Trente-quatre usines qui produisent en masse depuis le 7 avril, plus de 7 millions d’unités par jour et la cadence de production va en augmentant. Non seulement cela fait la fierté des Marocains, mais le pays est donné en exemple, y compris dans les nations industrialisées comme la France. Et pour cause. Depuis le mois de mars, le Royaume s’est lancé dans la fabrication de masques grand public 100 % marocains, vendus 0,7 euro l’unité, écrit le quotidien Le Monde dans un article mis en ligne ce vendredi 1er mai. Imbattable comme exploit.
Sous l’impulsion du ministère de l’Industrie et grâce aux subventions du Fonds spécial d’urgence, mis en place sur initiative du roi Mohammed VI et qui est alimenté par les donations des personnes physiques et morales publiques et privées, dix-neuf usines de textile locales se sont reconverties pour produire des unités à partir de matériau non tissé également produit localement.
Ce processus de production en masse peut non seulement satisfaire la demande intérieure, le masque ayant été rendu obligatoire depuis le 7 avril, mais il lui permet d’envisager d’en exporter. Bien sûr, comme dans toute démarche inédite, «une série de couacs est venue plomber la belle opération. Distribués dans un premier temps dans les grandes surfaces par paquets de 50 et de 100, les millions de masques promis par le gouvernement pour couvrir les besoins de la population se sont comme évaporés», observe le quotidien français. «Spéculation, fraude, défaut de qualité, pression des industriels… Les rumeurs sur la disparition des masques grand public sont allées bon train, alimentant la confusion», poursuit-t-il.
Tout cela fait désormais partie des premières imperfections d’un plan qui s’est tout de suite révélé, certes, ambitieux, mais réaliste. Contacté par le quotidien, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, tout en reconnaissant ces petits ratages du début, assure aujourd’hui que la situation est désormais «sous contrôle».
Dans l’urgence d’une pandémie, explique-t-il, «il fallait agir rapidement» et rectifier le tir au fur et à mesure que le plan avance. «Nous avons donc privilégié les canaux qui étaient disponibles à ce moment-là, en attendant de convaincre les pharmaciens, qui étaient notre premier choix. Il a aussi fallu obtenir des certifications afin de répondre aux normes internationales. Tout cela a ralenti le processus de fabrication et de distribution. C’est vrai que certains opérateurs ont tenté de vendre les masques plus cher à des entreprises, mais cela n’explique pas la pénurie. La réalité, c’est qu’il n’y en avait pas. Mais cet épisode est derrière nous: aujourd’hui, nous en produisons 7 millions quotidiennement. Nous sommes autosuffisants et dégageons même un excédent», a notamment expliqué le ministre.
Moulay Hafid Elalamy, poursuit le quotidien français, a pu également arriver à convaincre trente-quatre entreprises de se lancer dans la fabrication de masques en tissu lavable non subventionné, dont une partie est destinée à l’exportation. Ce qui va permettre au Royaume de bien se positionner dans la course mondiale aux masques. Ainsi, affirme le ministre, cité par Le Monde, parmi ces entreprises, cinq exportent déjà la moitié de leur production en Europe. «Nous avons beaucoup de demandes de pays étrangers et puisque le besoin national est comblé, nous allons autoriser plus d’entreprises à exporter d’ici à quelques semaines», souligne M. Elalamy.
En ce sens, relève le quotidien, les filiales d’entreprises françaises au Maroc se sont déjà lancées dans la fabrication d’unités sur place, dans la perspective du déconfinement en France (prévu pour le 11 mai). Au Maroc, le léger faut départ est vite rattrapé, cela fait partie d’un passé lointain. Les Marocains peuvent désormais se procurer des masques de qualité à volonté dans les pharmacies. Pour en arriver là, les autorités, en faisant appel à des experts en la matière, ont renforcé les mesures de contrôle, aussi bien de production que de qualité, au sein des usines et les circuits de commercialisation sont bien maîtrisés.