Le 35e sommet africain, qui prend fin ce dimanche 6 février à Addis-Abeba, a permis au Maroc d’engranger de nouveaux succès diplomatiques, dont l’ampleur peut se mesurer à l’aune de la rage qu’ils ont suscitée au sein du régime algérien.
La réélection haut la main du Maroc (à deux tiers des votants) pour un second mandat de trois ans au sein du Conseil paix et sécurité de l’Union africaine a bien évidemment fait les choux gras à l’agence officielle algérienne d’information, qui a tenté de minimiser le leadership africain du Maroc qui, cinq années seulement après son retour au sein de l’organisation panafricaine, a déjà été élu président ou membre de plusieurs commissions de l’UA.
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Selon l’APS, «le Maroc, désormais membre au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), risque de se retrouver face à ses contradictions, notamment en ce qui concerne le règlement de la question du Sahara occidental». Dans ce seul paragraphe introductif, la déception et l’amertume du régime algérien sont manifestes.
D’une part, et à aucun moment l’APS ne rappelle que depuis son 33e sommet tenu en juillet 2018 à Nouakchott, l’Union africaine a adopté à la quasi-unanimité la décision 693, en vertu de laquelle l’organisation des nations unies (ONU) est désormais le cadre exclusif pour la recherche d'une solution au conflit créé autour du Sahara marocain. L’Union africaine se limite désormais dans ce dossier à contribuer par des avis consultatifs, à la demande de l’ONU, par le biais du mécanisme dit de la Troïka (ancien, actuel et prochain présidents en exercices de l’UA). D’ailleurs en prenant cette décision très sage, l’UA a clairement signifié que le dossier du Sahara ne sera plus un motif de divisions au sein de cette organisation.
C’est cette tendance que confirment d’ailleurs les trois récents rapports présentés au sommet de l’UA, samedi 5 février. Qu’il s’agisse de ceux de la Commission africaine, du CPS ou celui sur le droit humanitaire, aucun de ces rapports, et ce pour la première fois, ne fait la moindre référence au Sahara marocain, selon Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaines et des Marocains résidant à l’étranger, présent à Addis-Abeba.
D’autre part, à travers l’expression «le Maroc désormais membre au CPS», et toujours pour minimiser le leadership africain du Royaume, l’APS omet sciemment de rappeler que ce n’est pas la première fois que Maroc est élu membre du CPS de l’UA. Surtout qu’il a déjà accompli un premier mandat de deux ans (2018-2020), et a même présidé le CPS pendant un mois alors que cette structure était encore dirigée par le commissaire algérien de triste mémoire, Smaïl Chergui.
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A contrario, et en vue d’atténuer un tant soit peu le déclin de la diplomatie algérienne face à celle du Maroc, l’APS rappelle que «depuis l'opérationnalisation de cette structure importante sur les questions de paix et de sécurité, l'Algérie a assuré 5 mandats avec 14 ans cumulés en tant que membre depuis 2004, et n'a été en dehors du CPS que pendant 3 ans seulement». En effet, depuis la création de l’UA en 2002, le plus puissant département et le mieux doté budgétairement de l’organisation panafricaine, a été tour à tour dirigé par les Algériens Saïd Djinnit, Ramtane Lamamra et Smaïl Chergui. Il aura fallu l’élection du Nigérian Bankole Adeoye, en février 2021, en tant que commissaire de l’UA aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité, pour mette un terme à un monopole qui a énormément desservi le continent, les commissaires algériens ayant instrumentalisé ce département à la seule fin de servir les intérêts et l’agenda du régime algérien.
Durant les années où le Maroc était absent de l’UA, l’Algérie a trusté l’un des 15 sièges au CPS, où deux pays de l’Afrique du nord sont en permanence représentés. Ce monopole a pris fin avec le retour du Maroc, ce qui crée naturellement de la frustration chez les dirigeants de la junte algérienne.
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Face à cette frustration, le régime algérien brandit une maigre consolation. En effet, l’APS se vante, dans la même dépêche où elle parle de l’élection du Maroc au CPS, du fait l’Algérie a le soutien de l’UA, de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (excusez du peu) pour siéger prochainement au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent.
Tout à sa frustration, le régime algérien en arrive même à considérer que certains Etats africains sont ses affidés. Dans une sidérante fuite en avant, le porte-voix de l’appareil militaro-politique affirme que même si elle ne siège pas au CPS, l’Algérie restera représentée pas ceux qu’elle appelle les Etats «like minded» (ayant les mêmes opinions… sur le Sahara), à savoir «l'Ouganda, la Tanzanie, la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud qui se retrouvent toujours sur les mêmes positions que l’Algérie…, constituant ainsi un soutien de taille pour l'Algérie sur les questions importantes que le CPS aura à examiner». Il n’y a rien d'autre à ajouter à ce naufrage de la diplomatie de la junte.