L'boufa, cette nouvelle drogue dure et bon marché qui fait des ravages parmi les adolescents au Maroc

L'boufa (des déchets de cocaïne), est une drogue dure qui, si elle n'est pas consommée par ceux qui en sont dépendants, entraîne des frissons et de graves crises de manque. De nombreux jeunes, dont des lycéens, se retrouvent aujourd'hui sous son addiction.

L'boufa (des déchets de cocaïne), est une drogue dure qui, si elle n'est pas consommée par ceux qui en sont dépendants, entraîne des frissons et de graves crises de manque. De nombreux jeunes, dont des lycéens, se retrouvent aujourd'hui sous son addiction. . Saïd Bouchrit / Le360 (capture image vidéo)

Le 24/10/2022 à 07h01

VidéoVendue à 50 dirhams le fix, «L'boufa» est une drogue dure qui fait de plus en plus de ravages dans les écoles du Maroc. A Casablanca, le directeur du centre psycho-social «Non aux psychotropes», dans le quartier de Ain Sebâa, témoigne des effets destructeurs de cette drogue.

L'Boufa est un vrai danger pour les élèves du Maroc, explique, interrogé par Le360, Abdelmajid El Qadiri, président de l’ONG «Non aux psychotropes», dont les locaux se trouvent à Ain Sebâa.

Ce militant associatif de la banlieue de Casablanca indique que ce psychotrope, que consomment bien des jeunes s'assimile au crack, une drogue dure, qui se fume, et qui est très présente aux Etats-Unis.

En fait, décrit-il, «ce sont des déchets de cocaïne. Lorsqu’un jeune devient accro, il se met à avoir des frissons [en cas de crise de manque, Ndlr]. Nous avons reçu plusieurs cas dans cet état, ici, au centre. Une fois qu’il a ces frissons, s’il ne consomme pas [de nouveau] cette drogue, il peut commettre l’irréparable», détaille Abdelmajid Qadiri. 

«Cette drogue plaît aux jeunes. Mélangée à de l’eau dans une petite bouteille et aspirée via un tube de stylo bille vidé de l'encre qu'il peut contenir, elle leur procure une sensation de plaisir», explique le directeur de l'ONG «Non aux psychotropes», qui précise aussi que «cette drogue influe sur la dopamine». Sa consommation quotidienne, explique-t-il, développe une addiction qui fait que le drogué est capable de n’importe quoi pour s’en procurer.

Le pire, selon Abdelmajid Qadiri, c’est que le prix de cette drogue, qui se vendait auparavant à 300 ou 400 dirhams, a chuté de moitié. Elle ne coûte à présent qu'entre 50 et 150 dirhams.

«Au début, tu sens que tu est maître de l’univers, mais une fois qu’on devient accro, c’est terrible. C’est la pire des drogues que j’ai consommées de ma vie», témoigne, interrogé par Le360, un ancien drogué.

Ce jeune a décidé d’arrêter de se droguer à L'boufa, au lendemain d’un épisode qui lui est arrivé alors qu'il se trouvait sous l'emprise de cette drogue. «Nous étions en groupe, il y a eu une grosse bagarre, ça a fini au commissariat pour plusieurs d’entre nous. J’ai décidé de ne plus y toucher. C'est destructeur».

Un autre jeune, qui a bénéficié une cure de désintoxication à l’hôpital d’addictologie de Casablanca, se souvient de cette période noire de sa vie, où, lycéen, il consommait plusieurs drogues, dont L'boufa. «J’ai eu recours à plusieurs autres drogues, des psychotropes, du cannabis, de l’alcool, mais finalement et fort heureusement, j’ai été en désintoxication à l’hôpital, et j’ai cessé d’utiliser toutes ces drogues…».

Par Hafida Ouajmane et Said Bouchrit
Le 24/10/2022 à 07h01