Que faut-il réellement attendre de la «table ronde» de Genève? C’est la question qui agite désormais les esprits à l’approche de cette échéance prévue mercredi et jeudi prochains dans la capitale suisse.
Positivons. C’est tout de même la première fois depuis mars 2012, année à laquelle le processus politique a été mis à l’arrêt, que le successeur de l’Américain Christopher Ross, Horst Köhler, va pouvoir réunir les parties autour d’une «table » en perspective de la reprise des négociations formelles sur le Sahara.
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Autre première à mettre au compte de l’ancien président allemand, c’est d’avoir mis en brèche l’ancien format appliqué lors des précédentes négociations, enfermant le conflit dans sa dimension «bilatérale», c'est-à-dire entre le Maroc et le front polisario. Horst Köhler va pouvoir réunir cette fois, le Maroc, l’Algérie (en tant que partie), le front polisario et la Mauritanie.
Il en ressort que la nouvelle orientation de l’ONU est de percevoir le conflit dans sa dimension régionale, ce qui revient à cautionner la position du royaume du Maroc qui a toujours pointé, à juste titre d'ailleurs, l’Algérie, en tant que partie prenante à ce différend. L’invitation adressée par Köhler au ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour prendre part à cette table ronde, participe en effet de cette nouvelle perception de l’ONU et de son instance décisive, le Conseil de sécurité.
Seulement voilà: s’il faut bien saluer la démarche innovante du SG de l’ONU Antonio Guterres et de son Envoyé personnel pour le Sahara, Horst Köhler, dont la déclinaison sur le terrain se traduit par la nature et le format de la table ronde de Genève, la prudence doit rester de mise concernant le résultat de cette réunion multilatérale.
En effet, aucun changement dans les positions des parties ne se profile à l'horizon de Genève, chaque partie restant cramponnée à sa thèse. Il n’en reste pas moins que la seule proposition à demeurer sur la table est le plan marocain d’autonomie, considéré d’ailleurs comme une base crédible et sérieuse de négociation par le Conseil de sécurité.
En revanche, le Polisario, soutenu par Alger, n’a pour l’heure aucune proposition, en dehors d'un «référendum d’autodétermination» obsolète, qui plus est impraticable, de l’aveu même de l’ONU. L’offre d’autonomie prônée par le Maroc, appuyée de surcroît par les grandes puissances, à leur tête les Etats-Unis et la France, est d’ailleurs porteuse d’une forme d’autodétermination, sachant qu’elle prévoit de larges prérogatives d’autogestion pour la population des provinces sahariennes.
Le défi auquel est confronté l’émissaire du SG de l’ONU, Horst Köhler, est en effet de faire entendre raison à la partie adverse, appelée par le Conseil de sécurité à oeuvrer pour une solution politique basée sur l’esprit du compromis et du réalisme.
Une tâche qui n’est pas de tout repos pour le pragmatique Horst Köhler, qui doit trouver le moyen de convaincre la partie adverse à s’inscrire pleinement dans le processus en faisant preuve de réalisme et de compromis.