Éducation: la grève des enseignants prolongée, les parents d’élèves voient rouge

Un collège dans la commune rurale de Ben Maâchou Oulad Abbou, dans la province de Berrechid.. MAP

Face aux mouvements de grève des enseignants cadres des Académies régionales d’éducation et de formation (AREF) et d’autres catégories, qui se poursuivent depuis près de deux semaines, les parents d’élèvent sont à la fois en colère et inquiets des répercussions de ces perturbations sur le processus d’apprentissage et sur l’avenir de leurs enfants.

Le 03/03/2023 à 09h54

L’année scolaire 2022-2023 est décidément très agitée. Dès la fin du premier semestre, la tension ne cesse de monter entre les parents d’élèves et les enseignants cadres des Académies régionales d’éducation et de formation (AREF), auparavant dits «contractuels». Ces derniers ont mené depuis le début de l’année plusieurs actions de protestation, dont la plus récente est la grève menée du 20 au 24 février dernier, qui a été renouvelée jusqu’à ce jeudi 2 mars 2023.

Pour les parents d’élèves, qui voyaient déjà rouge à cause de la «prise en otage», par les enseignants, des notes de leurs enfants au titre du premier semestre, les actions de protestation des enseignants «ont dépassé toutes les limites» et «desservent les intérêts des élèves, dont l’apprentissage a été bouleversé par les grèves», souligne Noureddine El-Akouri, président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves, contacté par Le360.

Répercussions

Ainsi, la poursuite des grèves des enseignants a anéanti les espoirs des parents d’élèves de tourner la page d’un conflit qui perdure depuis plusieurs années, aux «grandes» répercussions sur le processus éducatif. «Cette année devait être une année pour aller de l’avant après la crise du Covid-19. On s’attendait aussi à ce que l’accord signé en janvier entre les enseignants et le ministère mette fin à ce conflit qui dure depuis sept ans maintenant et où les élèves sont les seuls perdants», se désole le président de la fédération.

La situation est d’autant plus inquiétante, selon ce représentant des parents d’élèves, que l’année scolaire touche presque à sa fin, et qu’«un retard significatif est accusé par les élèves, notamment ceux des niveaux terminaux du collège et du lycée». Ce dernier déplore par ailleurs le «désengagement d’une grande partie de ces enseignants, alors que presque la moitié du deuxième semestre s’est déjà écoulée».

Ces enseignants, selon Noureddine El-Akouri, ont déjà failli à leurs engagements professionnels en boycottant la saisie des notes du premier semestre sur la plateforme Massar. «Les sanctions qui ont été prises contre ces enseignants font partie des règlements en vigueur. Leur grève, en revanche, est injustifiée», ajoute-t-il.

Protestations «légitimes»

Contacté par Le360, Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE) –Option démocratique, fait savoir que la décision de prolonger la grève intervient en réponse au silence de la tutelle face aux revendications des enseignants, ainsi qu’en réponse aux sanctions qui ont visé plusieurs d’entre eux. Ce syndicaliste signale ainsi que 500 enseignants ont été suspendus par les AREF, en raison du boycott de la plateforme Massar, alors que plusieurs ont fait l’objet de retenues sur salaires pour fait de grève. Des décisions qui, selon lui, n’ont laissé aux enseignants «aucun autre choix, sauf l’escalade».

Ces mouvements de protestation, indique-t-il, ne sont pas uniquement portés par les enseignants-cadres des AREF, mais aussi par d’autres catégories d’enseignants, dont les exclus de la classe «hors échelle», ceux de la «cellule 10» et les agrégés. Tous, poursuit-il, «veulent faire valoir leurs droits. Ce sont des dossiers qui traînent depuis plusieurs années, sans qu’aucune solution juste ne soit proposée».

Impact

Quant à l’impact de ces manifestations sur le bon déroulement de l’année scolaire et sur l’apprentissage des élèves, le syndicaliste affirme que «les intérêts des élèves relèvent de ceux des enseignants, car ce sont ces derniers qui représentent la locomotive de la réforme de l’école publique. L’amélioration de la qualité de l’enseignement ne peut passer que par l’amélioration des conditions du corps enseignant».

À en croire le secrétaire général de la FNE, les enseignants sont ainsi déterminés à poursuivre toutes formes de protestation, afin de «défendre leurs intérêts, ceux de leurs élèves et de l’école publique marocaine».

Par Lina Ibriz
Le 03/03/2023 à 09h54