Élèves maltraités au collège Claude Monet de Mohammedia: des plaintes déposées et une première réaction de l’ambassade de France

Des parents d'élèves manifestent devant le Groupe scolaire Claude Monet, à Mohammedia, le 25 septembre 2023.

Des parents d'élèves manifestent devant le Groupe scolaire Claude Monet, à Mohammedia, le 25 septembre 2023.

Alors que les parents d’élèves du collège Claude Monet de Mohammedia continuent leur mobilisation avec pour exigence la démission du principal de l’établissement et de la conseillère principale d’éducation, l’ambassade de France a contacté ce matin les représentants des associations de parents d’élèves pour une rencontre à Rabat. C’est l’acte II d’une affaire loin d’être anodine.

Le 27/09/2023 à 12h38

Une lumière serait-elle en train de poindre au bout du tunnel pour les parents d’élèves du collège Claude Monet, établissement situé à Mohammedia et relevant de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE)? Après plusieurs jours de mobilisation devant le groupe scolaire, la lettre envoyée par le collectif de parents à l’ambassadeur de France à Rabat a enfin reçu une réponse.

Ainsi, apprend Le360 de sources informées, les trois associations de parents d’élèves «viennent de recevoir une invitation à la demande de l’ambassadeur, pour une rencontre au SCAC avec des représentants de l’AEFE». Cette réunion d’urgence aura lieu ce mercredi 27 septembre à 16 heures. Pour les parents, qui ont par ailleurs reçu hier la facture des droits trimestriels à régler, cette rencontre est un premier pas vers, espèrent-ils, la résolution du problème: la démission du proviseur et de son équipe administrative.

Pour rappel, vendredi dernier au matin, l’ensemble des élèves du collège a été humilié et maltraité, en étant assis à même le sol dans la cour, sous la pluie, pendant une heure, en réaction au «manque de respect» dont auraient fait preuve certains parents lors d’une réunion parents-professeurs tenue la veille et dont Le360 se faisait l’écho dans un précédent article.

Le fait que le proviseur ait tenté de justifier cet incident par «une visée pédagogique mal comprise par les parents» et imputé (à tort) cette action aux professeurs a amplifié l’indignation des parents, qui se sont sentis insultés par ce courrier.

Pour l’heure, apprend Le360, plusieurs parents ont déposé plainte pour «maltraitance» de leurs enfants et ont été reçus ce matin par le procureur du Roi à Mohammedia. Les audiences des parents sont toujours en cours à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Bien que l’établissement tente de désamorcer l’incident, le fait est que les témoignages d’enfants attestent du choc émotionnel ainsi que de leur sentiment d’humiliation. Selon plusieurs parents interrogés par Le360, certains enfants en auraient souffert au point de faire une crise d’asthme, de contracter une grippe ou encore de devoir être admis en consultation chez un psychologue le jour même, quand ce n’est pas à la clinique!

Le profil du proviseur atteste d’une grosse erreur de casting

Si les manifestations des parents s’arrêteront cette semaine en raison de l’Aïd Al Mawlid et du week-end, période pendant laquelle l’établissement sera fermé, la mobilisation continuera cependant la semaine d’après et «pendant le temps qu’il faudra», déclarent des parents pour Le360. Car c’est la démission pure et simple de Tony Meistermann, proviseur de l’établissement, et de la CPE, K.V., accusée quant à elle par les parents de faits de harcèlement contre les enfants, qui est exigée.

D’après plusieurs sources proches du dossier consultées par Le360, l’incident gravissime du 22 septembre a été précédé de plusieurs autres avec l’équipe dirigeante de l’établissement. Cette succession de faits loin d’être anodins explique ainsi l’exigence des parents d’un départ de l’équipe, car contrairement à ce qui a été affirmé par certaines voix, le dernier incident en date n’a pas été déclenché par la vengeance d’un parent envers l’administration du groupe scolaire. «Il ne s’agit en rien d’une vengeance personnelle, la coupe est pleine», déclare une mère.

Les années précédentes qui ont marqué le mandat du proviseur actuel ont ainsi été marquées par trois incidents majeurs que les parents d’élèves ont tout d’abord souhaité gérer en interne. Mais face à cette récidive d’une gravité sans précédent, ceux-ci ont décidé de réagir avec fermeté.

Parmi les faits reprochés à Tony Meistermann, Le360 apprend qu’en 2023, celui-ci a été interpellé par les parents d’élèves au sujet d’un manuel d’histoire-géographie au programme de l’établissement, dans lequel figurait une carte tronquée du Maroc amputé de son Sahara. Face à l’exigence formulée par les parents de retirer ces manuels, le proviseur aurait réagi violemment en tapant du poing sur la table et en s’écriant: «Vous n’allez pas me casser la tête pour une histoire de pointillés!». Face à cette réponse résolument raciste et portant atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc, les parents se sont insurgés et ont tenu bon. Le proviseur, après avoir resquillé sur le fait que ce changement de manuel allait coûter 30.000 dirhams de plus à son établissement, a fini par changer les manuels.

Autre épisode tout aussi grave qui a élargi un peu plus le fossé entre les parents et le proviseur, le cas d’une élève de 6ème qui n’a pas souhaité se dénuder lors du cours de piscine dans un établissement sportif de la ville et portait une combinaison. Elle s’est alors vu refuser l’accès au cours de natation, en raison du port d’une «tenue islamique», par le chef d’établissement qui a exigé «le port d’une brassière et d’une culotte» pour des raisons «d’hygiène». S’en est suivi un long bras de fer avec la mère de la jeune fille, soutenue par les associations de parents d’élèves, qui s’est soldé par le refus obstiné du proviseur à céder.

Enfin, d’autres sources consultées par Le360 évoquent un troisième incident qui atteste d’un positionnement politique hostile au Maroc. Lors de la Coupe du monde de football, qui se déroulait au Qatar en décembre 2022, le proviseur a interdit aux élèves de porter des maillots de la sélection nationale de football ou de brandir un drapeau du Maroc, et n’a pas concédé à aménager ses horaires en fonction des matchs.

Cette prise de position n’est pas anodine, car au même moment, dans d’autres établissements français de Casablanca, comme Anatole France par exemple, qui dépend également de l’AEFE, le proviseur du collège a réaménagé l’emploi du temps de l’établissement en fonction des matchs du Maroc, n’hésitant pas à dispenser les élèves de cours pendant les matchs des Lions de l’Atlas sans avoir besoin de justificatifs d’absence. Le port du maillot national et du drapeau était même de mise pendant toute la période de la Coupe du monde. Même son de cloche au Lycée Lyautey, où le planning a été réaménagé, où l’hymne national était utilisé en guise de sonnerie de lycée et où des matchs ont été diffusés dans le cadre du complexe Beaulieu.

Autant d’incidents qui attestent d’un sentiment et d’un comportement hostiles au Maroc et aux Marocains et qui expliquent le courroux des parents, bien décidés à ne pas céder.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 27/09/2023 à 12h38