Consommation: quand la crise du lait cache des scandales d'abattage clandestin des vaches laitières

Carcasses de viande suspendues, après un abattage rituel. 

Carcasses de viande suspendues, après un abattage rituel.  . DR

Revue de presseKiosque360. L’une des causes principales de la rareté du lait, ces derniers temps, réside dans le fait que les vaches laitières finissent de plus en plus souvent dans l’assiette des Marocains. Tout un circuit d'abattage clandestin a été mis en place. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 23/11/2022 à 19h53

Interpellé sur la crise du lait, le ministre de l’Agriculture a récemment promis, devant les députés, des mesures concrètes pour que le lait coule de nouveau à flot dans nos marchés. Entre autres mesures déjà mises en place, l’interdiction d’abattage des vaches laitières, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du jeudi 24 novembre. Bien sûr, il y a eu d’autres mesures mais, selon le quotidien, celle-ci est la plus significative.

En effet, citant des sources du secteur, le quotidien parle d’avidité à la fois des éleveurs et de certains chevillards, en grande partie à l’origine de la rareté du lait constatée dernièrement au niveau des commerces. Dès que la production de bêtes baisse, ne serait-ce que de quelques litres, elle sont immédiatement conduites aux abattoirs. L’éleveur sait qu'il pourra facilement en acheter de nouvelles. Tout compte fait, et en comptabilisant les subventions de l'État, il y trouve toujours son compte.

Selon le quotidien, des éleveurs ont même conclu des ententes avec des chevillards pour que les bêtes ne soient pas même conduites aux abattoirs, mais abattues sur place dans la ferme, en toute clandestinité bien sûr, puis découpées également sur place. Ensuite, la viande est transportée, tout aussi clandestinement, pour être vendue dans les boucheries, généralement sous forme de viande hachée au prix très compétitif de 30 dirhams le kg.

A ce prix, ce ne sont évidemment pas les clients qui manquent. Ces derniers se recrutent principalement parmi les snacks et autres restaurants populaires, ainsi que parmi les vendeurs de rue. Le consommateur final paie à raison de 60 à 90 dirhams. C’est d’ailleurs le même circuit qui est utilisé pour les vaches de réforme ou même celles en fin de vie. Les bêtes finissent de la même manière dans les présentoirs des snacks et dans les charrettes de restaurateurs de rue. Les bouchers sont également alimentés par ce circuit. Ils achètent ce type de viande à 30 dirhams/kg et l’écoulent par la suite au prix fort, à 80 dirhams/kg.

Le quotidien parle non seulement de viande en vrac, mais également de viande transformée. La transformation se fait dans les fermes, en l’absence de toute forme de mesures d’hygiène. La viande hachée ou transformée de saucisse finit directement chez le consommateur sans passer, à aucun moment, par le circuit formel. Inutile de préciser, souligne le quotidien, que dans cette «industrie» d’abattage clandestin, rien ne se perd. Tout de la bête est transformé sur place.

Citant des chiffres publiés par des associations de protection de consommateurs, le quotidien précise qu’à Casablanca, par exemple, 52% de la viande consommée provient de l'abattage clandestin. Dans la région du Souss, cette proportion est de l’ordre de 80%.

Par Amyne Asmlal
Le 23/11/2022 à 19h53