Bilan 2025 de la DGSN: un net recul de la criminalité violente en 2025

Lors des JPO organisées par la Sûreté nationale du 17 au 21 mai 2023 à Fès.

Lors des JPO organisées par la Sûreté nationale du 17 au 21 mai 2023 à Fès.

En 2025, la Direction générale de la sûreté nationale confirme l’efficacité de sa stratégie sécuritaire à travers des résultats chiffrés révélant un recul marqué de la criminalité violente et une hausse continue des taux d’élucidation. Portée par la modernisation des outils d’enquête, le renforcement de la coopération institutionnelle et international, l’approche illustre une vision conciliant performance opérationnelle, prévention et respect de l’État de droit.

Le 18/12/2025 à 18h37

L’année 2025 aura marqué une étape importante dans la dynamique sécuritaire nationale, avec la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie sécuritaire intermédiaire de lutte contre la criminalité couvrant la période 2022-2026. C’est ce qui ressort du bilan 2025 de la Direction générale de la Sûreté nationale, rendu public mercredi 17 décembre. Dans ce cadre, la DGSN a continué à déployer une approche globale, fondée à la fois sur le renforcement des capacités opérationnelles, la modernisation des outils d’enquête, la coordination institutionnelle et l’ancrage des principes des droits humains dans l’action policière.

Cette stratégie s’est traduite par le renforcement des structures spécialisées dans la lutte contre la criminalité, le développement continu des laboratoires de police scientifique et technique, ainsi que par l’usage méthodique des mécanismes de renseignement criminel et d’appui technique au service des enquêtes judiciaires. Cette approche a été complétée par un renforcement accru de la coordination avec la Direction générale de la surveillance du territoire dans le traitement des affaires criminelles complexes.

Dans une logique d’amélioration continue de la qualité des enquêtes et de rationalisation du travail judiciaire, la DGSN a contribué, aux côtés de la Présidence du ministère public et de la Gendarmerie royale, à l’élaboration et à la présentation d’un guide pratique dédié à l’amélioration des enquêtes pénales. Ce travail a permis d’unifier les méthodes de travail, de clarifier les procédures et de mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation destinés à renforcer l’efficacité de l’action judiciaire.

Sur le plan de la modernisation, l’année 2025 a également été marquée par la poursuite, en coordination avec la Présidence du ministère public, de la finalisation d’un système informatique sécurisé facilitant l’échange numérique des données relatives à la procédure pénale entre les parquets et les services de police judiciaire. Ce chantier s’inscrit pleinement dans la dynamique nationale de modernisation de la justice pénale et de renforcement de la célérité et de la traçabilité des procédures.

779.008 affaires traitées

Sur le plan chiffré, les statistiques de l’année 2025 font état d’une stabilité globale du nombre total d’affaires enregistrées, avec environ 779.008 affaires traitées par les services de la Sûreté nationale. Cette stabilité s’accompagne toutefois d’un recul notable de la criminalité violente, dont les indicateurs ont baissé de 10%.

Dans le détail, les statistiques relatives aux vols aggravés confirment cette tendance positive. Les vols sous menace ont enregistré une baisse de 24%, les vols avec violence ont reculé de 6%, tandis que les vols par effraction et autres circonstances aggravantes ont diminué d’environ 12%. En parallèle, les services de police ont maintenu des niveaux records en matière de taux d’élucidation, atteignant 95% pour l’ensemble des crimes en 2025, une performance qui s’inscrit dans une tendance haussière continue observée sur les neuf dernières années.

L’analyse qualitative de la criminalité montre que la criminalité violente est restée à un niveau bas, ne représentant pas plus de 6% du total des affaires enregistrées. Au total, 43.869 affaires de ce type ont été recensées, ayant conduit à l’interpellation de 25.421 personnes, dont 10.036 faisaient l’objet de recherches au niveau national. Dans le même esprit, les services de la DGSN ont intensifié leur action contre les réseaux criminels organisés, avec le démantèlement de 1.112 réseaux spécialisés et l’arrestation de 1.737 personnes. Ces opérations ont également permis la saisie de 166 voitures et de 112 motos utilisées dans la commission de ces crimes.

La lutte contre le trafic de stupéfiants demeure l’un des axes majeurs de l’action sécuritaire. En 2025, 106.117 affaires ont été traitées dans ce domaine, donnant lieu à l’arrestation de 134.126 personnes, parmi lesquelles 378 étrangers. Les quantités de drogues saisies illustrent l’ampleur de ces efforts, avec environ 170,7 tonnes de résine de cannabis et dérivés, 1,7 tonne de cocaïne, 5,9 kilogrammes d’héroïne, ainsi que 1,5 million de comprimés psychotropes, dont 350.572 comprimés d’ecstasy.

