la reprise des cours, le 2 octobre, la colère des parents ne faiblit pas.

Le 04/10/2023 à 10h09

Après plusieurs jours de rassemblement pour manifester leur colère et exiger la démission de Tony Meistermann, proviseur du groupe scolaire Claude Monet, affilié à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), et son équipe administrative, les représentants des associations de parents d’élèves ont finalement été reçus, à la demande de Christophe Lecourtier, ambassadeur de France, au sein de l’ambassade de France de Rabat.

Très attendue, cette rencontre, qui faisait suite aux nombreux courriers de plainte adressés par les parents d’élèves, notamment à l’ambassade de France, l’AEFE et au Service de coopération et d’action culturelle (SCAC), a réuni autour d’une même table de discussion les présidents des trois associations de parents d’élèves, des représentants des services centraux de l’AEFE, présents quant à eux par visioconférence, des représentants du SCAC, ainsi que Bruno Eldin, inspecteur d’Académie, conseiller adjoint de coopération et d’action culturelle en charge de l’enseignement français au Maroc.

Un premier pas et beaucoup d’attentes

À en croire le courrier destiné à la «communauté du Groupe scolaire Claude Monet de Mohammedia», envoyé par Bruno Elfin au lendemain de cette rencontre, et dont Le360 détient une copie, la réunion se serait «déroulée dans un climat serein et respectueux de la parole de chacun».

Il aurait ainsi été acté, suite à cette rencontre décidée en urgence le matin même, «l’organisation d’une mission d’analyse conduite par l’AEFE au sein de l’établissement, le vendredi 6 octobre prochain».

Entre-temps, quelques parents signataires de lettres envoyées en leur nom personnel ont été contactés personnellement par l’AEFE, afin de leur donner rendez-vous, vendredi 6 octobre, dans les locaux du collège Claude Monet pour une entrevue de quinze minutes chacun.

Pour rappel, le 22 septembre au matin, l’ensemble des élèves du collège a été humilié et maltraité, en étant obligés à s’asseoir à même le sol dans la cour, sous la pluie et pendant une heure, en réaction au «manque de respect» dont auraient fait preuve certains parents lors d’une réunion parents-professeurs tenue la veille, et dont Le360 se faisait l’écho dans un précédent article.

Des directives qui ne passent pas

Cette rencontre serait en soi une bonne nouvelle pour les parents qui, à la lecture des premières lignes de ce compte-rendu sommaire, osaient espérer un heureux dénouement. Mais le dernier paragraphe du message qui leur est destiné a provoqué l’effet inverse, selon les témoignages de parents récoltés par Le360. En effet, précise Bruno Eldin dans son courrier, «cette mission doit se tenir dans un climat qui sera redevenu serein le lundi 2 octobre au matin, au sein de l’établissement et dans ses abords, dans l’intérêt de tous les membres de la communauté scolaire».

Autrement dit, le collectif des parents, qui avait bien l’intention, comme l’annonçait Le360 la semaine dernière, de poursuivre sa mobilisation aux portes du collège chaque matin et chaque fin d’après-midi, s’est vu contraint à un choix: poursuivre la mobilisation et risquer que la mission annoncée n’ait pas lieu, ou suivre la directive de l’ambassade de France et faire profil bas jusqu’à la tenue de la réunion du 6 octobre.

«Ne plus communiquer auprès de la presse»

C’est ainsi que ce dernier paragraphe a été interprété, selon les témoignes récoltés auprès de parents qui ne décolèrent pas. «Cette phrase est une menace destinée aux parents et aux élèves, afin que les autres membres de la communauté scolaire, à savoir la direction et l’équipe, soient tranquilles», analyse un parent d’élève.

La phrase en question est jugée «insultante et inadmissible», car poursuit-on, «pour avoir un climat serein, le minimum aurait été la suspension de la personne impliquée, à savoir le proviseur et la CPE, dans l’attente de la commission et du déroulement de l’enquête». En effet, «c’est la procédure standard dans ce type de situation», argue ce parent d’élève qui considère le maintien de l’équipe en place, même provisoire, «comme un cautionnement tacite des actes commis».

Autre directive qui ne passe pas, et que l’ambassade de France s’est bien gardée d’écrire noir sur blanc, mais qui a été clairement formulée lors de l’entrevue de mercredi dernier, apprend Le360 de source informée: ne plus communiquer auprès de la presse.

Pour cette maman, le fait qu’il soit demandé aux parents de ne plus diffuser d’informations à la presse sur cette affaire est «inadmissible» car, estime-t-elle, «il s’agit d’une atteinte à nos droits les plus élémentaires, en l’occurrence notre liberté d’expression». L’ambassade de France chercherait-elle à étouffer ce scandale? C’est la question qui se pose.

Une seule demande: que justice soit faite!

La réunion du 6 octobre se déroulera-t-elle dans un climat apaisé? Les parents d’élèves le souhaitent vivement, mais ce qu’ils espèrent surtout, c’est que ladite rencontre aboutisse au renvoi de l’équipe de direction de l’établissement. Une exigence des parents d’élèves qui n’a toujours pas changé et qui ne changera pas à les en croire, bien déterminés qu’ils sont à reprendre la mobilisation si leur demande n’aboutit pas.

En attendant, une décision de l’ambassade de France et de l’AEFE quant au maintien des équipes incriminées au collège Claude Monet, la justice marocaine s’est saisie de l’affaire. Comme l’annonçait Le360 la semaine dernière, des parents d’élèves ayant porté plainte auprès des autorités marocaines pour maltraitance, mais aussi pour harcèlement de leurs enfants par la direction et l’équipe administrative du groupe scolaire, ont été reçus mercredi dernier par le procureur du roi de Mohammedia. Ils ont été auditionnés hier mardi 3 octobre, apprend-on de source informée, par la police judiciaire dans le cadre d’une enquête.

Affaire à suivre…

Par Zineb Ibnouzahir
Le 04/10/2023 à 10h09

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Quelles sont les suites de cette affaire ? Une "enquête" de l'AEFE ne devait-elle pas avoir avec rencontre avec un responsable le vendredi 6 octobre ? Ou alors, les parents d'élèves se sont conformés aux injonctions de l'ambassade de France leur demandant de ne plus parler à la presse ?

Bonjour; Je suis vraiment surpris par la lâcheté des parents d'élèves qui au lieu de poursuivre l'établissement en justice pour harcèlement de mineurs ; ils se pavanent en une réunion avec les représentants de l'ambassade.

Et pour le nouveau statut unifié des enseignants qui a suscité une grève générale des enseignants et des enseignantes!!??

Comment un staff éducatif issue d'un pays en pleine décadence,se permet de rester dans cette position hautaine ? N'y a t'il pas là un problème psychiatrique à soigner en urgence ?

Les français ne veulent pas perdre la face...c'est grave et inquiétant d'être borné à ce point. Ils n'ont pas encore compris que le Maroc est au dessus !

Merci beaucoup pour votre commentaire, mais ici ça se passe au Maroc et non en france, réfléchissez un peu ...

L’éducation française dehors , à nous les anglais et les chinois et surtout l’éducation arabo-musulmane sans être trop ...

What are you waiting for to write in English, instead of speaking stupidly.

Peine perdue, et intimider les gens en secret ne servira a rien. Les marocains et parents d'eleves se feront un plaisir de parler a la presse et faire parler ces francais qui essayent d'etouffer la controverse en esperant que les gens oublient - peine perdue, cela continuera et s'aggravera si l'AEFE et l'embassade continuent de faire les fiers comme des gouverneurs coloniaux.

Le néo-colonialisme dans toute sa splendeur . Ces Monsieur nous donnent des consignes maintenant. Mais la faute incombe aussi aux parents qui restent dans ce types d écoles . sans élèves ils feront la leçon aux mouches .

Je me demande pourquoi toujours courir deriere les écoles dites françaises qui maltraite nos élèves A bon entendeur salut

Je suis désolé.. mais personne n'oblige ces gens là d'inscrire leurs enfants dans ces établissements qui ne sont là que pour propager et répandre une culture du colonisateur en méprisant les "autochtones" qui veulent bien payer des mensualités astronomiques pour se faire dire qu'ils ont des enfants au lycée français..

Force est de constater que le dialogue est stérile sinon discriminatoire envers les parents. Proroger le temps des négociations est une pratique qui nuit aux droits et aux attentes. L'absence du tissu associatif et des responsables locaux fait que le problème est pris à la légère côté Français au point de faire régner leurs lois a l'encontre des parents et des élèves. Disperser les réclamations ne peut résoudre le problème mais mettre fin aux comportements abusifs de la direction de l'école est la moindre des choses. Mais au fait qu'en est il des séquelles psychologiques des enfants et leur impact sur le parcours scolaire? Il paraît que le directeur a dit à une femme qu'elle est sur un sol francais nuance qu'il est en état de droit il a oublié qu'il est sous un ciel MAROCAIN

On ne lâche rien face à cette France arrogante et donneuse de leçon de morale, de démocratie et de liberté d'expression. L'ambassade de France veut mettre sous scellé la parole des élèves et de leurs parents et museler les plaignants. Poursuivez votre combat pour le respect de la dignité et pour l'honneur.. La lutte est juste. Si ce scandale avait eu lieu en France, il y longtemps que le ministre de l'EN se serait saisi de l'affaire et toute l'équipe mise à pied.

De mieux en mieux on touche le fond ! Ou à t'on vu une équipe pédagogique mécontente des réactions légitimes de parents s'en prendre honteusement à leurs enfants en les laissant le lendemain une heure assis sous la pluie...? L'éducation nationale française malheusement préfère se retrancher dans le non dit et le silence..voir la menace! Sauf que la maltraitance d'enfants sous la responsabilité d'adultes en ayant la charge...est punissable de part la loi..en France comme au Maroc, ce que s'emploie désormais la police judiciaire marocaine. Le proviseur globe trotter du dunkerquois risque de mesurer les conséquences de tels actes devant un tribunal marocain!

Aucune mesure contre le proviseur et même pas le droit de parler à la presse, ils cherchent à nous faire comprendre qu’on est toujours colonisés et qu’ils sont supérieurs, apparemment c’est la mission des écoles françaises, j’espère que les parents d’enfants ayants subi cet acharnement ne lâcheront rien et iront chercher justice au tribunaux et non auprès de l’ambassadeur car ils risquent de subir le même traitement que leurs enfants, cette fois ça sera dans la cour de l’ambassade à même le sol

Parents d'élèves, restez unis! En contre partie des souffrances morale et physique subies par ces enfants, il n'y a que les départ de leurs tortionnaires qui pourra nous apaiser! Vive le Maroc!

Olé… les français ! Un dictons qui dit : « quand on touche le fond on creuse » ! Pas du tout étonnant que ces Petits esprits envoyé par l’hexagone veulent étouffer ce scandal, après Descartes… place à Claude monet… de grandes figures de la culture française éclaboussé par de simple esprits ! Quelle décadence 🙄

On reconnaît ici les pratiques des responsables de l'éducation nationale en France : pas de vague !! On demande aux parents de se tenir à carreau sans quoi rien ne sera fait. J'espère que ces parents ne vont pas se laisser faire ou intimider !!

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