À moins d’un an des élections législatives, un rapport du Centre marocain pour la citoyenneté dresse un constat, inquiétant: la confiance des Marocains envers les partis politiques atteint un niveau historiquement bas.
Selon les résultats de cette enquête, menée en ligne auprès de 1.197 participants, 94,8% des sondés déclarent n’avoir aucune confiance dans les partis politiques, tandis que 5,2% n’accordent qu’une confiance «limitée» à ces formations, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 23 septembre.
Seuls 0,7% estiment que leur confiance a connu une légère amélioration au fil des dernières années.
Pour une écrasante majorité des personnes interrogées, soit 96,7%, le désenchantement s’est récemment accentué.
Les partis politiques arrivent ainsi en tête des institutions frappées par une crise de crédibilité, avec 91,5% des sondés qui s’en méfient, devant le Parlement (89,5%) et le gouvernement (87,3%).
Les personnes interrogées critiquent avant tout la corruption, le clientélisme et l’existence de réseaux d’influence dans les carrières partisanes, reléguant les compétences et le militantisme à un rang secondaire, a-t-on pu lire.
Plus de huit personnes interrogées sur dix ont dénoncé des conflits d’intérêts et des abus de pouvoir.
Près des deux tiers évoquent la corruption financière et administrative, et six sondés sur dix accusent les partis d’avoir détourné des fonds publics pour des usages particuliers.
Concernant ce qui motiverait leur vote, le constat est tout aussi préoccupant.
Une majorité de sondés (77,7%) affirment que recevoir de l’argent est le principal facteur déterminant leur choix électoral.
Leur appartenance, tribale ou régionale, qui présiderait à leur choix est la seconde préoccupation de 55,4% des participants, et des pressions familiales et sociales influencent 37,8% d’entre les sondés.
La proximité du candidat avec les électeurs, sa réputation et sa probité, son référentiel religieux ou encore son programme électoral sont aussi mentionnés par les personnes interrogées, mais dans des proportions nettement plus faibles, a écrit Al Ahdath Al Maghribia.
Cette étude révèle aussi un désintérêt marqué des électeurs marocains pour leur engagement envers les partis politiques.
Seuls 8,8% des personnes interrogées ont déclaré avoir déjà été affilié à un parti, contre 91,2% d’entre eux, qui n’ont jamais milité dans une formation politique.
Plus grave encore, 76,2% de ces non-affiliés à un parti affirment n’avoir aucune intention d’adhésion à une formation politique, alors que seuls 23,8% d’entre les personnes interrogées envisagent cette possibilité.
Pour regagner la confiance des électeurs marocains, les personnes interrogées ont d’abord insisté sur la nécessité de corréler la responsabilité des élus à une nécessaire reddition des comptes, jugée essentielle par près de 90% des sondés.
Les personnes interrogées ont aussi, a libellé le quotidien, «plaidé pour la fin de l’utilisation de l’argent dans l’achat des voix, pour le renforcement des critères de sélection des candidats et pour le respect des programmes électoraux», et estimé que la limitation du nombre de mandats des dirigeants politiques est une condition indispensable au «renouvellement des élites» afin d’«éviter la confiscation du pouvoir par les mêmes figures».
Ce rapport du Centre marocain pour la citoyenneté précise que cette «sortie de crise ne pourra pas reposer uniquement sur la bonne volonté des partis”, et «exige des réformes structurelles», signale Al Ahdath Al Maghribia, à commencer par «la révision du cadre légal et organisationnel», la «refonte du système des investitures» et la «révision du seuil électoral».
Ses auteurs recommandent aussi “l’instauration de mécanismes rigoureux de contrôle du financement politique et l’expérimentation de l’élection directe”, a-t-on encore pu lire.
Ils insistent par ailleurs sur l’importance d’une ouverture accrue des partis politiques à la vie sociale, ainsi que d’une gouvernance interne plus transparente.
Les électeurs eux-mêmes, rappellent les auteurs de ce rapport, peuvent contribuer à «la réussite de ce chantier de réformes», ont-ils expliqué.
Selon les auteurs de cette étude, cette crise de confiance pourrait se «transformer en opportunité historique pour refonder la démocratie marocaine».
Mais, commente Al Ahdath Al Maghribia, «cela suppose que les partis, l’État et les citoyens assument chacun leur part de responsabilité, afin de bâtir un système politique plus crédible, transparent et efficace».









