Deux ans de prison pour viol collectif d’une fille de 11 ans: les parents de la victime se confient

طفلة تيفلت المغتصبة رفقة رضيعها وجدتها

La petite S. avec son enfant et sa grand-mère.

Le 05/04/2023 à 09h07

VidéoLe viol collectif de la petite S., 11 ans, et la condamnation de ses trois agresseurs à deux ans de prison ont soulevé un tollé au sein de l’opinion publique et provoqué l’indignation de la société civile. Le360 est allé à la rencontre de la famille de la victime, dans son village niché entre les villes de Tiflet et de Kénitra. Récit.

Dans une modeste demeure à Sebt Dar Benhassane, un douar situé à quelque 100 kilomètres au nord-est de Rabat, vivent la petite S., victime des viols, son père Mohamed Charraj, agriculteur, sa grand-mère Hayat et son garçonnet Rayane, âgé de deux ans, enfant hors-mariage dont le père a été reconnu par un test ADN. Mohamed Charraj, la quarantaine, commence le récit du drame vécu par sa fille, laissant paraître des signes d’un incommensurable désarroi.

Visiblement épuisé, la mine désabusée, il est incapable d’oublier ce jour du 30 mars 2023, quand la chambre criminelle au Tribunal de première instance de Rabat a prononcé son verdict, jugé cruel par les parents de la victime, révoltant pour les représentants de la société civile, dont de nombreuses ONG.

Deux ans de prison fermes (seulement) pour le principal violeur et 18 mois fermes pour les deux autres violeurs. «Ce jour-là, notre vie a basculé. Nous ne pouvions y croire!», raconte le père, la voix monocorde, comme aplanie par la fatalité. Pendant qu’il poursuit son récit, assis à l’ombre d’un arbre, les cris du petit Rayane parviennent de la maisonnette, brisant le silence qui règne dans la cour extérieure.

«Tout a commencé un jour de souk, quand l’un de mes amis m’a confié que ma fille était enceinte suite à un viol commis par un voisin. Il avait violé ma fille à côté de ma propre maison. Elle avait été ensuite agressée sexuellement par les deux autres voisins», poursuit Mohamed Charraj, expliquant comment les violeurs ont profité de l’absence des parents pour commettre leurs crimes, en menaçant la jeune fille de «la tuer et de tuer toute sa famille».

Jusqu’au 8ème mois, sa fille était parvenue à cacher sa grossesse issue du viol. La sentence tombe le jour où elle est formellement confirmée par un médecin, après des analyses effectuées sur la jeune fille. «C’est à partir de ce jour que mon long combat pour la dignité et la justice a commencé», se souvient-il.

Le calvaire ne faisait alors que commencer. «Après que j’ai déposé plainte auprès de la Gendarmerie royale et du procureur du Roi, les représailles des agresseurs et de leur famille ont commencé. Ces derniers, qui habitent non loin de notre maison, nous ont régulièrement terrorisés, à coups d’insultes et de menaces», martèle Mohamed Charraj en se tournant vers sa mère et sa fille qui se se tient à quelques mètres.

«Le père de Rayane a proposé de prendre ma fille pour épouse, un moyen pour lui de “tourner la page”. J’ai catégoriquement refusé», précise-t-il. La grand-mère, tenant dans ses bras le petit Rayane, raconte, pour sa part, les yeux remplies de larmes, une version identique des faits, implorant Dieu de rendre justice à sa petite-fille et à sa famille. «Nous espérons que justice soit véritablement rendue lors du procès en appel, qui débutera le jeudi 6 avril prochain devant la cour d’appel de Rabat», conclut le père.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Fahd Rajil
Le 05/04/2023 à 09h07