Invité mercredi soir devant la Commission des secteurs sociaux, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a fait face à une audition particulièrement tendue. Alors que les manifestations du mouvement GenZ212 se poursuivaient dans plusieurs villes du Royaume, le ministre a tenu à réaffirmer «la volonté du gouvernement d’améliorer le système national de santé», une revendication au cœur des mobilisations citoyennes.
Accusé par l’opposition de «laxisme» et d’«inefficacité», le ministre a répondu sans détour: «Le message des contestataires a été reçu, et je m’engage à œuvrer pour améliorer le système de santé». Il a précisé que cette rencontre répondait à l’appel conjoint des groupes parlementaires de la majorité et de l’opposition, reflétant ainsi l’importance accordée à un dossier considéré comme prioritaire.
Les critiques des députés de l’opposition – MP, USFP, PPS et PJD – ont porté sur plusieurs dysfonctionnements structurels: pénurie du capital humain médical, infrastructures hospitalières dégradées, déséquilibre croissant entre le secteur public et le privé. Face à ces accusations, Amine Tahraoui a annoncé une mesure forte: «Dès les premières années de formation, les étudiants en médecine seront orientés vers les hôpitaux afin d’anticiper les besoins et de doter le système d’un capital humain suffisant.»
Au cours d’un débat marathon qui s’est prolongé jusqu’à l’aube, le chef du groupe parlementaire du PPS, Rachid Hamouni, a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la loi sur les groupements hospitaliers territoriaux. «Il est illusoire de penser que nous pourrons former 30.000 médecins en six ou sept ans», a-t-il martelé. Pour le député de Boulemane, seule une meilleure répartition des médecins vers les zones éloignées et marginalisées, assortie d’incitations efficaces, permettra de pallier le déficit actuel.
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De son côté, le président du groupe parlementaire du PAM, Ahmed Touizi, a reconnu «un déficit de communication gouvernementale», tout en appelant à davantage de patience. Selon lui, «les revendications sont légitimes: améliorer la santé, l’éducation, lutter contre la corruption. Mais ces réformes demandent du temps». Chiffres à l’appui, il a rappelé l’ampleur du défi: «Le Maroc a besoin de 45.000 médecins, mais nous n’en formons qu’environ 1.200 par an. Ce n’est pas seulement une question de contrats, mais un problème de gouvernance.»
Ainsi, cette séance parlementaire aura mis en lumière un consensus sur la légitimité des revendications sociales portées par la jeunesse, mais également la profondeur des défis structurels à relever pour réformer durablement le système de santé.