La lutte contre la drogue dite boufa a également enregistré des résultats significatifs, avec une baisse de 33% du nombre d’affaires, de 38% du nombre de personnes impliquées et de 33% des quantités saisies, grâce au renforcement des contrôles aux frontières et à l’intensification des opérations ciblées. Les saisies dans ce cadre ont atteint 5,6 kilogrammes.

13.643 affaires de cybercriminalité

En matière d’immigration irrégulière et de traite des êtres humains, les efforts déployés par la DGSN ont permis de démanteler 105 réseaux criminels, d’arrêter 415 organisateurs et intermédiaires, de saisir 684 faux documents de voyage et d’empêcher les tentatives d’émigration de 34.211 candidats, dont 7.008 étrangers originaires d’Afrique, du monde arabe et d’Asie.

La cybercriminalité et le chantage numérique ont également fait l’objet d’une attention soutenue. Au total, 13.643 affaires ont été traitées, 3.131 contenus à caractère de chantage ont été repérés, 1.036 commissions rogatoires internationales ont été émises et 415 personnes ont été arrêtées et déférées devant la justice. Les affaires de chantage sexuel via les systèmes informatiques ont reculé de 5%, avec 370 affaires enregistrées, ayant abouti à l’arrestation de 89 personnes et concernant 486 victimes, dont 129 étrangers.

La plateforme E-balagh, dédiée au signalement des crimes sur Internet, a joué un rôle central dans cette dynamique. Depuis son lancement en juin 2024, elle a enregistré 25.876 notifications et signalements, portant principalement sur la diffamation, l’incitation, les menaces, le chantage sexuel numérique, l’usurpation d’identité et l’apologie d’actes terroristes.

S’agissant des crimes financiers, économiques et du blanchiment d’argent, la DGSN a renforcé les capacités d’enquête de la Brigade nationale de la police judiciaire et de ses brigades régionales. En 2025, 633 affaires de blanchiment ont été traitées, 398 ordonnances de gel de biens ont été exécutées et des produits criminels d’une valeur totale d’environ 660. 146.402 dirhams ont été saisis, dont 240.161.190 dirhams liés spécifiquement au blanchiment. Les infractions liées aux stupéfiants constituent la principale source de ces affaires, suivies des crimes économiques et financiers.

La lutte contre la corruption a, elle aussi, enregistré des résultats notables, avec 431 affaires traitées en 2025, impliquant 614 suspects. Les infractions concernent notamment la corruption et le trafic d’influence, le détournement et la dilapidation de fonds publics, ainsi que l’extorsion et l’abus de pouvoir.

Dans le cadre de la coopération internationale, six opérations ont été menées conjointement avec l’Espagne en 2025, aboutissant à la saisie de 55,4 tonnes de chira et à l’arrestation de 38 suspects. Le pôle de coopération policière a traité près de 8.000 dossiers et demandes d’information, tandis que le Bureau central national Interpol Rabat a joué un rôle clé dans le traitement des demandes, la saisie de véhicules volés, l’exécution de mandats internationaux et les procédures d’extradition.

Par ailleurs, l’année 2025 a été marquée par un recul significatif des fausses informations portant atteinte au sentiment de sécurité, grâce à la vigilance des services compétents et à l’interaction citoyenne via les plateformes numériques officielles. Elle a également vu le renforcement des partenariats institutionnels, notamment avec l’Instance nationale de la probité, ainsi que la poursuite des efforts de formation et de contrôle visant à ancrer durablement la culture des droits humains au sein de l’institution policière.

La question des droits de l’homme demeure un pilier central de l’action de la DGSN. L’année 2025 a confirmé la poursuite d’une politique volontariste visant à intégrer durablement les standards nationaux et internationaux en matière de respect des droits et libertés dans le travail policier quotidien. Cet engagement s’est traduit par la multiplication des formations spécialisées, le renforcement des mécanismes de contrôle et de suivi, ainsi que par l’amélioration continue des conditions de garde à vue et de prise en charge des personnes privées de liberté, y compris les mineurs.

À travers ses partenariats avec les institutions nationales de protection des droits humains et les organisations internationales, la DGSN s’attache à faire de la sécurité un levier indissociable de la dignité humaine, consolidant ainsi la confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre et inscrivant son action dans une vision moderne, responsable et respectueuse de l’État de droit.

Par Tarik Qattab
Le 18/12/2025 à 18h37