En plus d’une Libye instable et d’une Tunisie liberticide, le pays maghrébin qui suscite le plus d’inquiétudes et d’interrogations en Europe n’est autre que l’Algérie du président Abdelmadjid Tebboune. Et pour cause. Les crises successives, les tensions cultivées au métronome entre Alger et certains pays européens ont fini par installer la profonde conviction que l’Algérie est dirigée par une équipe militaro-politique qui manque cruellement de sérieux et de crédibilité, voire qui pourrait constituer à terme un danger pour la stabilité régionale.
La preuve visible et récente. Une crise ouverte avec l’Espagne depuis que Madrid a reconnu la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Rappel de son ambassadeur. Gel de la coopération économique. Remise en cause d’une coopération régionale énergétique. La tension avec l’Espagne avait atteint un tel niveau que Madrid avait sollicité des gestes de solidarité de la part de l’Union européenne. Si Bruxelles n’avait pas pris des mesures de sanctions contre Alger sur cette crise avec l’Espagne, l’Union européenne n’en a pas moins montré une disponibilité à soutenir Madrid dans son bras de fer avec Alger. Certains avaient même menacé de geler les négociations sur l’accord d’association en cours entre Alger et Bruxelles.
Cette réaction sanguine algérienne fut suivie par un retour à la normale opéré par le régime algérien sans que l’Espagne fasse marche arrière sur le Maroc. La propagande algérienne a tenté de faire croire le contraire, mais sans succès. Après avoir déployé une logique de chantage envers les Espagnols, le régime d’Alger a fini par se soumettre aux nouvelles réalités, laissant croire à tort à son opinion que des vents favorables soufflent dans sa direction .
Sitôt la crise avec l’Espagne calmée, une autre avec la France a pris feu. Au cœur de ce chaudron, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. S’en est suivie une série d’actes qui a alimenté ce bras de fer, arrestation de Boualem Sansal, refus d’accueillir des OQTF, manipulation d’influenceurs algériens qui sèment la haine et le chaos en France, expulsions de diplomates, tentatives d’organisation d’enlèvements d’opposants algériens en France... La crise entre Paris et Alger a pris des proportions tellement graves que la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays n’est plus un scénario catastrophe à exclure. Bien au contraire une possibilité dans le déroulement logique de cette crise.
Contrairement à la France ou à l’Espagne, le régime algérien semble entretenir des relations normales avec l’Italie de Giorgia Meloni. Outre la contradiction flagrante de partir en guerre contre l’extrême droite française et de tresser en même temps des lauriers à celle-ci en Italie, au pouvoir à Rome, le régime algérien n’est pas à une incohérence politique près. Et pour expliquer ce qui s’apparente à une lune de miel entre Giorgia Meloni et le régime algérien, sans doute faut-il rappeler l’opportunisme politique des Italiens qui profitent de cette atmosphère de crise entre Alger et les Européens de la rive sud de la méditerranée pour se placer sur le plan économique et bénéficier de tarifs préférentiels sur le gaz algérien que dictent la solitude et l’isolement du régime algérien et la multiplication des tensions qu’il provoque avec son environnement.
L’Union européenne perçoit le régime algérien comme un facteur d’instabilité qui, par son agressivité et ses tendances pyromanes, alimente le chaos et la confrontation militaire.
Aujourd’hui, de nouveaux rapports de forces se sont installés, qui ont fait que ce régime algérien a perdu l’empathie des Russes, comme le prouvent l’absence des officiels algériens aux festivités du 80ème anniversaire de la victoire sur les Nazis, et les ruptures avec l’ensemble des pays du Sahel.
Aujourd’hui, le régime algérien est ouvertement accusé de complicités avec les organisations terroristes et les milices armées qui menacent la stabilité de la région du Sahel et d’Afrique du Nord. Ces organisations menacent aussi la sécurité et les intérêts de l’espace européen. D’ailleurs, l’une des grandes angoisses européennes sur l’Algérie part du constat de la fragilité structurelle de ce régime qui peut chuter à n’importe quel moment et provoquer sans doute l’un des plus grands exodes de réfugiés vers l’Europe de ces dernières décennies.
D’ailleurs dans leurs prévisions sécuritaires, les pays européens, notamment ceux qui ont la Méditerranée en partage, perçoivent déjà l’Algérie comme le ventre mou du Maghreb. Aux côtés d’une Libye déjà instable, le régime algérien fait figure de trou noir en matière de sécurité et de stabilité. Dans les pires scénarios européens, l’Algérie de Abdelmadjid Tebboune est perçue comme un pays au bord de la déflagration sociale et politique avec une angoissante capacité à produire de l’insécurité régionale, suivie d’immenses vagues de réfugiés qui n’auront pour horizon que la rive nord de la Méditerranée.





