Vidéo. Quand les actions du pouvoir algérien s’inscrivent en faux contre les déclarations de Tebboune

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors de son interview du 20 septembre 2020.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors de son interview du 20 septembre 2020. . DR

Dans une nouvelle sortie médiatique, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été interpellé sur l’état des relations maroco-algériennes. Tout en redisant que son pays n'avait «aucun problème avec le Maroc frère», il laisse, en fait, la porte fermée à toute normalisation entre les deux pays.

Le 21/09/2020 à 18h20

Hier, dimanche 20 septembre, le président algérien a organisé une nouvelle entrevue avec la presse du pays qu'il dirige. Pas du tout prévue à l'avance, cette sortie médiatique de dernière minute, annoncée par un communiqué de la présidence algérienne quelques heures seulement avant sa tenue, avait un but précis: empêcher les Algériens de suivre un documentaire sur le Hirak, le mouvement de protestation contre le système, de la population de l'ensemble du pays, diffusé, au même moment, par la chaîne française M6, dans son émission-choc, «Enquête exclusive». Un nouveau pavé dans la mare médiatique, qui risque de raviver des tensions dans les relations algéro-françaises.

Pour ce qui est des relations maroco-algériennes, Abdelmadjid Tebboune, qui fait toujours semblant de leur ouvrir un grand boulevard, maintient cependant, en fait, les portes d'une normalisation des relations entre les deux pays toujours fermées.

Interpellé par l’un des deux journalistes algériens qui l’interviewaient sur la question de savoir si les relations maroco-algériennes se porteraient aujourd’hui mieux, au vu de la «trêve actuelle» marquée par «une baisse de tension dans le discours et les déclarations politiques», Abdelmadjid Tebboune a répondu qu’il a toujours été «personnellement clair» sur ce dossier.

Ainsi, Mohamed Beghali, le rédacteur en chef d’Al Khabar, qui lui a adressé cette question, s’est entendu répondre, en toute familiarité: «comme tu le sais Mohamed, et comme je l’ai dit à plusieurs reprises et à plusieurs occasions, nous n’avons aucun problème avec le Maroc. Le Maroc est un pays frère. Le peuple algérien aime le peuple marocain. Le peuple marocain aime le peuple algérien. S’ils ont des problèmes avec nous, nous n’avons aucun problème avec eux. Si ces problèmes existent, qu’ils prennent l’initiative».

Tebboune verse donc dans la redite et dans le radotage, puisqu’il répète à chaque fois la même rengaine, sans y entraîner, et encore moins convaincre personne. Ses envolées lyriques sur la fraternité entre les peuples et son déni sur un quelconque problème de l'Algérie avec le Maroc, alors que chaque jour Alger s’évertue à contrer les intérêts du Royaume, font décidément partie d’un autre âge.

D’ailleurs, Abdelmadjid Tebboune est rapidement revenu à sa crispation et à sa provocation habituelles, en tentant de faire croire, une fois encore, que ce n’est pas l’Algérie qui a créé le problème du Sahara de toutes pièces. Selon lui, c’est l’ONU qui est chargée de ce «problème de décolonisation» (un mot qu’il a répété non sans fiel, trois fois, en moins d’une minute, dans sa réponse).

Bien que soufflant le chaud et le froid, Abdelmadjid Tebboune essaie tout de même de faire croire à une main algérienne furtivement tendue au Maroc. Alger serait-elle réellement prête à établir «des relations fraternelles bilatérales», comme il le dit, avec le Maroc, tout en mettant entre parenthèses le dossier du Sahara, que l’ONU s’attelle à résoudre à travers une solution politique?

En tout cas, Tebboune est revenu sur un échange de visites entre feux le roi Hassan II et Chadli Bendjedid, ancien président algérien, qui avaient impulsé une nouvelle dynamique dans les relations entre les deux pays, entre 1989 et 1994.

Mais s’il était réellement sincère sur la réédition de cette courte expérience, qui avait été, en son temps, prometteuse, pourquoi donc le nouveau président algérien n’a-t-il pas, jusqu’ici, répondu à la main que ne cesse de lui tendre le Maroc, laquelle a été réitérée à de multiples reprises par le roi Mohammed VI lui-même?

C’est que le président Tebboune sait bien, déjà, que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Appartenant à une lointaine époque, héritée de la guerre froide, où les déclarations mielleuses sont compatibles avec les actions fielleuses, le président algérien ferait mieux d’avoir ce courage de ne plus s’exprimer du tout sur les relations entre l’Algérie et le Maroc. Tout le monde sait qu’il n’a vraiment pas les mains libres pour oser s’avancer, avec courage, sur ce terrain.

Par Mohammed Ould Boah
Le 21/09/2020 à 18h20