Nouvel An: les présidents des collectivités territoriales font le bonheur des chocolatiers

Quelques jours avant le premier jour du Nouvel an, les présidents de certains conseils régionaux et autres collectivités territoriales, ainsi que des directeurs d’entreprises publiques ont été pris par la fièvre des commandes de «cadeaux», sous forme de grandes quantités de chocolat.

Revue de presseQuelques jours avant le premier jour du Nouvel an, les présidents de certains conseils régionaux et autres collectivités territoriales, ainsi que des directeurs d’entreprises publiques ont été pris par la fièvre des commandes de «cadeaux», sous forme de grandes quantités de chocolat, en coffrets ou plateaux, avec rubans et sacs à mains, sur les frais du contribuable. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 02/01/2024 à 21h11

Certains présidents de Conseils régionaux et de collectivités territoriales, des directeurs d’établissements et entreprises publics ont profité de l’avènement du Nouvel an 2024 pour lancer des «Avis d’achat sur bon de commande» de cadeaux de fin d’année, et particulièrement de coffrets de chocolat prémium, payés avec l’argent public.

Dans son édition du mercredi  3 janvier, le quotidien arabophone Al Akhbar publie des échantillons de fac-similés attestant de telles dépenses, jugées inutiles, à un moment, écrit-il, où le chef du gouvernement et le département de l’Intérieur, qui assure la tutelle sur les conseils régionaux et communaux, appellent à plus d’austérité dans les dépenses publiques à tous les niveaux.

Selon Al Akhbar, le président du Conseil régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima a lancé un Avis d’achat sur bon de commande en vue de l’acquisition de 60 coffrets de chocolat de qualité supérieure, pesant chacun un kilogramme. Le commanditaire a exigé que la marchandise soit de la meilleure qualité qui puisse exister sur le marché, et qu’elle porte le label des meilleurs chocolatiers du monde, particulièrement suisses et belges.

Al Akhbar estime que le coût de cette commande a valu aux caisses du Conseil régional du Nord la coquette somme de 180.000 dirhams, soit au prix de 3000 DH le coffret de chocolat.

Si le président du Conseil régional a justifié cette commande en arguant que ledit chocolat de haute qualité va être servi aux différents hôtes étrangers qu’il aura à accueillir lors de réceptions futures, des questions se posent quant à la coïncidence de cette commande avec les fêtes de fin d’année, où les prix de certaines marques de chocolats connaissent une hausse vertigineuse. Et ce d’autant plus que dans des avis d’achat similaires lancés en même temps par d’autres présidents de collectivités territoriales, il est clairement précisé que ces commandes vont servir à être distribuées comme «cadeaux de fin d’année».

Mieux, dans ces avis d’achat lancés par ces édiles, et datés de la deuxième moitié du mois de décembre dernier, il est aussi précisé que la livraison des commandes doit se faire dans un délai ne dépassant pas les dix jours.  S’agirait-il d’une course contre la montre en vue de réceptionner ces coffrets de chocolat de haute qualité avant le premier jour du Nouvel An? En tout cas, estime Al Akhbar, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima aurait pu utiliser tout cet argent dans des actions qui auraient profité directement aux habitants de la région, dont certains sont dans le besoin.

A Casablanca, le président du Conseil régional a également lancé un avis d’achat de produits alimentaires en vue de l’acquisition de grandes quantités de chocolats de bonne qualité, et dont il a clairement précisé qu’elles doivent porter les labels internationaux les plus courus à travers le monde (La Fée du chocolat, la Maison du praline, Jeff de Bruges, Neuhaus, Pralinor…), ajoutant que cette commande est destinée à des cadeaux de fin d’année et qu’elle doit être livrée dans des sacs à main de luxe avec des rubans aux couleurs scintillantes enlaçant les coffrets et plateaux.

Les présidents de certains conseil régionaux ont donc fait le bonheur des chocolatiers en fin d’année écoulée, au grand dam du ministre de tutelle, Abdelouafi Laftit, qui avait fermement ordonné aux walis des régions et gouverneurs de provinces et préfectures, ainsi qu’aux présidents des Conseils régionaux et collectivités territoriales de serrer la ceinture en limitant leurs dépenses au strictement nécessaire. Sauf que les dépenses ostentatoires des édiles semblent toujours avoir la peau dure.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 02/01/2024 à 21h11