Faut-il autoriser une mère de famille voilée à accompagner des enfants en sortie pédagogique? Faut-il permettre à des femmes voilées de participer à des compétitions sportives? Et par voile, les médias désignent un foulard cachant les cheveux, sans que le visage ne soit couvert. Ce sont des questions qui reviennent souvent dans les médias français.
Sonia Mabrouk, journaliste franco-tunisienne, a fait une déclaration inattendue, surtout dans un paysage médiatique où il n’y a plus de nuances ni d’intelligence dès qu’il s’agit d’Islam. Elle est musulmane et considère cette religion comme un rempart contre la bêtise et la cruauté des hommes. Sonia Mabrouk est une star de la chaîne d’information de Vincent Bolloré, CNews, connue pour son radicalisme politique, à droite.
Elle a rendu hommage à l’Islam en tant que religion et spiritualité qui l’a aidée dans sa vie quand elle a eu à vivre des épreuves. Elle fait bien la distinction entre Islam et islamisme. Mais en Europe, cette distinction est de plus en plus oubliée, voire effacée. Pas uniquement par l’extrême droite. L’islam est rejeté. Il est enveloppé sous un tas de préjugés. Et ce, malgré tout ce que font certains imams modérés, agissant pour la coexistence et la compréhension mutuelle. Mais les clichés ont la peau dure. Rien à faire. L’Islam est gravement blessé et aucun médecin ne parvient à lui rendre son visage vrai.
Décidément, l’Islam est au niveau de «la chose qui fait peur». On vous sort tout de suite les femmes opprimées en Afghanistan par les talibans, la répression féroce exercée par le régime iranien à l’égard de celles refusant de porter le tchador, etc.
Une pédagogie s’imposerait surtout dans la sphère médiatique. Quand Éric Zemmour dit tranquillement à la télé que «toute femme voilée, c’est une mosquée qui se déplace», personne ne réagit pour rectifier, pour lui dire qu’il y a là une vision raciste des musulmans. Rien. On laisse passer.
En ce moment, la question du port du voile dans les épreuves sportives agite les politiques. Le problème a été posé au Premier ministre. Réponse: tout port de signe religieux est interdit en France.
«l’Islam est accusé de tous les maux. L’Islam et ses dérives. L’Islam et ses détournements. Cette confusion est entretenue par tout le monde. Elle est entrée dans le langage et dans la vision des religions.»
J’étais l’autre jour à Londres. Il faisait beau. Un ami m’a dit: «Viens, on va se promener dans cette belle ville». Effectivement, Londres est superbe. Voilà que je remarque dans la foule des personnes habillées selon les traditions de leur pays d’origine. Ainsi, des Sikhs portant un imposant turban organisent la circulation sans que personne ne les agresse à cause de leur tenue. Des femmes portant un tchador, d’autres un voile leur couvrant le visage, vivent et travaillent sans que leur présence ne soulève des protestations.
Pas de loi qui leur interdit de porter un voile ou un turban. Tolérance absolue. Cela ne fait pas la Une des journaux ni des débats au Parlement. Et tout le monde vit en paix sa foi, sa croyance, sa vision du monde. Du moins en apparence. Je n’ai pas fait d’enquête. Je me suis tenu à ce que me disait cet ami londonien. L’Islam n’est pas une provocation ou une insulte.
Telle est l’Angleterre. Les gens se mélangent et apparemment, malgré des attentats atroces commis par des terroristes appartenant à la mouvance dite «islamiste» de Daech, personne ne se méfie de l’Islam.
Cette situation est confortable. Alors, pourquoi en France toute la classe politique s’agite depuis 1989, depuis que deux jeunes filles sont arrivées au lycée portant un foulard? Depuis, l’Islam est accusé de tous les maux. L’Islam et ses dérives. L’Islam et ses détournements. Cette confusion est entretenue par tout le monde. Elle est entrée dans le langage et dans la vision des religions.
Cependant, le racisme qui a progressé ces dernières années est l’antisémitisme. Une dizaine de juifs ont été assassinés sur le sol français depuis que Mohamed Merrah a tué, le 19 mars 2012, des juifs, dont trois enfants, à l’entrée du lycée juif Ozar Hatorah à Toulouse.
La semaine dernière, le rabbin d’Orléans, Arié Engelberg, a été agressé dans la rue, frappé, battu, parce qu’il portait une kippa. Ce sont deux passants musulmans qui sont venus à son secours et ont permis l’arrestation de l’agresseur.
Tout cela pour vous dire que la violence du racisme quotidien est loin d’être maîtrisée. Et pourtant, un nombre important de lois existent punissant l’incitation à la haine raciale.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte