L’écrivain français d’origine algérienne, Boualem Sansal, a transmis depuis sa geôle, à la prison d’El Harrach, une missive à ses gardiens, qualifiant le régime algérien de «Non-État, c’est un couperet». Une dénonciation qu’il oppose à la force de ses principes et une farouche volonté de s’accrocher à la vie et à l’espoir, rapporte Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 26 août.
L’intellectuel, emprisonné, y développe que ce régime ne se résume pas à une simple «machine de découpe» dans sa gestion politique interne; il administre un pays dont une partie du territoire fut prélevée sur le Royaume. Une vérité historique initialement énoncée par le président Charles de Gaulle, et corroborée par des chercheurs français, puisant leurs sources dans les archives de la colonisation française de l’Algérie.
À cette époque, feu Sa Majesté le Roi Mohammed V avait choisi de ne pas réclamer la rétrocession de ces territoires, affirmant sa volonté d’en discuter avec les dirigeants d’une Algérie indépendante. Cependant, à peine libéré du joug colonial, cet «État broyeur» s’est empressé de rompre les liens de fraternité avec le Royaume, déclenchant la guerre des sables en 1963 avant de tenter, durant un demi-siècle, de déposséder le Royaume de ses Provinces du Sud.
Cette animus persistant a conduit les dirigeants algériens à perpétuer leur hostilité en cultivant une «tumeur séparatiste» visant à couper le prolongement géographique naturel du Royaume avec le reste de l’Afrique. Rongés par une «marocophobie» maladive, ils en sont venus à considérer le Royaume comme un concurrent féroce, un ennemi de premier ordre. Un État qui se réfugie derrière des slogans de résistance contre une agression présumée, désignant ouvertement ou par insinuation le Royaume.
L’Algérie s’est ainsi enfoncée dans les abîmes du «Non-État», où prévaut un autoritarisme militaire. Cette dérive a évincé nombre de compétences politiques au profit d’une nature martiale du régime, concentrant le contrôle de la vie politique entre les mains de l’état-major, incarné successivement par feu le général Ahmed Gaid Salah puis par le général Saïd Chengriha, figure officieuse de l’État militaire tapie dans l’ombre des couloirs du pouvoir.
Cette structure a fini par annihiler l’autorité de la présidence, du gouvernement et des institutions élues, instituant un régime où seuls comptent les instruments de la force militaire et sécuritaire. L’antagonisme envers le Royaume sert directement cette domination castriste.
Il offre aux généraux un prétexte à leur mainmise sur la gouvernance du pays, garantissant la pérennité de leur pouvoir au détriment de l’intérêt général et au prix d’un profond divorce d’avec leur peuple. Cette obsession a érigé l’hostilité envers le Royaume en boussole exclusive de la diplomatie algérienne, mesurant toute relation à l’aune de son impact sur ce qu’elle perçoit comme sa sécurité nationale, particulièrement concernant le dossier du Sahara.
Le ministère algérien des Affaires étrangères s’est mué en machine à produire des communiqués de regret et de déception face à la multiplication des soutiens internationaux à l’initiative marocaine d’autonomie. Addict aux rappels d’ambassadeurs sans contrepartie, il enchaîne les provocations et crises aiguës, que ce soit avec les pays du Sahel, la France, ou par des tensions larvées avec plusieurs nations de pays arabes, africains et européens.
La direction algérienne s’emporte et considère comme une «atteinte à sa dignité» tout soutien à la souveraineté marocaine sur son Sahara, à l’exception notable –et contrainte– de l’administration américaine.
La reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis l’a sidérée, d’autant que ses tentatives répétées de séduction par de larges concessions n’ont rencontré qu’une position américaine inflexible, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Face à ces échecs cumulés, le régime militaire algérien accentue la cadence de la propagande de ses services de renseignement. En effet miroir pourvu de biseaux, le Royaume est demeuré serein, indifférent à ces attaques stériles, poursuivant sa dynamique diplomatique avec ferveur et persévérance, tout en développant ses projets internes avec une confiance et une vigilance constantes, alliant assiduité et évaluation continue.








