Pas chère et addictive, l’boufa gagne en popularité au Maroc. Vendue à 50 dirhams le fix, elle provoque une sensation de bonheur intense et une euphorie immédiate, séduisant ceux en quête d’une évasion de leur quotidien. Toutefois, cette sensation est de courte durée et dissimule un fort potentiel d’addiction.
Dans un récit pour Le360, un consommateur décrit son expérience avec l’boufa comme «une descente aux enfers». Cette drogue, initialement utilisée comme une échappatoire, est devenue un piège. L’augmentation rapide de sa consommation a entraîné une emprise de plus en plus forte, le plongeant dans un cycle de dépression. Les effets sur sa santé mentale et physique étaient «désastreux».
«Mon histoire avec l’boufa a débuté par une simple curiosité. Mais rapidement, je me suis retrouvé pris dans une spirale descendante. Les effets plaisants et l’illusion de bonheur qu’elle procurait m’ont entraîné dans une consommation de plus en plus régulière. J’ai rapidement perdu le contrôle, incapable de résister à l’envie de me droguer encore et encore», témoigne-t-il.
Il poursuit: «Je me sentais totalement déconnecté de la réalité qui m’entourait. J’oubliais les besoins élémentaires comme manger et boire, car la seule chose qui comptait était ma prochaine dose de l’boufa. Aujourd’hui, je suis en lutte constante pour me libérer de l’emprise de cette drogue à l’hôpital psychiatrique Errazi de Berrechid.»
L’une des caractéristiques les plus alarmantes de l’boufa est sa capacité à créer une dépendance rapidement. Les utilisateurs, en quête d’euphorie, développent rapidement une addiction. Un constat confirmé par Mohamed Redouani, médecin dans un centre d’addictologie à Sidi Moumen.
Lire aussi : L'boufa, cette nouvelle drogue dure et bon marché qui fait des ravages parmi les adolescents au Maroc
«Le “rush” ou “flash” immédiat produit par l’inhalation de l’boufa est décrit par ses utilisateurs comme une montée rapide d’euphorie et d’énergie, souvent suivie d’effets secondaires graves tels que des crises d’anxiété, des attaques de panique, des hallucinations et la paranoïa. L’addiction, d’abord psychologique, évolue vers une dépendance physique, rendant les symptômes de sevrage d’autant plus durs à surmonter», explique le spécialiste.
عينات من البوفا تم حجزها خلال عملية أمنية بالفداء. DR
Avec le temps, l’utilisation fréquente de cette drogue peut entraîner une dépendance physique. «Le cerveau s’adapte à la présence de la drogue et commence à exiger des doses de plus en plus élevées pour ressentir les mêmes effets. L’arrêt brutal de la drogue provoque alors un ensemble de symptômes de sevrage intenses, tels que la dépression, l’anxiété, l’irritabilité, la fatigue extrême et des envies intenses de crack», ajoute ce médecin.
Une drogue de plus en plus consommée
De plus en plus de personnes se tournent désormais vers la consommation de l’boufa. Selon la directrice du laboratoire national de la police scientifique et technique de Casablanca, Hakima Yahya, pas moins de 34% de plus de 700 échantillons soumis à des analyses, que ce soit par la police judiciaire ou les tribunaux, dans ce laboratoire, se révèlent être l’boufa.
Abderrazak Cheniate, responsable du service des drogues au laboratoire national de la police scientifique et technique de Casablanca, explique ce process: «Après réception des échantillons de drogues, notre travail commence par une série d’analyses rigoureuses. La première étape de notre processus consiste à identifier le type de drogue et sa forme. C’est une étape cruciale pour comprendre la nature de la substance que nous avons entre les mains. Pour ce faire, nous utilisons la spectrométrie infrarouge, une technique qui nous permet de déterminer si la drogue est sous forme basique ou sous forme de chlorhydrate.»
Lire aussi : Terrorisme, criminalité, trafic de drogue, coopération... le bilan de la DGSN en 2023
Après l’identification du type et de la forme de la drogue, vient une autre phase cruciale de l’analyse: la détermination de la concentration de cocaïne. «Cette étape nous permet d’évaluer la pureté de la drogue, un facteur essentiel pour comprendre son potentiel de dangerosité. L’boufa, c’est le nom sous lequel est connue cette drogue au Maroc. Cependant, il est important de noter que dans d’autres pays, elle porte d’autres noms, tels que “freebase” ou “crack”», détaille-t-il.
Mehdi Razik, commissaire de police à la wilaya de Casablanca, confirme, lui aussi, une augmentation alarmante des consommateurs de l’boufa, soulignant que cette drogue est préparée localement, un signe inquiétant de son enracinement dans la société.
De son côté, Mohammed Ben Bella, commandant de la brigade de la police judiciaire d’Al Fida-Mers Sultan, met en avant les efforts des forces de l’ordre pour contrer ce fléau: «Des opérations de sécurité sont menées régulièrement, aboutissant à des arrestations significatives, dans l’espoir de limiter le trafic de l’boufa dans la région.»