Le projet de loi sur la profession d’avocat suscite une levée de boucliers

Robe d'avocat.. DR

Revue de presseLa vive controverse suscitée par le projet de réforme de la profession d’avocat refait surface. Le refus catégorique du Conseil de l’Ordre des avocats de Casablanca, dénonçant une atteinte à l’indépendance du barreau et une méthodologie contestée, pourrait annoncer une opposition généralisée et interroge profondément sur l’avenir de cette profession essentielle à l’État de droit. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 23/12/2025 à 17h45

Le projet de loi portant sur l’exercice de la profession d’avocat a réveillé avec acuité un débat latent au sein du barreau marocain. L’étincelle fut l’expression, par le Conseil de l’Ordre des avocats de Casablanca, d’un rejet sans équivoque du texte en circulation. Saisi de «sérieuses inquiétudes» quant à l’avenir et à l’indépendance de la profession, l’instance ordinale a, lors de sa séance de ce lundi 22 décembre, vigoureusement dénoncé un texte dont la genèse comme le fond lui paraissent entachés.

Les membres du Conseil estiment que plusieurs dispositions du projet portent atteinte aux acquis historiques de la profession, à son indépendance cardinale, ainsi qu’aux principes universellement reconnus qui la régissent, rapporte Al Akhbar de ce mercredi 24 décembre. Cette réforme serait perçue comme un «sérieux retour en arrière», invalidant le processus législatif patiemment construit depuis la première loi autonome régissant le barreau.

Les avocats déplorent une «ambiguïté» persistante, tant dans la substance du texte que dans la méthodologie ayant présidé à son élaboration. Cette opacité, couplée à l’exclusion des Conseils professionnels d’un débat pourtant «de nature structurelle», n’a fait qu’exacerber l’inquiétude au sein des instances ordinales. Le Conseil de Casablanca y voit une contradiction manifeste avec le principe de représentativité démocratique.

Plus fondamentalement, il redoute que l’adoption de certaines clauses ne fragilise les assises de l’État de droit et n’érode le rôle constitutionnel dévolu à l’avocat. La garantie des droits de la défense et la protection des libertés individuelles, piliers du système judiciaire, pourraient s’en trouver compromises, selon le Conseil.

Dans ce climat de défiance, les observateurs pressentent que la ferme position du barreau de Casablanca pourrait cristalliser une opposition plus large au sein des autres Conseils régionaux, à moins qu’un débat transparent et inclusif ne soit rapidement instauré. Un tel dialogue apparaît comme la condition sine qua non pour restaurer la confiance envers la profession et dissiper les brumes soulevées par ce projet, indique Al Akhbar.

Cette crise interpelle également quant à la cohésion future de la profession, suscitant des interrogations sur la relation entre les Conseils locaux et le bureau de l’Association des Barreaux du Maroc (ABAM), ainsi que sur la capacité de l’organisation à forger une position unifiée face à une réforme touchant à l’un des piliers essentiels de la justice.

Par Hassan Benadad
Le 23/12/2025 à 17h45