Il est de ces réactions de total déni qui forcent vraiment la pitié. Et celle d’Amar Belani, scribouillard de son état et pseudo envoyé spécial chargé du dossier du Sahara au ministère algérien des Affaires étrangères, sur l’issue des travaux de la réunion du Conseil de la Ligue arabe (6-7 septembre au Caire), est pathétique à plus d’un titre.
Commis d’office pour porter la voix de ses maîtres quant à la déroute totale de la diplomatie algérienne lors d’un évènement censé préparer le prochain sommet de la Ligue arabe (1er-2 novembre 2022 à Alger), Amar Belani, faute d’arguments solides, a opté pour un exercice qui en dit long sur la débandade de la junte: les lamentations.
Ainsi, dans une «mise au point» littéralement distribuée aux principaux titres de presse algériens -ce qui est sa marque de fabrique-, Amar Belani a préféré occulter le fait que si le sommet de la Ligue arabe se tient à Alger, ce sera avec un niveau de sous-représentation inégalé dans toute l’histoire de ce groupement régional. Tout comme il n’a strictement rien dit sur les grandes «causes» que l’Algérie entendait, tambour battant, mettre en avant lors de «son» sommet, dont elle ne doit d’ailleurs l’organisation qu’à l’ordre alphabétique arabe. Exit le «sursaut» contre les pays arabes normalisateurs avec Israël et oubliée la réintégration de la Syrie. Quant au droit de cité de l’autodétermination, il aura été tout aussi chimérique que l’entité fantoche qu’Alger défend, arme et finance sur le dos du contribuable algérien.
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En lieu et place de cet ordre du jour, pour lequel Alger s’est battue bec et ongles depuis plus d’un an, le chantre en chef du régime vient nous bassiner avec des jérémiades contre «l’instrumentalisation de la Ligue des Etats arabes par un petit groupe au service d’intérêts étroits». Il se garde cependant d’en nommer les membres. Faisons alors les comptes: si par «petit groupe», Belani entend le Maroc, la Libye, l’Egypte, la Jordanie, les Comores, Djibouti, tous les pays du Golfe, que reste-t-il alors dans le ô combien grand groupe, si ce n’est la même Algérie, la Tunisie vassalisée et la Syrie exclue d’office? A l’évidence, le constat erroné n’est même pas une manœuvre pour masquer devant l’opinion l’échec annoncé du sommet. C’est du pur déni de réalité qui relève du pathologique.
Mieux, le téléguidé Belani s’en prend à l’agence de presse marocaine MAP, accusée de fabriquer selon lui des triomphes diplomatiques imaginaires et qui «vient de fabuler sur de soi-disant avancées et points enregistrés contre l’Algérie». Or, malheureusement pour l’envoyé spécial et ses sponsors, la MAP n’a fait que reprendre les conclusions et les résolutions de la réunion du Caire, que ce soit s’agissant des organisations terroristes et séparatistes, le recrutement d'enfants dans les conflits armés et terroristes ou les ingérences de l’Iran. Mais dans un exercice d’authentique défi, Belani refuse de l’entendre de cette oreille. Quitte à se mélanger les pinceaux et admettre que la Ligue arabe n'a pas tenu compte du narratif algérien sur le séparatisme. Admirez: «Le contenu du préambule de la résolution (du Conseil de la Ligue arabe, Ndlr), qui fait référence à la réunion d’un comité de suivi, ne reflète pas ces principes fondamentaux des Nations Unies et la délégation algérienne tient à souligner que ce qui est qualifié d’éléments terroristes séparatistes concerne seulement ceux qui sont classés en tant que tels par les Nations Unies et que les frontières visées sont celles qui sont internationalement reconnues.»
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Ce que Belani appelle fabulations de la MAP n’est donc rien d'autre que ce que le Conseil de la Ligue arabe a adopté, contre la volonté d’Alger. Et c’est à se demander qui fabule au final. Des phrases aussi pompeuses que le sursaut arabe sur la question palestinienne, à l’instar de «Ce sera à Alger ou nulle part ailleurs», comme l’a affirmé le CEO des hâbleurs algériens, ne font que rajouter au diagnostic d’une vraie folie des grandeurs.
Le déni de réalité, l’Algérie du tandem perdant Chengriha-Tebboune nous y a (un peu trop) habitués ces derniers temps. Deux récents exemples en disent long en la matière. La diplomatie algérienne a livré une vraie bataille pour faire de Sabri Boukadoum, ancien ministre des Affaires étrangères, le prochain chef de la mission de l’ONU, allant jusqu’à jurer que c’était le choix du secrétaire général de l’ONU. Mais, surprise, c’est Abdoulaye Bathily qui a été nommé en tant que représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye et chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL). Et voici que le ministère algérien des Affaires étrangères nous a surpris à son tour avec un communiqué, publié samedi 3 septembre, dans lequel il a affirmé que «l’Algérie accueille avec satisfaction la nouvelle de la nomination du Professeur Abdoulaye Bathily». Un signe de la stupéfaction générale chez la junte ne trompe cependant pas: aucune ligne n’a été écrite sur le sujet dans les médias algériens, largement inféodés au régime.
Même topo, autre circonstance, celle du scrutin déterminant le siège de l’Agence africaine du médicament, tenu le 15 juillet dernier. Alors qu'Alger a pesé de tout son poids avec un engagement de 200 millions de dollars pour obtenir ce siège, c’est le Rwanda qui l’a emporté. Haut la main: 82% des voix sont allées à Kigali. Contre 8 voix pour l’Algérie. Quand on enlève celles d’Alger, de sa «province» la Tunisie et de ses protégés de la «Rasd», il n’en reste que cinq. La débâcle est d’autant plus spectaculaire que, sûre de gagner, c’est l’Algérie qui a poussé les membres du Conseil exécutif de l’Union africaine au vote. Pathétique, on vous dit.