Position de la Slovénie sur le Sahara: la nouvelle campagne de désinformation du régime d’Alger

La ministre slovène des Affaires étrangères, Tanja Fajon, recevant, vendredi 30 août 2024 à Ljubljana, son homologue algérien Ahmed Attaf.

Poursuivant une politique de la réaction sur fond de désinformation, le régime d’Alger tente de faire croire à un appui de la Slovénie non pas à la proposition d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, comme publiquement affirmé par Ljubljana, mais à l’option séparatiste. Un mensonge de plus qui en dit long sur le désarroi d’un système acculé à draper de fausses victoires sa série de défaites diplomatiques bien réelles.

Le 02/09/2024 à 14h35

On reconnaîtra au moins ce mérite à la diplomatie algérienne: celui de la persévérance. Dans le mensonge et la désinformation certes, mais on a les talents qu’on mérite. Il ne se passe donc pas un jour sans que le régime d’Alger ne nous gratifie d’une annonce invraisemblable, d’une victoire chimérique ou d’une percée aussi extraordinaire qu’imaginaire. Après tout, quand on se revendique «troisième puissance économique au monde», tout devient permis. Dernier mensonge en date, aussi grossier qu’assumé, celui relatif à un prétendu démenti apporté par la Slovénie s’agissant de la question du Sahara et de son appui à l’option marocaine d’autonomie des provinces du Sud.

Le vendredi 30 août, Ahmed Attaf, le très effacé ministre algérien des Affaires étrangères, a mobilisé les moyens de l’État algérien pour se rendre en Slovénie. À croire l’écho dont la diplomatie algérienne et les médias inféodés au régime se sont faits de ce déplacement, l’unique objet de la visite aurait été le dossier du Sahara. Ainsi, miroitant ce qui est présenté comme une victoire, le «Système» a rendu compte d’une rencontre entre le sieur Attaf et Tanja Fajon, cheffe de la diplomatie slovène. Le tout pour dire que «la Slovénie dément les allégations du Maroc» au sujet de l’appui de la Slovénie à l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 et «réaffirme la position ferme de son pays sur la question du Sahara occidental et son soutien permanent et continu au droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination».

Fort bien. Sauf que c’est archi-faux.

Rien, absolument rien, dans le communiqué conjoint publié à cette occasion par les deux parties ne peut laisser croire à un quelconque changement de la position de Ljubljana sur la question. Ce qu’on y lit, c’est que «la Slovénie soutient le processus mené sous la direction des Nations unies visant à parvenir à une solution politique de compromis, juste, durable et universellement acceptable». Un processus onusien auquel le Maroc adhère pleinement et une solution «de compromis juste, durable et mutuellement acceptable» que Rabat ne cesse de défendre. Est-il utile de rappeler au souvenir d’Attaf que sur les trois dernières résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara, deux ont été officiellement rejetées par l’Algérie? Et si ce pays s’est gardé de protester contre la résolution 2703 d’octobre 2023, c’est parce qu’il allait intégrer le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent et que cela faisait désordre de manifester son mécontentent contre un organe auquel on aspire de tous ses vœux.

Chaque fois qu’un pays se réfère aux dernières résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, Alger ferait mieux de garder à l’esprit que le Maroc les approuve, alors qu’il les rejette. Cela suffit à lui seul à montrer que le régime d’Alger a perdu la bataille dans l’instance décisive de l’ONU. Donc, si la diplomatie algérienne voit dans son communiqué conjoint avec la Slovénie un «démenti», cela relève, au mieux, de la cécité diplomatique ou, en vrai, de la tromperie bête et méchante.

La véritable information est ailleurs: dans le même communiqué, on apprend qu’un accord de coopération entre les deux pays est entré en vigueur depuis le mois de mars 2024. Il porte sur la fourniture de gaz naturel par la société algérienne Sonatrach à la société slovène Geoplin. En échange, force est de constater que le régime d’Alger n’a même pas obtenu de quoi échafauder un scénario un tantinet crédible sur le Sahara, et qu’entretemps, la ministre slovène des Affaires étrangères est passée par Rabat. Depuis que le régime haineux et peu intelligent d’Alger a fermé le gazoduc qui passe par le Maroc, il a réduit ses capacités à l’export. Et c’est lui qui est aujourd’hui dépendant de ses marchés traditionnels et très demandeur de marchés de taille modeste comme celui de la Slovénie. Le régime d’Alger découvre, une fois encore, que l’arme du gaz ne fait pas mouche contre le Maroc.

Renseignement pris, la visite d’Ahmed Attaf et la volte-face espérée, mais déçue, de la Slovénie sur la question du Sahara interviennent à la veille de la présidence slovène du Conseil de sécurité de l’ONU ce mois de septembre.

Elle se voulait une réaction à une autre visite, celle de la même ministre Tanja Fajon à Rabat et sa rencontre avec son homologue marocain, Nasser Bourita.

À l’issue de l’entretien qui les a réunis, le 11 juin dernier, la cheffe de la diplomatie slovène a réitéré le soutien de son pays au processus onusien, visant à une solution politique juste et durable acceptable par toutes les parties. «Les deux ministres ont réitéré leur soutien au travail de l’Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU et ont appelé au respect des résolutions de l’ONU et de la Charte des Nations unies», mentionnait le communiqué conjoint. Et il y est écrit, noir sur blanc, à cet égard: «Concernant la question du Sahara, la Slovénie salue le Plan marocain d’autonomie comme une bonne base pour parvenir à une solution définitive et consensuelle au différend régional autour du Sahara marocain».

Comme à l’accoutumée donc, la diplomatie et la presse algériennes ont donné libre cours à leurs fantasmes, prétendant que «la Slovénie dément les allégations du Maroc». Tant le communiqué conjoint signé à Rabat que celui acté en Slovénie apportent plutôt un démenti catégorique aux allégations algériennes et expriment un soutien clair à l’option marocaine et à l’initiative d’autonomie marocaine, la qualifiant explicitement de bonne base pour une solution définitive du conflit. Toute cette mascarade n’est en définitive qu’une piètre tentative de redorer un tant soit peu le blason bien terne du ministre Attaf et de colmater les brèches béantes d’une diplomatie qui vole littéralement en éclats.

Par Tarik Qattab
Le 02/09/2024 à 14h35