Le député Aberkane, alias «L’empereur de Nador», déféré devant la justice

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Revue de presseIl est poursuivi pour corruption et mauvaise gestion, en son titre d’ancien président de la commune et, plus tard, en tant que premier adjoint de son successeur, qui n’est autre que son fils. Une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar

Le 20/09/2023 à 22h11

Sur la longue liste des parlementaires rattrapés par la justice, voici qu’arrive le tour de celui qui se fait appeler «L’empereur de Nador». Mohamed Aberkane, le parlementaire ittihadi de Nador, est poursuivi, entre autres, pour corruption, falsification de documents officiels, lotissement non autorisé et construction anarchique, rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du jeudi 21 septembre.

L’homme fort de Nador a comparu, mardi dernier, devant la Chambre chargée des crimes financiers près la Cour d’appel de Fès, précise le quotidien. Il est poursuivi au même titre que son fils, qui présidait la commune d’Iâzanen au moment des faits, et que sept autres personnes.

Le procès du parlementaire a été ouvert après l’aboutissement de l’enquête menée par la BNPJ sur ordre du Paquet et sur la base d’un rapport publié par le Cour des comptes. Rapport qui traite de la gestion de la commune d’Iâzanen et qui porte, entre autres, sur la période 2010-2016. Pendant cette période, et d’après les conclusions de l’enquête, le président de la commune a délivré pas moins de 227 autorisations de construction non conformes. Les dossiers de demande de ces autorisations s’appuient sur des documents produits par un bureau d’étude qui n’a pas compétence de délivrer ce genre de documents, si l’on se réfère à la loi relative à l’exercice de la profession d’architecte. Pourtant, souligne le quotidien, le bureau d’étude en question assure, avec la complicité et la contribution des membres de la commission de l’urbanisme qui relève de la commune, des prestations qui relèvent strictement des compétences des architectes. C’est la même commission qui délivre les autorisations de construction validées par le président de la commune ou l’un de ses adjoints.

Plus encore, poursuit le quotidien, la commune a délivré, toujours dans ces conditions, des autorisations de construire entre 2015 et 2017 sans avoir exigé les taxes prévues par la loi. Ce qui représente un manque à gagner substantiel pour la trésorerie de la commune et entre, par la même occasion, dans la case des crimes financiers. Mais cette fois, c’est le nouveau président, qui n’est autre que le fils Aberkane en personne, qui en assume la responsabilité avec d’autres élus et des fonctionnaires de service de l’urbanisme de la commune. Le père, lui, assure la fonction de premier vice-président et fait l’intermédiaire entre les demandeurs d’autorisations et la commune, comme l’ont d’ailleurs affirmé ceux qui ont obtenu des autorisations gratuitement, dans leurs dépositions devant la police judiciaire. En contrepartie de ce service, les bénéficiaires s’engageaient à soutenir le parlementaire lors de ses campagnes électorales. Pour être précis, les faits reprochés aux deux Aberkane, le père et le fils, remontent à deux périodes: la première concerne le père quand il présidait la commune, jusqu’en 2016, et la deuxième concerne son fils quand il était aux commandes. Depuis les élections de 2021, le père qui a repris les rênes.

D’autres personnes ont assuré devant les enquêteurs avoir pu obtenir leur autorisation de construire, même en ayant produit un dossier incomplet, contre une somme allant de 2.000 à 5.000 dirhams. Et, bien évidemment, les services de la commune ne leur ont délivré aucun reçu contre perception de cette somme.

Plus encore, des personnes ayant aussi été entendues dans cette affaire ont avoué avoir donné des pots-de-vin d’un montant compris entre 400.000 et 1,2 million de dirhams pour se faire délivrer des autorisations pour des lotissements non conformes.

Par Amyne Asmlal
Le 20/09/2023 à 22h11