L’annonce par Chakib Benmoussa, ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, de l’ouverture au recrutement de 20.000 enseignants parmi les cadres des Académies régionales d’éducation et de formation (AREF) a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme. Cependant, cette annonce n’est pas sans entraîner quelques points d’interrogation.
Parmi ces questions, celle adressée au ministre par le président du groupe parlementaire du parti du Progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, Rachid Hamouni. Soulignant que la décision d’augmenter le nombre des enseignants est une décision «positive qui contribuera à atténuer le manque d’effectif chronique des ressources humaines dans les établissements scolaires», le président du groupe s’interroge, toutefois, sur l’approche «contradictoire» de la tutelle.
D’après Hamouni, la volonté du ministre de pallier le manque d'enseignants ne peut qu’être entravée par «l’exclusion d’un grand nombre d'étudiants et de lauréats des écoles normales supérieures (ENS), des écoles supérieures de l'éducation et de la formation (ESEF) et des facultés des sciences de l’éducation (FSE) des concours d’accès à l’enseignement à cause du critère d’âge». Selon ce parlementaire, limiter l'accès à la profession d'enseignant par l'âge serait antagoniste à la volonté gouvernementale de renforcer le corps enseignant.
Pour le député du PPS, imposer un critère d’âge aux lauréats des écoles et facultés de l’enseignement «n’a aucun fondement scientifique ou pratique». Tout au contraire, le ministère devrait œuvrer à tirer profit de ces lauréats et de leurs compétences, d’autant qu’il s’agit bel et bien de ressources humaines «qualifiées», estime-t-il.
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«Après un long parcours de formation et l’obtention de diplômes qualifiants, et vu que l’Etat a investi dans la formation de ces futurs enseignants, il aurait été plus convenable et logique que ceux-ci intègrent le métier d’enseignant dans la limite des postes disponibles», a écrit le président du groupe du PPS.
Le député, qui s'est même s’interrogé sur l’utilité et le rôle de ces institutions, si le pays ne tirera par profit des compétences formées dans ces écoles, a appelé à une révision de la condition d’âge limite fixé à 30 ans pour les candidats des concours de l’enseignement, notamment les lauréats des ENS, ESEF, et FSE.
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Depuis l’annonce des nouvelles conditions d’accès à l’enseignement, le ministre de l’Education nationale, Chakib Benmoussa, a défendu à maintes reprises et lors de plusieurs passages, que ce soit devant le Parlement ou dans des médias, sa décision de fixer l’âge maximum d’accès la profession d’enseignant à 30 ans.
Le ministre avait ainsi expliqué que ce critère permettra de mieux former les jeunes enseignants et de leur donner le temps suffisant pour développer les compétences nécessaires et acquérir l'expérience professionnelle requise pour former les futures générations.
«Les conditions d'accès aux professions enseignantes ont été redéfinies, de sorte que le cheminement professionnel de l'enseignant au sein du système éducatif soit un long chemin productif dans lequel on peut investir», avait indiqué Chakib Benmoussa, ajoutant que cette procédure a été conseillée par de nombreux rapports internationaux.
Sur le plan juridique, le ministre avait également noté à plusieurs reprises que «rien n’empêche que ces mesures soient prises. Chaque profession a besoin de ses propres règles, et vous retrouverez les mêmes conditions fixées lors des concours pour les juges ou le personnel sécuritaire».