Équations de l’eau: comment trouver l’équilibre entre rareté et accès équitable

Lors d’une rencontre organisée le jeudi 25 mai à Casablanca par la publication Aujourd’hui le Maroc, des experts ont exposé le modèle de gestion du Royaume de ses ressources hydriques.

Le 26/05/2023 à 17h45

VidéoLa sécheresse accrue et les conséquences du changement climatique appellent le Maroc à revoir son approche de la gestion de ses ressources hydriques. Lors d’une rencontre organisée le jeudi 25 mai à Casablanca par la publication Aujourd’hui le Maroc, des experts ont exposé la gravité de la situation, marquée par un recul pluviométrique sans précédent et un déficit important en termes d’approvisionnement en eau.

Les défis liés à la rareté croissante de l’eau et aux répercussions du changement climatique exigent du Royaume une réévaluation profonde de sa stratégie de gestion des ressources hydriques. Cette préoccupation a été au cœur d’une rencontre, organisée le jeudi 25 mai par la publication Aujourd’hui le Maroc. Les débats ont mis en évidence la complexité des enjeux entourant les ressources hydriques et souligné l’urgence d’une action collective et coordonnée.

Ouvrant la rencontre, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a donné le ton en abordant les nouvelles dynamiques qui seront déployées pour résoudre la problématique de l’eau au Maroc, intégrant des approches telles que le dessalement et la réutilisation des eaux usées pour répondre aux besoins en eau potable et en irrigation.

Le ministre a également insisté sur l’urgence de s’inscrire dans une logique d’efficience hydrique, au niveau des différents secteurs économiques, mais aussi au niveau des citoyens. Le troisième axe de son intervention portait sur la préservation et la recharge des nappes souterraines à travers l’implantation de barrages collinaires, et le maintien de la politique des grands barrages comme l’un des axes fondamentaux de la stratégie du Royaume.

Pour sa part, Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), a relevé que le Maroc a dû réviser son modèle de gestion de l’eau en raison de plusieurs années consécutives de sécheresse et d’un déficit dépassant les 50% en approvisionnement en eau.

Il a surtout mis l’accent sur l’accélération des projets liés aux nouvelles technologies, notamment le dessalement, et la prise en compte la question de la variable énergétique, car une grande partie du coût de production de l’eau est liée à l’énergie électrique, engendrant une dépendance vis-à-vis des marchés des combustibles.

De son côté, Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), a centré sa discussion sur le rôle de l’agriculture dans la consommation d’eau. Bien que souvent critiqué pour sa consommation, ce secteur reste incontournable, a insisté le professionnel.

Un enjeu crucial

Houria Tazi Sadeq, présidente de la Coalition marocaine de l’eau (Coalma), a quant à elle relevé l’intérêt d’adopter une approche globale et concertée pour préserver la ressource hydrique, tout en assurant un accès équitable pour tous.

Rappelons que, selon la Banque mondiale, le Maroc fait partie des pays les plus touchés par le stress hydrique. Les événements récents ont montré que les solutions techniques ne suffisent plus à protéger l’économie contre les chocs climatiques et signalé la nécessité d’adopter des politiques complémentaires, qui tiendraient compte de la véritable valeur des ressources en eau et encourageraient des usages plus efficients et plus raisonnés.

Ces réformes prévoient notamment de fixer le prix de ressources hydriques devenues plus rares à une valeur idoine, de mettre au point des mécanismes efficaces d’allocation de l’eau, par exemple au moyen d’un système de quotas négociables, et de produire des données détaillées sur les ressources hydriques et leur utilisation.

Par Hajar Kharroubi et Anas Zaidaoui
Le 26/05/2023 à 17h45