Un mois après l’assassinat d’Abdelali Mchiouer, la junte s’acharne à martyriser sa dépouille et sa famille

Les Marocains Bilal Kissi, au premier plan, et Abdelali Mchiouer, tués le 29 août par la police maritime algérienne.

Les Marocains Bilal Kissi, au premier plan, et Abdelali Mchiouer, tués le 29 août par les gardes-côte algériens.

La dépouille d’Abdelali Mchiouer, l’un des deux vacanciers marocains tués de sang-froid par la marine algérienne, est toujours retenue dans une morgue de la ville de Tlemcen, en Algérie. Les démarches entreprises par sa famille et sa défense pour la rapatrier n’y ont rien changé. Et il s’agit, là encore, d’un acte criminel.

Le 25/09/2023 à 17h54

La famille et les proches d’Abdelali Mchiouer sont toujours dans l’incapacité de faire leur deuil. Cela fait pratiquement un mois que leur fils est tombé, le 29 août 2023, avec Bilal Kissi, sous les tirs nourris de l’armée algérienne, alors qu’ils s’étaient, avec deux autres vacanciers marocains, perdus en mer à bord de jet-skis dans l’espace maritime algérien près de Saïdia. Mais les autorités algériennes, qui avaient repêché son corps et l’avaient placé dans une morgue à Tlemcen, refusent toujours de restituer sa dépouille.

Interrogés par Le360, des membres de la famille du défunt disent être aujourd’hui sans nouvelles, alors que des promesses avaient été formulées quant à l’éventualité du rapatriement de son corps. Pour l’avocate de la famille, Me Ghizlane Mouhtaram, toutes les démarches entreprises ont buté sur des entraves administratives, qui se sont par la suite révélées être d’ordre politique. «Avec mon confrère en France, également chargé de l’affaire, nous avons été soulagés d’apprendre que les autorités algériennes étaient a priori bienveillantes. Nous avons sollicité tant le parquet général que le parquet administratif, en plus du Wali de Tlemcen. Au début, on nous a uniquement demandé de fournir des documents administratifs, notamment le laissez-passer pour la dépouille et le certificat de décès de la victime que devait produire le consulat marocain à Sidi Bel Abbès. Documents que le consulat s’est hâté de délivrer», explique l’avocate.

«Nous allons toutefois saisir des organisations onusiennes»

Les démarches ont été enclenchées le 8 septembre et se sont poursuivies jusqu’au 15 du même mois. «Nous avons même fait appel à un avocat sur place pour mener à bien la procédure. Une désignation qui s’est par ailleurs avérée difficile, et qui nous a alertés sur la nature politique de l’attitude de la partie algérienne», précise Me Mouhtaram, ajoutant que cette dernière s’est, à chaque sollicitation, cachée derrière la lenteur du consulat marocain. Vérification faite, rien n’est plus faux: le consulat avait fait tout le nécessaire exigé par les autorités algériennes. «À l’évidence, ce n’était qu’un prétexte pour ne pas accéder à notre demande», déduit l’avocate.

Depuis le 15 septembre jusqu’à aujourd’hui, le 25 septembre, c’est silence radio du côté des autorités algériennes. «Et on ne peut pas forcer un État», constate, désarmée, l’avocate de la famille. «Nous allons toutefois saisir d’autres organisations, notamment onusiennes, pour faire valoir le droit de la famille à récupérer la dépouille de la victime», annonce-t-elle.

Une conférence de presse prévue le mardi 26 septembre

Une conférence de presse est également prévue demain mardi 26 septembre à Casablanca, en présence des familles Mchiouer et Kissi, pour faire le point sur l’affaire et décrire le véritable enfer que vit une famille par la seule faute d’un régime qui refuse de prendre en considération la nature strictement humaine du dossier.

Originaire d’Oujda, Abdelali Mchiouer, âgé de 40 ans et père d’un enfant de 5 ans, vivait en France et exerçait la profession de commerçant au marché de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. «Tout ce que nous voulons, c’est pouvoir récupérer son corps pour faire notre deuil dignement. En attendant, son père et sa mère sont dans un tel état de chagrin que leur propre vie est en jeu. Ils ne supportent pas de rester sans nouvelles de la dépouille de leur fils et sont meurtris par le doute qu’entretiennent les autorités du pays voisin quant à la possibilité de son rapatriement», nous expliquait Hammad Kissi, un membre de la famille.

Par Tarik Qattab
Le 25/09/2023 à 17h54