Contrairement aux résultats définitifs à l’échelle nationale en France, où le Rassemblement national, parti d’extrême droite, a dominé le premier tour des législatives anticipées avec 33,2% des voix, c’est le candidat de la coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP) qui caracole en tête du scrutin dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger, couvrant 16 pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, dont le Maroc.
Karim Ben Cheikh, député sortant de la même circonscription, a ainsi empoché 51,57% des voix exprimées, loin devant Samira Djaouadi, candidate du camp macroniste rassemblé sous l’étendard Ensemble pour la république, avec 15,70% des voix.
Mais même avec la majorité absolue des voix exprimées, Karim Ben Cheikh sera obligé de confirmer sa victoire lors du second tour prévu le dimanche 7 juillet. Car pour être élu dès le premier tour, il faut non seulement avoir plus de 50% des suffrages, mais aussi avoir un nombre de voix supérieur ou égal à 25% des citoyens inscrits sur les listes électorales. Or, le candidat du NFP n’a obtenu que 18.505 voix, soit seulement 14% du nombre total des inscrits (130.387 personnes), dans cette circonscription ou le taux participation s’est limité à 28%.
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«C’est une élection assez surprenante, qui n’est pas à l’image de ce qui se passe en France métropolitaine. C’est une circonscription qui est ancrée à gauche depuis longtemps. Le candidat du NFP arrive en tête avec 51,57% des voix, soit à peu près le même score réalisé lors des deux précédents scrutins législatifs. Cela fait quand même cinq tours de vote en faveur du député sortant, qui est aujourd’hui presque certain de remporter l’élection», commente Abdelghani Youmni, conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger pour la circonscription d’Afrique du Nord (élu à Casablanca).
Ce dernier fait état d’un vote très marqué contre la candidate du Rassemblement national, Élodie Charron, qui est toutefois arrivée en troisième position, avec 10,64%. «C’est un score surprenant. Le RN est même arrivé deuxième à Casablanca. Cela est dû au fait que les Républicains ont présenté deux candidats, ce qui a engendré une déperdition des voix. C’est quand même un score inquiétant qui n’exprime pas seulement un front anti-immigration, mais également beaucoup de préoccupations économiques et sociales en France», souligne Abdelghani Youmni.
«Dans la 9ème circonscription, il y a beaucoup de personnes âgées (retraités) qui ont été maltraitées par une succession de réformes du parti de Emmanuel Macron», ajoute-t-il, qualifiant de «petit score» le résultat obtenu par la candidate de Renaissance, qui «correspond au rejet de la politique d’Emmanuel Macron et de sa majorité présidentielle».
«Cela correspond également au fait que cette candidate n’a pas d’ancrage dans la région. Parce que pour être élu dans la 9ème circonscription, un ancrage local est indispensable, et cela passe par des associations, surtout l’association des Français du monde (ADFE), mais aussi par un ancrage d’hommes et de femmes issues des partis de gauche, qui sont les pépinières de tous les candidats qui y sont élus. C’est le cas de Karim Ben Cheikh, qui a des antennes dans tous les pays de la circonscription, lui permettant d’obtenir suffisamment de voix de et remporter l’élection», conclut notre interlocuteur.