Ces dernières années, les lettres adressées par le chef du Polisario au secrétaire général de l’ONU se suivent et se ressemblent. Brahim Ghali refuse toujours de voir la réalité en face et continue d'accuser l’ONU, son Secrétaire général et son Conseil de sécurité, sans parler de la MINURSO, de parti-pris et de complicité avec le Maroc.
Le Polisario et son parrain algérien cherchent ainsi, à travers cette constante fuite en avant, à gagner du temps et faire obstruction aux efforts de la communauté internationale qui soutient désormais majoritairement le plan marocain d’autonomie au Sahara, comme seule solution réaliste et viable pour mettre fin à ce différend artificiel.
Dès l’entame de sa longue lettre, datée du samedi 15 octobre 2022, Brahim Ghali imprime le désespoir des séparatistes et de leur donneur d’ordre algérien. Il écrit que le Polisario «exprime une fois de plus sa dénonciation la plus totale du silence complice et injustifié du Secrétariat général des Nations Unies et sa réticence inexpliquée à appeler les choses par leur vrai nom».
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Le chef des séparatistes de Rabouni reproche, ici, à Guterres le fait d’avoir relaté des «hostilités» isolées et de très «faible intensité» au-delà du mur de défense marocain au Sahara, et de ne pas avoir cédé aux mensonges du Polisario et ses communiqués quotidiens sur la guerre fictive, que seuls les médias algériens relaient, mais qui n’existe pas pour la MINURSO, présente sur le terrain.
Brahim Ghali, comme dans sa lettre du 18 octobre 2021 où il exprimait déjà sa colère contre le rapport d’Antonio Guterres de l’année dernière, accuse ce dernier d’avoir à nouveau décliné un rapport au contenu «déséquilibré» et «inacceptable». Le dénommé «Benbattouch» a attendu longtemps avant de réagir à ce rapport, la junte algérienne ne sachant pas très bien sur quel pied danser. Le régime algérien, qui passe son temps à dire que le Maroc ne se soumet pas aux recommandations onusiennes, a fini par activer son entité fantoche en la sommant de prendre le contrepied de la communauté internationale.
Le chef du Polisario rappelle ainsi que le secrétaire général de l’ONU a clairement soutenu l’opération des Forces Armées Royales (FAR) du 13 novembre 2020 à El Guerguerat. Alors que c’est lui qui avait, à l’époque, informé officiellement l’ONU qu’il ne respecte plus le cessez-le-feu de 1991 au Sahara, qu’il a rompu unilatéralement, Brahim Ghali accuse aujourd’hui encore Guterres de ne pas avoir fait endosser «l’effondrement du cessez-le-feu» au Maroc.
Pris dans la nasse de ses contradictions, le chef du Polisario, qui clame sur tous les toits que la guerre bat son plein au Sahara sur plusieurs fronts, affirme que l’armée marocaine ne fait, elle, que tuer des «civils» dans la zone tampon.
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Brahim Ghali écrit ainsi à Guterres que les FAR «utilisent toutes sortes d'armes, y compris des drones, pour tuer sans pitié, non seulement des dizaines de civils sahraouis, mais aussi des civils des pays voisins». Là aussi, il exprime son mécontentement face au démenti qu’apporte le rapport onusien aux allégations algéro-polisariennes. L’ONU précise, noir sur blanc, que la MINURSO n’a jamais confirmé sur le terrain une quelconque attaque marocaine contre des civils, de quelque origine qu’ils soient, dans la zone tampon.
Même le mensonge de la présidence algérienne, qui affirmait dans un communiqué officiel du 3 novembre 2021, que «trois ressortissants algériens ont été lâchement assassinés par un bombardement barbare de leurs camions alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla», bombardement attribué au Maroc, a été mis à nu par le rapport de Guterres. Ces camionneurs, dont les cadavres n’ont jamais été retrouvés ou identifiés par les enquêteurs de la MINURSO, étaient en fait des trafiquants de carburants, qui ne venaient ni de Ouargla, ni se dirigeaient vers Nouakchott, comme le prétendait la Mouradia. Directement pointée du doigt par ce paragraphe du rapport du secrétaire général de l’ONU, qui met gravement en doute ses accusations gratuites et bellicistes contre le Maroc, l’Algérie s’est finalement emmurée dans un silence gêné, ne sachant que répondre à Guterres.
La lettre du chef des séparatistes au patron de l’ONU a un seul mérite: elle permet de prendre le pouls de la junte algérienne. Et ce qui transparaît, c’est le désespoir, la déception et l’incapacité à contrer la dynamique enclenchée par le Maroc sur le dossier du Sahara. En 2021, l’Algérie a officiellement rejeté la résolution 2602 du Conseil de sécurité. Une autre résolution sera votée le 27 ou 28 octobre 2022 par ce même Conseil de sécurité. Tout porte à croire qu’elle ne va pas différer du rapport du chef de l’ONU, qualifié de «déséquilibré» et d’«inacceptable» par le chef des séparatistes.
Il reste à savoir si l’Algérie va encore une fois se distinguer par son isolement au sein de la communauté des nations ou continuer à avaler des couleuvres en silence, histoire de ne pas torpiller le narratif creux qu’elle sert à son opinion publique au sujet d’une prétendue remontada de la «diplomatie tebounienne».