La prise de parole aurait pu passer inaperçue, n’était-ce la grande charge émotionnelle dont elle était empreinte et, donc, sa viralité sur la toile et les réseaux sociaux. Généralement réservé et peu démonstratif, l’ancien ministre socialiste (USFP) des Finances, Fathallah Oualalou, aujourd’hui économiste et notamment senior fellow au think tank Policy Center for the New South (PCNS), n’a pas pu contenir, tant ses larmes que sa fierté.
Vendredi 16 décembre dernier, lors d’une intervention commentant les exposés tenus plus tôt par Hubert Védrine, ancien ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, et par le conseiller du roi André Azoulay, dans le cadre du forum annuel The Atlantic Dialogues, organisé par le même PCNS (14 au 16 décembre 2022 à Marrakech), Fathallah Oualalou se voulait d’abord serein.
«Le Maroc, tel qu’il est, de par sa diversité, son histoire, son système politique monarchique et le rapport existant entre toutes ses composantes, n’a aucun complexe. C’est pour cela que dès l’indépendance, le Maroc a tendu la main à la France, mais aussi à l’Espagne, ancienne puissance coloniale au nord, mais aussi au Sahara. Nous avons géré notre indépendance sans aucun complexe et nous avons oublié les ruptures. Aujourd’hui, le monde a changé. Le monde est mondialisé. Et c’est sans complexe que le Maroc a le droit de tendre la main aux Etats-Unis et à la Chine», a déclaré l’ancien ministre.
«Nous connaissons notre géographie et dans cette géographie, il y a aussi l’histoire. Nous tenons donc à nos relations avec la France. Nous tenons également à nos relations avec l’Espagne. Comme nous tenons à être un relais essentiel entre l’Europe et l’Afrique. Mais nous avons également le droit de dialoguer avec le reste du monde, de la même manière que des pays comme la France, l’Espagne ou, plus globalement, l’Europe ont le droit de s’ouvrir sur le monde entier», a-t-il déduit. Pour lui, l’essentiel est de savoir gérer et la proximité et la mondialisation.
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L’instant émotion a suivi presque sans transition lorsqu’évoquant le match de football ayant opposé, dans le cadre de la Coupe du monde, le Maroc à l’Espagne lors de la rencontre de qualification en quart de finale, Fathallah Oualalou n’a pu retenir ses larmes. Il en est allé ainsi quand il a décrit comment le Souverain est descendu dans la rue pour partager la joie des Marocains après la victoire des Lions de l’Atlas à l’issue de cette rencontre, «habillé du maillot de l’équipe nationale, comme tous les Marocains. C’est formidable».
Pour lui, les victoires au Mondial de la sélection nationale, qui a atteint la demi-finale, ont une portée qui dépasse de loin le simple football. «Ce que nous avons gagné dans cette affaire, c’est le droit de se faire respecter par les autres. Aujourd’hui, nous savons que nous avons la capacité de rattraper et d’être au même niveau que tous les autres grâce à ce que nous sommes. En même temps, nous respectons tout le monde. Tout ce que nous demandons, c’est d’être respectés en retour. D’abord, s’agissant de l’intégrité de notre territoire national. L’Espagne et la France connaissent l’histoire et la géographie de cette région. C’est la raison pour laquelle ces deux pays ont une responsabilité et ils se doivent de nous respecter sur cette question», a tranché l’économiste sous les applaudissements. Une sortie qui fera date et qui en dit long sur le véritable changement que génère, et continuera de générer, la prestation des Lions de l’Atlas chez (tous) les Marocains.