De la théorie à la qualification… Comment l’École royale de l’air de Marrakech forme les pilotes de demain

Le cockpit d’un avion de ligne.

Instruction militaire, cours scientifiques, navigation, météorologie, vols d’initiation puis formation avancée… À l’École royale de l’air, ce schéma est maîtrisé au millimètre. Rien n’y est improvisé. Les officiers aviateurs enchaînent les modules de spécialisation tout au long de leur cursus. Les détails.

Le 23/11/2025 à 09h56

Il y a des institutions qui avancent par à-coups. L’École royale de l’air de Marrakech, elle, a avancé par constance. Année après année, elle a installé ses méthodes, structuré ses filières et renforcé son rôle au sein des Forces royales air. Le résultat est visible. Une école solide, reconnue, qui produit des officiers capables d’opérer dans toutes les spécialités aéronautiques et qui assure en parallèle la formation des pilotes de ligne appelés à rejoindre la compagnie Royal Air Maroc.

Depuis sa création en 1970, l’École royale de l’air accompagne l’évolution des capacités militaires du Maroc. «L’ERA est devenue une institution incontournable pour la formation d’officiers aviateurs de haut niveau», peut-on lire dans le 429ème numéro de la Revue des FAR.

Elle a suivi, parfois anticipé, les besoins des Forces royales air. Les réformes successives, le développement des cycles d’études et l’autonomie administrative obtenue en 2018 traduisent une volonté claire, celle de disposer d’un établissement capable de former des officiers et des pilotes répondant aux standards internationaux, tout en préservant une indépendance stratégique.

Une montée en puissance construite dans la durée

Le développement de l’ERA ne s’est donc jamais fait brutalement. «Créée initialement sous l’appellation d’Académie royale de l’air, l’institution prend son nom définitif en 1973. Depuis, elle n’a cessé de voir ses missions s’élargir: création du Collège royal préparatoire aux techniques aéronautiques (CRPTA) en 1975, mise en place du cycle ingénieur d’État en 1990 et lancement du cycle licence en aéronautique en 2014», fait-on savoir.

En 2018, le Commandement a décidé que «l’ERA, qui constituait alors avec la Base écoles FRA (BEFRA), une seule entité, acquiert son indépendance en tant qu’unité formant corps, jouissant dès lors d’une autonomie juridique, financière et administrative sous un commandement propre», apprend-on de la Revue des FAR.

Cette évolution renforce sa capacité à programmer, moderniser et ajuster ses cursus. Le cycle des pilotes de ligne a été incorporé en 2020 au sein de l’ERA, avec pour mission de former l’intégralité des pilotes des compagnies aériennes nationales du transport civil.

L’offre de formation repose sur deux cursus accrédités par le ministère de l’Enseignement supérieur. Il s’agit tout d’abord du cycle ingénieur d’État qui comprend trois années de formation, après les classes préparatoires, pour former des cadres spécialisés dans les systèmes aéronautiques et le personnel navigant.

Le cycle licence en aéronautique, quant à lui, est un parcours de quatre ans destiné aux pilotes et contrôleurs aériens. Il associe formation militaire, cours scientifiques et pratiques, instruction au pilotage sur Bravo AS 202, puis sur T-6C au Centre d’instruction au pilotage de l’ERA, avant une spécialisation en chasse, transport ou hélicoptère.

La formation des pilotes de ligne s’inscrit dans un dispositif global de 42 mois comprenant trois phases complémentaires. La première, d’une durée de 3 mois, est consacrée à l’instruction militaire.

La seconde phase, étalée sur 15 mois, porte sur les enseignements théoriques liés à l’aéronautique. Elle inclut notamment la météorologie, la navigation, le droit aérien, l’anglais aéronautique ainsi que l’ensemble des matières exigées par l’Organisation de l’aviation civile internationale et validées par la Direction générale de l’aviation civile. La troisième phase est dédiée à la formation pratique.

La formation militaire et aéronautique ne représente cependant qu’un volet du projet éducatif de l’ERA. Le développement personnel, la cohésion, la maîtrise de soi et le sens du commandement font partie du parcours.

La présence féminine, elle, s’est installée dès la fin des années soixante-dix. En 1977, les premières cadettes rejoignent l’école. En 2001, la première promotion féminine obtient ses brevets de pilote.

L’histoire de l’ERA s’inscrit, depuis 1972, dans une dynamique régionale africaine. Résultat: elle a formé plus de 705 élèves-officiers issus de 25 pays, dont 130 pilotes. Ces stagiaires sont originaires du Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo (Brazzaville), Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée (Conakry), Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Îles Comores, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, République centrafricaine, République démocratique du Congo (RDC), Sénégal, Tchad, Tanzanie, Togo, Tunisie et récemment du Cabo verde. Pour l’année académique 2025-2026, quelque 98 stagiaires sont en formation et 36 autres sont attendus.

Chaque année, ces élèves suivent le même programme, les mêmes exigences, les mêmes évaluations. Le groupement des stagiaires se charge de leur intégration et de leur accompagnement pédagogique.

Par Hajar Kharroubi
Le 23/11/2025 à 09h56