«Le nombre de fonctionnaires dans les différents arrondissements de la ville de Casablanca est en chute libre. Chaque année, plus de 700 fonctionnaires partent à la retraite sans être remplacés», a tonné Nabila Rmili, présidente du conseil communal de la métropole, lors de la deuxième partie de la session d’octobre du conseil, tenue mercredi 19 octobre 2022.
«Comment voulez-vous qu’on dirige une ville comme Casablanca avec un nombre réduit de fonctionnaires?», a-elle interrogé, d’un ton inquiet.
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L’inquiétude de la maire de la métropole a été partagée par les présidents des différentes commissions du Conseil communal, ainsi que par les représentants des différentes formations politiques qui ont pris successivement la parole lors de cette session. Tous ont salué «les efforts considérables déployés par les fonctionnaires en exercice pour combler ce vide», car, on l’aura compris, le manque de ressources humaines met en péril la continuité du service public.
Une population «vieillissante»Dans le détail, le nombre de fonctionnaires, que comptent les 17 arrondissements de la commune de Casablanca, a considérablement chuté en passant de 14.452 en 2015 à 10.141 en 2022, soit une baisse de 29,83%, apprend-on du projet de budget du conseil communal de Casablanca au titre de l’exercice 2023, consulté par Le360. Ce projet prévisionnel a consacré 1,23 milliard de dirhams aux salaires, primes et primes d’avancement du capital humain de la commune.
C’est encore pire quand on sait que la tranche d’âge de 50 à 62 ans constitue, en 2022, près de 82% des fonctionnaires communaux. «Le départ à la retraite des fonctionnaires constitue une énorme perte pour nos arrondissements qui se vident de leurs compétences. Au vu de leurs expériences, le vide laissé par ces personnes ne peut être comblé par de nouvelles recrues», commente la maire de la métropole.
Des services à l’arrêtLa pénurie en ressources humaines dans la ville la plus peuplée du Royaume a eu des répercussions tangibles sur la continuité du service public. Selon le projet de budget du conseil communal, l’absence de médecins au niveau de certains arrondissements, à cause du départ à la retraite, a entraîné, depuis 2013, un déficit dans certains services exclusifs aux médecins, notamment la délivrance des certificats de décès, de détermination de l’âge, ainsi que le certificat d’hygiène et de salubrité.
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Cette hémorragie des médecins des bureaux communaux d’hygiène a même conduit à l’arrêt de ces services médicaux dans six préfectures, à savoir Moulay Rachid, Sidi Moumen, Sidi Othmane, Sebata, Ain Sebaâ et Mers Sultan, soit 37,5% des arrondissements que compte la commune de Casablanca, souligne-t-on dans le document.
En plus des médecins, la métropole enregistre une pénurie d’architectes. Celle-ci «a affecté négativement l’exercice des compétences de la commune prévues par la loi relative à l’urbanisme», lit-on dans le projet de budget 2023 du Conseil communal de Casablanca.
Aussi, les médecins vétérinaires sont devenus de plus en plus rares dans les services communaux de la métropole. «Le nombre de vétérinaires exerçant au niveau des différents arrondissements de la ville a connu une importante baisse, alors que le rôle que jouent ces derniers est déterminant, notamment dans le cadre de la lutte contre les nuisibles et le contrôle des produits alimentaires d’origine animale», note-t-on dans le document.
Des recrutements pour colmater les brèchesAfin de pallier le manque en ressources humaines, la commune de Casablanca a procédé à plusieurs recrutements. «La Commune a recruté 18 médecins, 10 architectes et 5 médecins vétérinaires», apprend-on de Nabila Rmili, maire de la ville.
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Dans le détail, six nouveaux médecins ont été affectés au niveau des arrondissements vacants. Les autres ont renforcé les services médicaux des arrondissements ayant une grande densité de population, lit-on dans le document. Les 5 médecins vétérinaires ont rejoint le service vétérinaire de la commune de Casablanca.
«Pour réussir le plan de développement de la commune de Casablanca, il est intéressant de doter la ville en ressources humaines compétentes, mais aussi d’un référentiel des métiers et des compétences», souligne-t-on dans le document, avant de préciser que ce référentiel est en cours d’élaboration par la Direction générale des collectivités locales.