Le régime algérien minimise la division des pays arabes, alors qu’il alimente une tension permanente avec le Maroc

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. . Le360 (photomontage)

Pour le président Tebboune, qui fait de la tenue du sommet de la Ligue arabe à Alger une affaire de vie ou de mort, «la division du monde arabe n’est pas une fatalité». Une démonstration de la schizophrénie d’un régime qui fait tout pour maintenir la division des pays arabes, en alimentant une tension permanente avec son voisin à l’ouest.

Le 08/03/2022 à 12h01

A la veille de la réunion du Conseil ministériel de la Ligue arabe, prévue le mercredi 9 mars au Caire, l’Algérie fait un nouveau forcing diplomatique pour sauver la tenue du sommet arabe à Alger. Ainsi, les ministres algériens de l’Intérieur et de la Justice sont dans la capitale saoudienne depuis dimanche dernier, alors que leur collègue, Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie, se trouvait dimanche dernier à Amman (Jordanie) et hier, lundi 7 mars 2022 à Beyrouth.

Le chef de la diplomatie algérienne a ainsi divulgué à la presse le contenu d’un message écrit du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qu’il a remis au président libanais, Michel Aoun, dont le pays présidera demain, mercredi 9 mars au Caire, la 157e session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau ministériel, qui fixera, entre autres missions, la date et le lieu du prochain sommet arabe.

Dans son message, le président algérien écrit que «les circonstances délicates que traverse notre nation arabe et les défis politiques, sécuritaires, économiques et sanitaires auxquels elle est confrontée imposent de renforcer la pratique de la concertation et de la coordination… Je suis sûr que vous partagerez mon opinion que cette situation, aussi difficile soit-elle, n'est pas une fatalité. Notre nation arabe a toutes les capacités lui permettant de surmonter l'étape de division qu'elle traverse actuellement».

Cette déclaration a de quoi laisser perplexes ses interlocuteurs arabes, qui savent pertinemment que c’est bien le régime algérien, véritable pyromane dans la région maghrébine, qui alimente une vive tension avec le Maroc, allant jusqu’à brandir une menace de conflit armé avec son voisin de l’ouest, après avoir unilatéralement procédé à une rupture des relations diplomatiques, à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe pour priver le Maroc de gaz algérien, de même qu'à la fermeture de l’espace aérien. Sans parler des frontières terrestres, quant à elles fermées depuis 1994...

Ce double langage d’une diplomatie qui promet, d’un côté, de cimenter les rangs arabes et, de l’autre, se livre à des actes répétitifs d’hostilité à l’égard du Maroc ne passe évidemment pas auprès de l’écrasante majorité des pays arabes.

Cette situation est d’ailleurs à l'origine de l’échec de la tenue du sommet arabe dans les délais fixés, une première fois, par Abdelmadjid Tebboune à mars 2022, puis de l’incertitude qui plane toujours sur la fixation d’une nouvelle date. C’est pourquoi le régime algérien est pris ces derniers temps d’une bougeotte frénétique, en vue d’éviter que ce sommet ne soit tout bonnement renvoyé aux calendes grecques ou se tienne dans une capitale autre qu’Alger.

Très probablement, les Etats membres de la Ligue arabe feront la charité au régime algérien d’une date au mois de novembre, pour la tenue d’un sommet à Alger, ce qui fera dire aux médias algériens que le président Tebboune a fixé la date de la tenue du sommet. Et cela, après avoir été lamentablement désavoué sur l’échéance qu’il avait pourtant proclamée en public pour un sommet au cours de ce mois de mars.

Cela étant, si le régime algérien va réussir, enfin, la prouesse d’arracher une date pour un hypothétique sommet, beaucoup d'évènements peuvent se produire d’ici au mois de novembre. Et la junte algérienne a tout intérêt à montrer patte blanche et à éviter le moindre écart de langage ou protocolaire si elle ne veut pas voir ce dossier, élevé au rang d’objectif cardinal, tourner à l’humiliation.

La frénésie dont fait preuve le régime algérien dans la gestion de ce dossier a déjà conduit au fiasco de la visite de Abdelmadjid Tebboune au Caire en janvier dernier, suivi de l’annulation de sa rencontre avec le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi quelques jours plus tard au Koweït, sans parler du tacle diplomatique du secrétaire général de la Ligue arabe, qui a précisé que la date du sommet arabe était fixée d’un commun accord par les pays membres, et non par l’Algérie seule.

Cette frénésie fait presque oublier au régime algérien qu’il dévoile au grand jour un comportement schizophrénique en annonçant d’un côté vouloir mettre fin aux divisions parmi les Etats membres de la Ligue arabe, et en alimentant, de l'autre, une escalade belliqueuse et injustifiée à l’égard du Royaume du Maroc. Le secrétariat de la Ligue arabe a officiellement demandé d’adopter la carte officielle avec l’intégralité du territoire marocain, comprenant le Sahara atlantique, dans toutes les rencontres de la Ligue arabe. Dans le cas où ce sommet venait à se tenir, on verra bien comment Tebboune et les gérontocrates du régime vont bien procéder, en étant contraints de composer, la mort dans l’âme, avec la carte du Maroc, comprenant son Sahara, et qui sera de toutes façons arborée à Alger.

Par Mohammed Ould Boah
Le 08/03/2022 à 12h01