Ils sont suivis par des millions de personnes sur Instagram, Facebook, TikTok, Youtube … et leur popularité leur octroie le pouvoir d’avoir un réel impact sur le public et orienter tendances et opinions. Plus simplement dit, les influenceurs ont un réel pouvoir d’influence, ce qui fait d’eux la nouvelle arme puissante de marketing et de communication.
Au Maroc, entreprises, organisations non gouvernementales, institutions publiques et même ministères ont de plus en plus recours aux influenceurs pour toucher une audience toujours plus large et de manière plus efficace. Ainsi, en adaptant au digital le fameux principe du bouche-à-oreille, le marketing d’influence se révèle être une stratégie particulièrement efficace.
D’après Marouane Harmach, expert en communication digitale et fondateur de Consultor, un cabinet de consulting en dématérialisation et communication digitale, le nombre des influenceurs au Maroc a «explosé» durant les cinq dernières années. En 2018, on estimait leur nombre à 1.500 , qui est passé, selon des études et des estimations, à 60.000 en 2023. Leur popularité et pouvoir d’influence ont, à leur tour, considérablement augmenté, ajoute l’expert.
«C’est un phénomène mondial, qui accompagne le développement des réseaux sociaux», souligne cet interlocuteur, expliquant que «les institutions et les marques font de plus en plus appel aux influenceurs dans le cadre de leurs stratégies de communication. L’idée c’est d’atteindre le public ciblé grâce à la popularité de ces influenceurs».
Un nouveau mode de communication
La montée en force, ou plutôt en popularité, des influenceurs a changé profondément les stratégies et pratiques de communication, souligne Marouane Harmach. «On parlait avant de communication institutionnelle ou de de marque par le biais des médias traditionnels, de l’affichage ou de la publicité. L’émergence des influenceurs a donné naissance à un nouveau mode de communication», explique-t-il.
Et d’étayer : «La communication digitale par le biais des influenceurs a offert aux différents acteurs un nouvel outil de communication et de nouvelles possibilités pour véhiculer leurs messages et toucher le public cible».
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Selon l’expert, cette multiplication des moyens de communication est une évolution positive. En plus de permettre l’émergence de nouveaux modes de communication favorisant la créativité et permettant aux institutions d’être plus proches du public, elle permet également de créer de nouveaux métiers de la communication.
«Cela a permis aux influenceurs de trouver une nouvelle source de revenus, ce qui les pousse à créer des contenus marocains et faire preuve de créativité pour se démarquer et attirer le plus grand nombre des followers», explique Marouan Harmach.
Un secteur toujours mal réglementé
«C’est un secteur informel», tonne l’expert. Le secteur toujours mal réglementé et non structuré, a communication d’influence pose alors plusieurs problématiques, estime cet interlocuteur, qui rappelle que «la communication de masse s’accompagne d’une certaine responsabilité».
A ce niveau, une grande disruption apparaît entre les modes de communication classique et ce nouveau mode d’influence. «Une institution médiatique est soumise à un cahier de charges très exigent, et qui impose une responsabilité juridique et éditoriale, alors que certains influenceurs choisissent la voie facile pour augmenter leur popularité», note Marouan Harmach.
Cette disruption réglementaire favorise ainsi la propagation des contenus illicites, mensongers et inappropriés, souligne cet interlocuteur. Selon lui, «ces influenceurs ne peuvent pas communiquer de la même manière qu’une institution médiatique où l’acte de communication est pratiqué par des personnes qui ont une certaine formation et dans un cadre qui offre plusieurs garanties».
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Cet expert pointe aussi du doigt un autre volet en manque de réglementation et de contrôle : la fiscalité. Tout le monde le sait : les influenceurs gagnent beaucoup d’argent et sont payés pour les contenus qu’ils créent par les différentes plateformes. Néanmoins, ils gagnent aussi de l’argent des contrats qu’ils signent avec les entreprises et institutions avec lesquelles ils collaborent.
Au Maroc, beaucoup de flou entoure toujours les aspects financiers de ces collaborations, donnant ainsi un large champ aux influenceurs d’échapper aux radars du fisc, ce qui impose, selon Marouan Harmach, le développement du cadre réglementaire. «Il est nécessaire d’instaurer la transparence au niveau des transactions entre les influenceurs et les différentes institutions qui font appel à leurs services», affirme-t-il.
En plus, estime l’expert, «il faut revoir l’aspect fiscal, mais aussi faire bénéficier ces influenceurs de la protection sociale et des différents avantages sociaux, afin de faire de ce secteur un secteur économique et social structuré».