UA. Quand un chiffon devient matière à scandale: la dernière farce du Polisario à Malabo

Le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba.. 2013 Getty Images

Lors de la réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine à Malabo, tenue ce jeudi en Guinée équatoriale, l’absence du fanion de la pseudo-Rasd, oublié par le protocole, a été grossièrement transformée en «vol» imputé à la délégation marocaine. Incapable d’intervenir sur les questions à l’ordre du jour, le Polisario a préféré brandir l’intox pour masquer son vide politique et entretenir son récit victimaire, quitte à instrumentaliser une erreur logistique (bien que!) pour parasiter les travaux d’une organisation déjà fragilisée par sa simple présence.

Le 10/07/2025 à 20h15

Un drapeau qui disparaît, une salle de conférence transformée en théâtre de l’absurde et une machine de propagande qui s’emballe. Le dernier épisode du Polisario à l’Union africaine révèle encore une fois la mécanique bien huilée de l’intox, recyclée pour masquer une absence criante de légitimité, d’idées et de projet.

Tout a commencé par une chaise vide… ou plutôt un mât vide. Alors que les ministres des Affaires étrangères africains s’installaient pour une session technique du Conseil exécutif de l’Union africaine, ce jeudi 10 juillet 2025 à Malabo, en Guinée équatoriale, la délégation du Polisario a cru pouvoir ranimer son storytelling victimaire. L’absence de son «drapeau» lui en a fourni le prétexte, confirmant par la même occasion qu’elle n’avait pas sa place dans cette réunion et n’avait rien à y dire.

Histoire de «meubler» et de justifier leurs émoluments à leur sponsor algérien, Mohamed Yeslam Beissat, prétendu ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines de la Rasd, accompagné de Lamman Abaali, «ambassadeur» en République d’Éthiopie et représentant auprès de l’Union africaine, ont trouvé la parade: accuser la délégation marocaine du «vol» du chiffon faisant office de drapeau de la république chimérique.

D’abord, il faut dire les choses telles qu’elles sont: il n’y a eu aucun vol façon film d’espionnage. Le récit du Polisario veut qu’un membre de la délégation marocaine ait subtilisé le fanion. Il s’agit simplement d’un oubli logistique du protocole de l’Union africaine, qui, en installant les attributs de chaque délégation, a omis d’y déposer le fameux chiffon du Polisario. C’est dire, au demeurant, à quel point l’entité séparatiste ne compte pas. L’affaire aurait pu en rester là: un coup d’œil au protocole, un «drapeau» remis en place, et tout le monde passe aux choses sérieuses.

Mais c’est mal connaître le Polisario. Sans contribution à apporter sur les questions administratives et budgétaires inscrites à l’ordre du jour, car après tout, comment justifier des lignes budgétaires pour un État imaginaire, sa délégation a préféré capitaliser sur un coup de théâtre improvisé. Il fallait bien remplir l’espace médiatique. À travers l’agence algérienne APS, celle du Polisario (SPS) et les réseaux sociaux, ce fut fait. En quelques heures, les relais habituels se sont emballés: «Vol du drapeau sahraoui par la délégation marocaine!». L’accusation est clinquante, et parfaitement calibrée pour faire oublier une réalité embarrassante. En coulisses, plus personne ne se presse pour écouter les lamentations répétées d’un mouvement qui n’a plus que l’agitation pour exister. «Il serait malaisant de viser un chiffon tellement contaminé que plus personne n’ose s’en approcher. De là à le subtiliser, il faut une combinaison spéciale», s’amuse une source au fait des événements.

C’est là tout l’art du Polisario: transformer un oubli en indignation, puis l’indignation en scandale, et enfin le scandale en arme de pression. Le but ultime étant de donner de la visibilité à une présence de plus en plus embarrassante dans les rangs de l’UA. Quitte à sacrifier la crédibilité de l’institution continentale. Car pendant qu’on débat de chiffons, les vraies priorités de l’Union africaine (coopération, sécurité, intégration économique) restent reléguées au second plan.

Ce n’est pas la première fois que le Polisario s’adonne à ce petit jeu. Depuis le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017, ses émissaires n’ont eu de cesse d’entraver les débats par des incidents montés de toutes pièces. Quand le fond fait défaut, le bruit devient l’ultime recours. On détourne l’attention, on distrait les médias, on occupe les réseaux sociaux. On recycle la même dramaturgie pour masquer la vacuité d’un projet politique qui n’a pas survécu à la dynamique diplomatique et de développement enclenchée au Sahara par le Maroc.

Pour rappel, lors d’une retraite organisée en décembre 2022 dans un hôtel à Johannesburg en Afrique du Sud, censée traiter de la coopération entre le Parlement panafricain et le Comité des représentants permanents de l’UA, un représentant informel du déjà illégitime Polisario s’est attaqué au Maroc et à ses institutions. Il s’agissait du même Mohamed Yeslam Beissat, alors «ambassadeur» à Pretoria. Cette réunion a servi de tremplin à ce mercenaire qui n’avait même pas le droit, et encore moins la qualité, d’être présent à ce conclave, pour s’en prendre au Maroc, à son Sahara et à ses institutions.

En retrait durant toute la durée des travaux, Beissat s’est manifesté lors de la présentation des conclusions pour tirer à boulets rouges, à coups d’insultes et d’infamies, sur le Royaume du Maroc. L’ambassadeur du Maroc auprès de l’UA, Mohamed Arrouchi, n’a pas hésité à réagir. Pris de colère, il a rendu la pareille à un vendu. Il s’agissait alors de la troisième fois que le mercenaire du front séparatiste, promu «chef de la diplomatie» depuis, s’adonnait à cet exercice. La première fois a eu lieu lors d’une réunion ministérielle de la Justice, tenue à huis clos. La seconde s’est produite lors du dernier sommet de l’Union africaine quand le «représentant» en question a critiqué la désignation du Maroc comme membre du Conseil pour la paix et la sécurité.

À la violence s’est donc substituée l’indignation de façade. La preuve que le Polisario ne subsiste qu’à travers ce genre de polémique sans lendemain. Une tactique de voyou, qui joue sur l’émotion et la confusion. Mais plus le temps passe, plus la ficelle est grosse. Et plus l’Afrique, dans sa majorité, regarde ailleurs, vers l’investissement, le commerce et la stabilité. Quant à ce fameux drapeau, chiffon agité comme symbole ultime de résistance, il n’aura servi qu’à démontrer une chose: le Polisario n’a plus d’autre argument que le vacarme. Et face à la réalité du terrain, illustrée -pour ne citer que cet exemple- par l’appui récent de pays comme le Ghana et le Kenya à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, le vacarme finit toujours par se taire.

Par Tarik Qattab
Le 10/07/2025 à 20h15