La chaîne France 24 se comporte avec Maâti Monjib comme s’il était un citoyen français résidant sur le sol national et auquel elle doit offrir protection et assistance face à la justice de son pays, le Maroc. Autant dire que le détenteur de la nationalité française jouit du privilège d’être parrainé, comme un sponsor officiel, par la chaîne France 24. Celle-là même qui pousse l’effronterie jusqu’à douter, avec force conviction, de la légitimité des poursuites judiciaires dont fait l’objet ce citoyen marocain dans son pays. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 21 octobre, que Monjib détient désormais un siège permanent dans cette chaîne. C’est à croire qu’il est le seul invité qui maîtrise à la fois la politique, l’économie, l’agriculture, le journalisme d’investigation, les secrets de l’histoire, les variations de la bourse, etc.
Sauf qu’au-delà de ce tintamarre qui se fait autour de lui et depuis la publication de son livre sur la lutte pour le pouvoir au Maroc, Maâti Monjib est incapable de formuler une seule phrase politique sensée. C’est vrai qu’il pond des centaines de phrases linguistiquement châtiées, mais elles sont en réalité sans fondement politique, ni académique. Le discours décousu de ce journaliste, droitdelhommiste, chercheur et historien est pourtant encensé par la chaîne française. Notre Maâti national a le droit d’écrire ce qu’il veut, de dire ce qu’il veut et de faire ce qu’il veut, même si ses agissements tombent sous le coup de la loi pénale. Comble d’ironie, ce gauchiste qui lutte pour la justice sociale est en passe d’entrer dans le cercle restreint des grands promoteurs immobiliers du Maroc.
Dans son éditorial, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que Maâti Monjib, qui se barricade derrière la nationalité française, les organisations mondiales, les biens immobiliers et ladite chaîne française, a trouvé un autre bouclier pour se protéger contre la vérité. Aujourd’hui il se dit persécuté par ce qu’il appelle les «médias diffamatoires» et il faut reconnaître à l’homme une vive intelligence pour avoir répandu si facilement cette thèse qui a été adoptée, ipso facto, par France 24. Laquelle thèse a été reprise comme un refrain par les poussins et les kamikazes fabriqués par la bourse du trafic international des droits de l’Homme. Aucun média n’a taxé Monjib de criminel et personne n’a devancé la justice pour le condamner, car il demeure présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie.
Ceci étant, il doit justifier les sources de tous ses biens car tout le monde sait que son modeste salaire de professeur n’aurait pu lui permettre de cumuler autant d’argent et de biens immobiliers. Il est vrai que la grève de la faim est un droit personnel et une forme de militantisme, mais elle ne répond pas aux questionnements de l’opinion publique sur les origines de sa fortune. La chaîne France 24 sait très bien comment l’ex-ministre délégué au budget français, Jérôme Cahuzac, avait nié toute évasion fiscale, «les yeux dans les yeux», face au président Hollande, à l’assemblée générale et à l’ensemble de la presse, avant de reconnaître l’évidence et d’écoper de deux ans de prison ferme. Autant dire qu’il est facile de nier farouchement l’évidence, quand on est coupable, en jouant contre la montre et avec la faim, comme le fait Maati Monjib.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia ne dispose que de la thèse officielle qui le soupçonne de blanchiment d’argent, car la défense de Monjib se limite à dire qu’il est persécuté par l’Etat à cause de ses écrits et de ses positions politiques. Que le journaliste qui défend le droit à l’information fasse une déclaration sur l’origine de ses biens à l’opinion publique et le quotidien Al Ahdath Al Maghribia sera le premier à le défendre, s’il ose prouver qu’il est vraiment innocent. Ceci étant, Maâti Monjib et les voix de ses maîtres devraient cesser de se prendre pour les tuteurs des esprits et des idées des Marocains. Quant aux dirigeants de France 24, ils ont tort de continuer à se comporter avec le Maroc comme s'il était l’arrière-cour de la France.