Figure reconnue de l’opposition algérienne, l’écrivain et journaliste Hichem Aboud jouit d’une crédibilité importante dans le paysage politique maghrébin. Ses interventions médiatiques et ses écrits incisifs ciblant le pouvoir militaire algérien suscitent régulièrement le débat, nourris par une solide connaissance des enjeux politiques et une capacité d’analyse affirmée.
Cet entretien exclusif avec Hichem Aboud s’inscrit dans le contexte des évolutions diplomatiques majeures autour du dossier du Sahara marocain, marquées par un soutien accru de puissances telles que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne ou encore le Portugal.
Pour Aboud, les avancées récentes du Maroc ne sont pas le fruit du hasard. «Les succès enregistrés par le Maroc s’inscrivent dans un processus logique, résultat de 26 années de travail depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI», précise Aboud. Aujourd’hui, le plan marocain d’autonomie du Sahara sous souveraineté du Maroc suscite une adhésion croissance. Le journaliste rappelle à ce titre que l’idée du plan d’autonomie ne date pas de 2007 ou 2008, mais de 1988, lors d’une réunion à Marrakech entre le défunt roi Hassan II et une délégation du Polisario. Selon lui, l’échec de ce processus à l’époque s’explique par le fait que le Polisario n’avait pas la liberté de décision et que la situation politique en Algérie sombrait déjà dans l’instabilité, prélude à la guerre civile. «À ce moment-là, le régime algérien n’a donné ni feu vert ni feu rouge au Polisario. Sur la scène internationale, le projet marocain n’avait pas trouvé d’écho. Mais ce n’était que partie remise».
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Sous le roi Mohammed VI, cette dynamique a changé lorsque le Royaume a renforcé sa politique intérieure, donnant ainsi plus de poids à sa diplomatie. «Une politique étrangère efficace reflète la solidité interne d’un pays. L’Algérie, avec ses fragilités, n’est pas écoutée, même pas par ses voisins».
Aboud insiste sur les progrès socio-économiques et infrastructurels du Maroc. «Aujourd’hui, personne ne peut nier que le Maroc a fait des pas de géant. C’est le seul pays d’Afrique disposant d’un train à grande vitesse et de gares modernes comparables à celles d’Europe. Ses villes sont propres, dotées de tout le nécessaire pour une vie digne», explique-t-il. Il souligne également l’ambition du Royaume, notamment à travers l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal et la construction d’un stade de 110.000 places pour accueillir la finale. «Le Maroc dépasse les attentes et se positionne au niveau des grandes nations. C’est la raison pour laquelle il est écouté et respecté».
La main royale tendue et le mur du silence algérien
Concernant le dernier discours royal prônant l’apaisement avec l’Algérie, Aboud note un changement d’approche. «Le roi a formulé son invitation dans un cadre stratégique international». Il explique que cette stratégie s’appuie sur une pression américaine, citant Donald Trump. «Trump a clairement indiqué que l’Algérie devait entrer en négociation avec le Maroc sur la base du plan d’autonomie. Sinon, le Polisario serait classé comme organisation terroriste mondiale». Pour Aboud, l’attitude d’Alger face à cette main tendue est indigne. «Ignorer une telle invitation est un comportement de personnes sans honneur. Le régime algérien est dirigé par des généraux lâches, qui se cachent derrière des civils et n’assument pas leurs responsabilités», dénonce l’écrivain.
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L’opposant accuse le pouvoir algérien de préparer une confrontation indirecte. «Il attend que les États-Unis frappent, après avoir classé le Polisario comme mouvement terroriste, pour exposer l’Algérie au pire. Ils veulent détruire le pays après l’avoir ruiné par la corruption», alerte Hichem Aboud. Il dénonce également la faiblesse diplomatique d’Alger, illustrée selon lui par des initiatives vaines. «Abdelmadjid Tebboune en est réduit à recevoir le directeur d’une entreprise française pour rouvrir un canal de discussion avec Paris. Les échanges commerciaux avec le Zimbabwe s’élèvent à… 1.500 dollars. C’est pathétique pour un pays qui fut autrefois respecté jusque par ses ennemis». «En 1974, l’Algérie pouvait convoquer une session extraordinaire de l’ONU et obtenir l’unanimité. Aujourd’hui, le président algérien parle devant une salle vide», explique encore l’analyste. Pour lui, le contraste avec la situation actuelle, où l’ambassadrice américaine en Algérie a pratiquement les pleins pouvoirs, illustre la perte d’influence d’Alger.
Une Algérie engluée dans l’immobilisme et la fuite en avant. Pour Aboud, l’avenir du dossier du Sahara se jouera dans la capacité du Royaume à capitaliser sur ses acquis et dans l’isolement croissant d’Alger sur la scène internationale.












