Nous sommes au douar Igdamen, un des 65 villages que compte la commune rurale d’Ida Ougnidif, relevant de la province de Chtouka Aït Baha. Perché à 1.120 mètres d’altitude, le douar est peu peuplé, l’exode rural l’ayant vidé d’une bonne partie de ses habitants, surtout les plus jeunes.
D’autres ont fait le choix de ne jamais s’éloigner de leurs racines, comme la famille Abouzid qui a accepté de partager avec nous son quotidien pendant le ramadan.
Mohammed, le patriarche des Abouzid, nous détaille ainsi la journée au douar, qui commence très tôt, juste après le repas du Shour. Chacun vaque à ses occupations dans les champs, certains pour prendre soin des amandiers ou des arganiers, d’autres pour cueillir des plantes aromatiques ou garder le bétail, en attendant la fin de l’après-midi. En un mot comme en mille, l’oisiveté n’est absolument pas à l’ordre du jour dans les vies de ces montagnards.
Une fois de retour à la maison a lieu une autre répartition des tâches, car il faut bien préparer le repas du ftour, avec des tables simples, mais copieuses. Au menu: du lait frais de vache ou de chèvre, du beurre, du beurre rance, du miel et de l’amlou, le tout évidemment fait maison, et l’incontournable harira. Tout aussi incontournables sont les pains traditionnels propres à la région, en l’occurrence le tafernout ou taggante.
Après la rupture du jeûne et la prière du Maghreb, place à Idernane, une autre tradition enracinée dans ces contrées et qui consiste à réunir plusieurs familles voisines autour d’un mets. Et il s’agit généralement d’un couscous à base d’orge ou d’un succulent tajine, la finalité étant de préserver les liens de fraternité et de solidarité entre les habitants.
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Et, en matière de solidarité justement, une autre tradition semble avoir la peau dure: tiwizi. Aïcha, une des femmes de la famille Abouzid, nous en explique le principe. L’idée est de mutualiser les efforts de tous les habitants pour liquider, ensemble, des tâches agricoles qui varient selon les saisons coïncidant avec le ramadan: la cueillette des fruits de l’arganier ou des amandiers, celle des plantes aromatiques, ou encore les travaux de moisson.
Et pendant que les hommes travaillent dans les champs, les femmes se retrouvent ensemble derrière les fourneaux et les fours, afin de préparer les repas collectifs. Et tout le monde y trouve son compte. Enfin, ceux qui ont choisi de rester vivre dans le douar Igdamen…