Dialogue social: l’offre gouvernementale ne résout pas l’injustice salariale

Une précédente rencontre entre l'Exécutif, les syndicats et le patronat.

Une précédente rencontre entre l'Exécutif, les syndicats et le patronat. . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement et les syndicats se sont mis d’accord pour une augmentation des salaires des fonctionnaires. Une augmentation qui ne résout pas l’injustice salariale dans la fonction publique, malgré une masse salariale qui représente plus d’un tiers du budget des dépenses de l’Etat.

Le 17/04/2019 à 21h52

L’Exécutif, les syndicats et le patronat sont parvenus à un projet d’accord sur l’offre gouvernementale modifiée. Il s’agit de l’augmentation des salaires de 500 dirhams pour les fonctionnaires classés en dessous de l’échelle 10, échelon 5 et de 400 dirhams pour ceux classés en dessus de l’échelle 10, échelon 6. Nul doute que les syndicats ont accepté, à contrecœur, cette maigre revalorisation des salaires après sept ans de vaches maigres. Une acceptation qui cache un problème fondamental, à savoir la justice salariale dans notre pays. La masse salariale de la fonction publique, qui s’élève à 110 milliards de dirhams, représente 11% du PIB et 33% des dépenses du budget général de l’Etat. Mais il y a un hic car sa distribution ne se fait pas de manière juste et équitable entre les 500.000 fonctionnaires. En effet 11% d’entre eux vivent avec un salaire net de 3.000 dirhams. Les salaires, hors impôts sur le revenu (IR), de la moitié des fonctionnaires ne dépassent pas 6.000 dirhams. Les salaires de 76% d’autres n'excèdent pas 10.000 dirhams, sans compter la déduction de 30% de l’IR. Autant dire que le fonctionnaire ne bénéficie d’aucune soupape de sûreté et de stabilité. En face, les rouages de l’administration ne peuvent pas se développer si la cartographie salariale demeure en l’état.

Dans son éditorial, le quotidien Al Akhbar, daté du jeudi 18 avril, souligne que le fonctionnaire est imprégné d'une sensation de justice quand il est traité de la même manière que ses collègues. Dans le cas contraire, c’est un sentiment d’infériorité qui le submerge et le rend nonchalant jusqu’à réduire sa fonction à une source de revenu sans ambition, ni conscience professionnelle. Autant dire qu’il est temps de procéder à des réformes fondamentales dans le système de rémunération des fonctionnaires. Des réformes qui mettront fin aux graves dysfonctionnements accumulés depuis des décennies et qui ont divisé les fonctionnaires en deux catégories: les chanceux et les malheureux. Il n’existe pas d’autre alternative que celle d’une révision globale qui instaure une philosophie de justice salariale basée sur la motivation. Celle-là même qui fait que le fonctionnaire est traité sur le même pied d’égalité dans tous les secteurs publics, sans aucune distinction.

Cette réforme doit absolument tirer un trait sur ce qu’on appelle les régimes spéciaux et particuliers. Des régimes qui sont devenus une arrière-cour où l’on distribue les primes et les gratifications à 170.000 fonctionnaires chanceux. Il est clair que le gouvernement doit en finir avec le système de rémunération selon les échelles et les échelons.

L’Exécutif devra le remplacer par une logique de gestion basée sur les compétences, la charge de travail et les efforts, fournis ainsi que le degré de responsabilité. Pour ce faire, il faut réorienter les primes et les indemnités vers l’objectif pour lequel elles ont été créées. Autant dire que la seule solution possible consiste à utiliser le scalpel de l’autopsie pour exciser la tumeur des malformations salariales. Il faut donc instituer la proportionnalité entre le salaire et le travail, ou l’administration restera figée dans le temps et dans l’espace, malgré la multiplicité des discours réformateurs.

Par Hassan Benadad
Le 17/04/2019 à 21h52