Hajj 1445: 1.078 pèlerins «clandestins» décédés, selon les autorités saoudiennes

Pèlerinage à La Mecque, lors de l'accomplissement des rites du hajj devant la Kaâba.

Revue de presseAu pèlerinage du hajj de cette année 1445 dans les lieux saints de l’islam, 83% des personnes décédées n’étaient pas enregistrées par les autorités saoudiennes, et avaient donc séjourné «clandestinement» dans le pays. Un appel a été lancé pour l’ouverture d’une enquête, afin de sanctionner des agences de voyage soupçonnées de «vendre» des visas non réglementaires. Une revue de presse d’Assabah.

Le 26/06/2024 à 21h46

Les autorités saoudiennes coordonnent actuellement l’action à mener avec leurs homologues de différents pays d’Afrique et d’Asie, pour trouver une solution aux problèmes des trafics de visas pour le Hajj, relaie Assabah de ce jeudi 27 juin.

Selon le quotidien, la responsabilité de cette situation incombe à des personnes qui se livrent à des intermédiations dans le trafic de ces visas spéciaux, principale cause des centaines de décès survenus à La Mecque et à Médine, cette année.

«Ces personnes abusent de la bonne foi de ceux qui souhaitent accomplir leur hajj et les envoient à la mort», dénonce Assabah, qui a interrogé à ce propos un responsable du ministère du Tourisme.

Le fonctionnaire, qui a requis l’anonymat, a préféré éluder les questions posées, au prétexte de «ne pas être au fait de ces choses-là», tout en demandant un délai supplémentaire «pour se renseigner».

Un autre interlocuteur sollicité par le quotidien et occupant un poste à responsabilités à la Fédération des agences de voyage a, quant à lui, refusé de répondre aux questions qui lui étaient posées.

Selon une source informée interrogée par Assabah, les agences de voyage qui n’avaient pas bénéficié du quota dévolu au Hajj de cette année 1445, défini à 250 places, ont eu recours à certaines méthodes détournées, au prétexte d’«aider» certains Marocains souhaitant accomplir les rites du pèlerinage, en leur faisant contourner les formalités officielles.

Selon ce même interlocuteur, le nombre des agences de voyage homologuées qui ont participé à l’opération du Hajj de cette année 1445 est d’à peine 31 agences, alors que, l’an dernier, celles-ci étaient au nombre de 160.

À l’origine de cette baisse drastique, le nouveau cahier des charges entre-temps adopté pour leur homologation, qui limite considérablement la concurrence qu’elles se livrent.

Pour ce même interlocuteur, une enquête doit nécessairement être diligentée, afin que les agences impliquées dans ce trafic et ayant enfreint ces dispositions soient traduites en justice, pour juger de leur responsabilité indirecte dans le décès de Marocains au cours du hajj de cette année.

Le quotidien cite le cas de l’Égypte, où les résultats d’une enquête rapidement menée ont abouti au retrait de l’agrément accordé à 16 agences de voyage qui avaient fait délivrer des visas électroniques pour l’Arabie Saoudite, non valables pour l’accomplissement du Hajj.

Ce sont justement ces pèlerins non enregistrés par les autorités saoudiennes, issus de différents pays, dont le Maroc, et qui ne disposaient pas d’un badge attestant de leur statut de pèlerin, qui ont perturbé le déroulement des rites.

Bien que des mesures de sécurité aient été prises pour assurer le bon déroulement de certains des rites du pèlerinage, tout particulièrement dans la vallée de Mina, lors de lapidation symboliques des stèles de Satan, les forces de l’ordre saoudiennes qui étaient déployées dans ces lieux n’ont pu contenir le nombre important de pèlerins clandestins, indique Assabah.

Les laissez-passer que devaient arborer les pèlerins ne sont pas des badges superflus, souligne le quotidien, qui précise qu’il s’agissait là d’«un moyen d’identification, d’organisation, de régulation et de facilitation de l’opération» pour que chacun d’entre eux soit orienté vers le site où il devait se trouver, tout au long de l’accomplissement des rituels du hajj.

L’anarchie qui a eu lieu à certains moments a donc été provoquée par des trafiquants de visas non conformes, et a conduit au décès de plusieurs centaines de personnes, dénonce Assabah.

Sur le bilan des 1.300 personnes décédées annoncé par les autorités saoudiennes, 1.078 n’avaient pas été enregistrées auprès des autorités en charge de l’organisation du Hajj.

Ces pèlerins «clandestins» représentent ainsi 83% des décès recensés, indique le quotidien, qui ajoute que, suite à ces drames, il a été difficile de déterminer leur identité, car les défunts ne portaient pas, comme cela avait été initialement prévu, un badge pourvu de puces équipées d’un système de Géolocalisation par satellite (GPS), obligatoire pour l’ensemble des pèlerins dûment enregistrés par les autorités saoudiennes.

Par Amyne Asmlal
Le 26/06/2024 à 21h46